My daddy told me

Chapitre 4

Je venais de reposer mon carnet et Jamie, de l'autre côté de la porte d'entrée continuais de taper dessus et à me supplier de le laisser entrer, parlant de plus en plus fort. En temps normal je l'aurais laissé hurler mais là il était plus de minuit et je ne voulais pas me faire virer de mon appartement parce que mes invités faisaient trop de bruit. Alors à contre cœur je lui avais ouvert la porte.

« Arrêtes de gueuler Jamie, j'ai pas envie de me faire virer de mon appartement pour nuisance sonore. » Il n'avait pas attendu que je termine ma phrase et il était entré en me poussant à l'aide de son bras. Je soupirais longuement puis je retournais m'asseoir sur le canapé sans me préoccuper de lui, je n'avais rien à lui dire et je ne voulais pas le voir. Comme à son habitude et surtout, comme si rien ne s'était passé il se débarrassa de ses baskets et de son manteau puis il vint s'asseoir à côté de moi et attrapa la deuxième manette posée sur la table pour se joindre à moi dans le jeu.

« Je sais pas ce que tu as entendu mais c'est faux. » Encore une fois, je l'ignorais superbement. J'avais été blessé par ses propos rapportés par son copain et je ne comptais pas le lui dire, si il était assez intelligent, il comprendrait sans mon aide. J'avais beau réfléchir je ne comprenais pas pourquoi il disait ça de moi, il était mon meilleur ami depuis des années, et c'est lui qui insistait chaque jour pour venir me voir, je ne le forçais pas.

« T'étais dans le même restaurant que Brandon et tu l'as entendu parler c'est ça ? » Même à l'usure il ne m'aurait pas, je ne lui dirais rien.

« Et comme à chaque fois tu comptes m'ignorer ? » Je faisais toujours ça alors il avait fini par avoir l'habitude. Lorsque je m'embrouillais avec quelqu'un et que j'étais blessé j'arrêtais tout simplement de parler avec la personne à moins qu'elle s'excuse ou m'offre une explication valable. D'un côté même si je savais que ça agaçait la personne en face, ça m'évitait de dire des choses que je ne pensais pas sous le coup de la colère. Et si la personne ne revenait pas c'était qu'elle n'en valait pas la peine.

« Je suis désolée Charlie, c'est Brandon il est comme ça il parle pour rien dire. T'es loin d'être une plaie pour moi, ça fait un mois que je viens te voir chaque jour et t'as toujours été présent pour moi dans les bons comme dans les mauvais moments alors je te rends la pareille c'est normal. Tu me connais je suis quelqu'un de flemmard et pas patient alors crois-moi si je venais juste parce que tu me fais pitié j'aurais arrêté au bout de deux jours, je tiens réellement à toi. Et même j'aime pas quand t'es triste, et puis c'est suite à ce qui est arrivé à ton père que tu es dans cet état c'est normal que ton rétablissement soit long et je serais là pour toi tous les jours pendant les dix prochaines années si tu en as besoin, voir même toute ta vie. »

Je savais qu'il était sincère mais j'avais encore les mots de Brandon en travers de la gorge. Je tenais beaucoup trop à Jamie pour le laisser partir c'est pour ça que la règle du silence que j'appliquais avec le reste du monde ne fonctionnait pas avec lui.

« Je sais Jamie mais c'est pas ce que ton copain disait et je me doute bien qu'il invente pas ça, tu as du lui en parler. » Je ne le regardais pas, mes yeux étaient fixés sur l'écran, mais Jamie lui avait posé sa manette et s'était positionné en travers du canapé, pour se retrouver face à mon profil et il me fixait.

« Brandon est très jaloux. Je suis tout le temps chez toi et il ne comprenait pas alors j'ai dû lui raconter deux trois trucs pour qu'il me laisse tranquille, je suis désolé je voulais pas que tu entendes ça. Ça fait un mois que je le connais c'est rien comparé à toi, tu sais très bien que c'est pas pareil nous deux, tu passes avant tout le monde et même mes copain, même lui. Enfin ce que je veux dire c'est...»

Jamie s'était arrêté dans sa tirade alors qu'il avait l'habitude de tout enchaîner sans jamais s'arrêter. Intrigué, j'avais froncé les sourcils tout en tournant la tête vers lui et j'avais vu son regard posé derrière moi, évitant tout contact visuel.

« Ce que tu veux dire ? » J'essayais de l'encourager mais il restait toujours muet. Il avait changé de position et s'était remis face à la télévision, en continuant d'éviter mon regard.

« Que t'es mon meilleur pote et que je tiens énormément à toi, alors tu ne te préoccupes pas de Brandon, ce qui compte c'est ce que je te dis. » En entendant ça j'étais soulagé, peut-être qu'il était sincère et qu'il ne me lâcherait pas. Seul le temps pouvait le dire mais pour l'instant je décidais de le croire.

« Merci. » Il s'était retourné et m'avait souri, puis tout était redevenu normal et nous avions continué notre partie.

Jamie s'était endormi depuis un long moment mais je ne trouvais pas le sommeil alors j'avais décidé de continuer ma lecture.

« L'un des plus beaux souvenirs que j'ai de ta mère c'est le jour où j'ai compris qu'elle avait des sentiments pour moi, j'étais le plus heureux du monde. Je m'en souviens très bien, on était chez elle et on regardait un film d'amour mais à vrai dire je ne me souviens pas lequel, j'avais plus regardé ta mère que le film. Je me souviens seulement que le personnage principal qui réussit à séduire sa belle en seulement une heure et demi lui avait demandé ce qu'elle ressentait pour lui, et la fille avait commencé à lui faire un beau discours remplit d'amour. Alors j'avais posé exactement la même question à Lauren, évidemment au début elle m'avait dit me taire pour qu'elle puisse écouter le film puis elle m'avait répondu.

Je n'ai pas eu le droit à la même tirade que le mec dans le film, mais c'était tout aussi beau, elle m'a dit qu'elle tenait à moi et que j'étais plus important pour elle que l'étaient les autres et j'ai trouvé ça très beau. Cela signifiait qu'elle ne voulait plus se séparer de moi et c'est quand elle s'est mise à fuir mon regard après m'avoir dit ça que j'ai compris qu'elle était amoureuse de moi mais qu'elle n'était pas encore prête à me l'avouer. »