"Le plus grand conquérant est celui qui sait vaincre sans bataille." Lao-tseu

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Kléa laissa s'écouler plusieurs jours. Elle avait fait son choix mais ce n'était pas une raison pour aller courir rejoindre Avan dans la minute qui suit. Elle l'avait déjà assez supporté. Toute une soirée, toute une nuit et toute une matinée. C'est sûr, elle ne pourrait jamais battre ce record. Elle avait en tout cas choisit de continuer à vivre sa vie sans lui durant quelques jours. Cela faisait maintenant 23 années qu'elle vivait sans lui, ce n'était pas une petite semaine qui allait la tuer. Et puis, ce n'était pas parce qu'elle avait choisit de passer un peu plus de temps avec lui pour se divertir, qu'elle devait passer absolument TOUT son temps avec lui. Beurk, l'idée lui paraissait atroce. Elle n'imaginait pas, ou plus, passer l'intégralité de son temps avec la même personne, avec une personne tout court. Elle l'avait déjà fait jadis, et malheureusement, ça ne lui avait pas apporté de bonnes choses.

Elle se pointa chez Avan un matin, sans y avoir réfléchit au préalable. Étant une jeune femme impulsive, elle ne réfléchissait pas pendant des heures, elle agissait, c'est tout. Surtout lorsqu'elle s'ennuyait et ce matin-là, elle s'ennuyait horriblement. Donc là voilà qui, comme à son habitude se pointait chez Avan, et comme à son habitude s'infiltrait sans autorisation dans sa maison qui commençait sérieusement à lui sortir par les yeux à force de la voir. Elle prit tout de même la peine, cette fois-ci, de rentrer directement par la porte d'entrée qui n'était pas fermée. Elle fit rapidement le tour du rez-de-chaussée et ne voyant personne, monta à l'étage. Au moment où elle passait devant la salle de bain, la porte de cette dernière s'ouvrit sur un Avan nu. Comme par hasard. Kléa avait choisit son moment. Elle l'examina de haut en bas, un petit sourire étirant ses lèvres roses, pas le moins du monde gênée par la situation. Elle avouait volontiers que cet homme était assez bien foutu. Dommage qu'elle soit aussi insensible.

- Plutôt pas mal, je te mettrais un 8,5 je dirais... souffla Kléa en réprimant le rire qui menaçait de s'échapper de ses lèvres.

Avan n'avait pas l'air plus gêné qu'elle. Il semblait habitué à la nudité, si l'on peut dire ça, puisqu'il agissait tout à fait normalement. Il ne cherchait pas à se cacher, il n'essayait pas non plus de se mettre en valeur. Il affichait juste cet air surpris, du à la présence importune de Kléa. Il secoua la tête, passant de la surprise au désespoir.

- Seulement 8,5 ? Une fois encore, tu me brises le cœur...

- Je ne savais pas que tu en avais un, répliqua-t-elle du tac au tac. Bon tu vas t'habiller ou tu comptes rester comme ça toute la journée ?

- Pourquoi ça te fais de l'effet ? l'interrogea-t-il en se rapprochant d'elle.

- Je craint de devoir te briser le cœur une troisième fois si je te dis la vérité. Crois-moi, tu ne veux pas savoir.

Certes, Avan était un bel homme, mais Kléa restait hermétique à son charme, si tant est qu'il ait du charme. La proximité entre eux ne lui faisait strictement rien ressentir et elle aurait pu rester ainsi toute la journée, ça n'aurait rien changé. Elle aurait peut-être eu très mal au ventre à la fin de la journée, à force de rire de la situation, mais rien de plus.

- Tu es une vraie peste, Kléa, avoua Avan en prenant le chemin de sa chambre.

La concernée haussa les épaules. Il n'avait pas tort. Mais qu'est-ce que ça pouvait être drôle ! Elle pourrait faire bien pire, mais un peu de maîtrise dans la vie ne fait jamais de mal. Elle suivit Avan, s'asseyant sur le lit tandis qu'il s'habillait. Elle resta silencieuse, les yeux posés sur lui. Il finit par se tourner vers elle et brisa le mutisme qui régnait.

- Dois-je conclure que ta présence ici est synonyme de décision positive à mon égard ?

- Tu es très perspicace, répondit Kléa.

Avan croisa les bras sur sa poitrine et la fixa, attendant visiblement un peu plus que quatre mots de sa part. Elle leva les yeux au ciel ( il allait falloir qu'elle arrête avec cette manie, un jour, ses yeux finiraient par rester coincés vers le haut ) et céda à la requête muette d'Avan.

- Je m'ennuyais et tu m'as clairement fais comprendre que tu pouvais me divertir donc me voilà...

- Oui, j'ai dit ça... En même temps, je doute fort qu'on ait la même définition du mot divertissement, déclara l'homme en souriant.

- Ben je n'en suis pas si sûre. Après tout, notre passe-temps favori est d'entrer dans un bâtiment par la fenêtre donc à partir de là je pense qu'on peut considérer avoir la même définition de ce mot.

- D'accord, tu as gagné, mais c'était une victoire facile, je n'avais pas envie de me battre contre toi, admit-il en venant la rejoindre sur le lit. Bon et bien qu'est-ce qu'on pourrait faire ? Un lit, un homme, une femme... Mmh, je ne vois pas très bien quelle genre d'activité nous pourrions pratiquer...

Kléa lui donna une bourrade dans l'épaule, ayant parfaitement compris le sous-entendu.

- Tu es insupportable. Et puis tu t'es déjà rhabillé, c'est dommage.

- Je peux très bien y remédier, susurra l'homme dans le creux de son oreille.

Pourquoi avait-elle voulu venir déjà ? Non parce qu'il commençait à être pénible là. Un autre jour peut-être, elle aurait pu jouer à ce petit jeu là avec lui. Kléa était joueuse et pas du tout coincée, alors ça ne la dérangeait pas. Au contraire, ça pouvait être marrant. D'autant plus que les choses étaient claires comme de l'eau de roche : il n'y aurait jamais de sentiments entre eux. Alors pourquoi pas après tout ? Ça pouvait se faire... Mais pas maintenant. Elle s'ennuyait, et écouter Avan parler n'allait malheureusement pas changer les choses.

- Qu'est-ce que tu as d'autres à me proposer ? Demanda-t-elle en le regardant.

- Pour la journée rien de fabuleux. Tu fais de moi ce que tu veux tant qu'il fait jour, mais dès que la nuit tombe, je dispose de toi comme je l'entends. On a un accord?

Kléa fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était que cette arnaque ? Elle savait qu'elle pouvait se montrer un peu inconsciente parfois mais elle n'était pas idiote. Elle n'avait aucune confiance en Avan. Elle ne le connaissait pas beaucoup, mais le peu qu'elle savait de lui l'incitait à ne surtout pas accepter cet accord tordu. Elle n'allait pas se vendre à Avan, il était malade de penser ça. En plus, vu les précédents sous-entendus qu'il avait fait, Kléa craignait de la manière dont il comptait ''disposer d'elle''. Et puis après tout, elle ronchonnait simplement pour dire de ronchonner. En réalité, peu lui importait. N'importe quoi qu'il ait prévu, elle était certaine que ce serait génial et qu'il ne s'agirait pas de quelque chose de malsain. Elle savait qu'il était un peu psychopathe sur les bords et que parfois, il avait des comportements étranges mais il ne l'entraînerait pas dans ses activités sordides. S'il avait voulu la mêler à ses activités, il l'aurait fait bien avant. Elle en conclut qu'elle pouvait accorder un minimum de confiance à cet homme, du moins pour ce qui était de la divertir. Et il ne fallait pas négliger le fait que Kléa était gagnante à cet accord également, vu qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait d'Avan. Elle esquissa un sourire amusé, ce qui fit ressortir de mignonnes petits fossettes. En fait... C'était plutôt à lui d'avoir peur de ce qu'elle pourrait lui faire faire.

- On a un accord, répondit-elle.

Vol de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant