Pas de chance.Il ne restait qu'une place en étude, et c'était à côté de Suzanna.Elle mâchait son chewing-gum de la façon la plus discrète possible pour ne pas se faire repérer par Miss Cravache,la surveillante la plus dure du collège.
Je m'installai en soupirant.Suzanna me jeta un coup d'oeil éteint.Ses poches sous les yeux indiquaient qu'elle avait dû se coucher très tard.Je sortis un exercice de maths.Miss Cravache arbordait son inévitable queue-de-cheval et des bottes d'équitation.Elle lisait un gros bouquin en nous regardant parfois par-dessus ses lunettes cerclées de fer.Les élèves roupillaient encore.Suzanna me donna un coup de coude.
-Dis dpnc,Virginie!Ça n'a pas l'air d'aller?
Qu'est-ce que cette andouille me voulait?
Je grommelai en fixant ma feuille.Suzanna insista:
-T'as des problèmes ? C'est à cause de l'interro de maths?
-Non
-T'en fais pas. La moitié de la classe va avoir une mauvaise note. Cette nulle a voulu nous faire plonger en nous posant des questions pas possibles. Il fallait être hyper calé pour répondre. C'est pas une raison de deprimer.
-Je ne déprime pas.
-Ah bon?A voir ta tête, j'aurais plutôt dit le contraire.
Je la regardais entre mes mèches. Elle souriait.Je la sentais venir avec sa fausse gentillesse.Elle savait que j'avais été amoureuse de Tristan et que ça me faisais mal de voir qu'elle lui avait mis le grappin dessus. Et maintenant, elle me faisait des politesses ?Pour qui me prenait elle? Pour une demeurée ? Suzanna est du genre fox-terrier. Quand elle mord dans quelque chose, elle ne lâche plus. Et là, elle me tenait. J'étais bloquée pour une heure à côté d'elle. Je ne pouvais pas chamger de place et elle voulait en profiter. Il fallait donc trouver un moyen pour la faire taire.
Je me creusai la tête pour trouver une manoeuvre qui lui clouerait le bec et, comme j'ai l'esprit tordu, ce ne fut pas long.
-Je suis fatiguée en ce moment, dis-je d'abord.Ça ne doit pas aller dans ma tête.
-Tu devrais aller à l'infirmerie, alors.
Quelle logique! Je relevai les yeux et lui fis un timide sourire.
Ça m'embête de te balancer mes histoires, commençai-je.
-Mais non, mais non... s'excita Suzanna en se penchant vers moi. Tu peux tout me dire Virginie. Absolument tout! Je suis une tombe. Je ne raconte jamais rien. Ce que l'on me confie, c'est comme un secret professionnel. Si je te disais tout ce qu'on m'a dit, tu ne reviendrai sûrement pas. Mais je ne vais pas.ta le dire,bien sûr. Je suis une tombe.
-C'est assez personnel.
-N'aie pas peur. Ça fait toujours un bien immense quand on confie ses soucis. D'ailleurs,plus tard, j'aimerais exercer un métier en rapport avec la spy...heu,la psychologie. Soigner les gens par la confession et tout ça.
-Tu peux devenir prêtre.
-Arrête !Les prêtres sont des homes et moi...et moi,une fille!
-J'avais pas remarqué.
Suzanna me coula un regard par en dessous sans oser rigoler. Mes doigts jouaient avec un stylo. Un court silence s'établit entre nous. Suzanna reprit l'offensive :
-Alors?
-Alors quoi?
-Dis moi tout.
-C'est à propos de Tristan.
Comme je l'avais prévu,Suzanna se raidit immédiatement.
-Quoi...?Quoi,Tristan ?
-Je ne sais pas comment le détourner de moi. Il me harcèle.
-C'est dingue,je n'ai rien remarqué,souffla-t-elle en devenant toute blanche.
-Il veut sortir avec moi.
-Mais...Mais...Il m'a dit que...Nous avons dancé ensemble à la boum de Coralie(sa meilleure amie)et je...
-Il fait semblant avec toi,il court après toutes les filles. Tu n'as pas remarquer?Tu es vraiment aveugle, ma pauvre Suzanna. Tristan m'a écrit des lettres incroyables, hyper dingues. J'ai été gentille avec lui,au début, mais maintenant j'en ai ma claque.
Je ne peux plus le voir en peinture.
Bouche ouverte, Suzanna me contempla avec horreur. J'entendais presque cliqueter les rouages de son cerveau plein de vide.
Je poursuivis:
-Dis-lui,toi,de me laisser tranquille!
-Heu...
-Bien sûr Tristan va te raconter des salades en te disant que c'est TOI qui l'intéresse. Mais c'est complètement faux. Il est obsédé par MOI... et je ne sais pas comment m'en débarrasser. Je me concentrait dans la contemplation de ma feuille d'exercices. Suzanna se tassa sur sa chaise.
-Je vais lui en parler,dit-elle d'une voix rauque.
-Merci.
-Vous 2!Là!hurla Miss Cravache. Vous n'avez pas fini de parler?On étudie, ici.
Suzanna ne souriait plus. Et voilà le travail!Je l'avais complètement démoralisée. Même si mon histoire ne tenait que la journée, ça allait barder avec son crétin de Tristan!
L'heure d'étude se poursuivit dans un silence de mort 💀. Enfin, la sonnerie retentit. J'attrapais mon sac et le jetaot sur mon dos. Quand je sortis de la salle, j'entendis des murmures derrière moi. Je redressait la tête d'un air fier. Je me fichais des murmures. J'étais tellement habituée! Je n'en avais rien à faire des autres, je les détestait tous.
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Voilà ça vous a plu??
N'hésitez pas à me dire si il faut changer quelque chose😘😘
