Fall 2

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II

LUKA

New-York

-       Salut beau gosse.

La voix féminine me tire de mon sommeil. Je n'ai aucune idée de qui ça peut être et pas la force d'ouvrir les yeux avec ces rayons de soleil qui transpercent la pièce. Elle peut être n'importe qui. Ashley, avec qui j'entretiens une micro-relation depuis quelques semaines et dont je me fiche royalement. Beth, mon ex copine. Même s'il y a peu de chance. Elle a appris par la une de people magazine que j'avais eu une aventure avec un mannequin pendant que nous étions ensemble. Un mannequin ça me fait bien rire, ils peuvent se montrer particulièrement gentillets les médias par moment car je m'en étais taper au moins une bonne trentaine pendant notre relation. Qui n'en était donc pas vraiment une, finalement.

Je continue à faire semblant de dormir en espérant que la putain de femme inconnue se décide enfin à bouger son gros cul. Je n'ai pas envie de parler. Ni faire quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. La présence d'un marteau piqueur dans ma tête y est pour beaucoup. La soirée d'hier avait été intense - pour le peu que je m'en souvienne. J'avais abusé sur l'alcool. Et sur la drogue. Notre premier concert de la tournée m'y avait poussée. Tout c'était ultra bien passé. Les places s'étaient  arrachées à une vitesse record. Les gens étaient déchaînés et nous aussi.

11h42. Après une heure qui me paru interminable, la porte claque. Il était temps qu'elle parte et que je reprenne mes esprits. Je ne sais même pas où je me trouve. Lorsque j'entrouvre enfin les yeux. Le plafond blanc ne me donne pas plus d'indice. Mais le mur me faisant face, couleur taupe et les deux tables de chevet marron verni aux extrémités du lit m'indiquent rien de bon. Je ne suis pas chez moi. Un frisson me parcours. Faites que je ne sois pas chez cette dinde. Avec l'humeur que je me tape ce matin elle risque d'en prendre pour son grade. Peu importe que ça lui fasse du mal, je m'en fous royalement. Je déteste me réveiller et ne pas savoir avec qui je suis. D'habitude je n'ai pas ce problème la, il n'y a déjà plus personne quand je me réveille car après avoir eu ce que je voulais je les dégage aussi vite que les je les aie amenées.
Tout en essayant de ne pas tomber, je prends le peu de courage qu'il me reste pour me lever. Ma tête me fait toujours horriblement mal.

Une fois debout je suis rassuré parce que je vois. Un lieu familier. Une chambre de l'hôtel Balthazar.C'est ici que je ramène la plupart de mes conquêtes. L'hôtel est classe et se trouve à des dizaines de kilomètres de New-York. Le risque de trouver une foule de paparazzis à l'entrée est faible. Je ne sais même pas comment j'étais arrivé jusque là.Avec ma voiture, probablement. Pour n'importe qu'elle personne cette vision de conduire avec quatre ou cinq grammes d'alcool aurait été horrifiante. Pour moi, ce n'est rien. Je n'ai pas peur du danger.  La seule chose qui me fait  réellement peur s'est de tomber amoureux et cela ne risque pas d'arriver  de si tôt. Même peut-être jamais.                                                                                                      
Non, en fait, c'est certain jamais. A quoi bon s'encombrer avec ce genre de connerie. Ça n'a jamais fait de bien à personne. Bien au contraire.

Mon  téléphone se met à vibrer - au moins je ne l'avais pas perdu. J'en  avais déjà perdu trois ce mois-ci et les quelques heures que je perdais à  en racheter un nouveau étaient insoutenables. Je suis un vrai accro du téléphone. Je m'amuse souvent à envoyer des  messages coquins aux sauterelles de mon répertoire. Je sais que cela les excitent et elles rentrent tout le temps dans mon jeu. Ca me permet d'en  profiter un peu...

        

John Mckenzie - 11h58

Hey mec t'es où ?

Je t'ai pas vu partir hier soir, t'étais bien accompagné en tout cas ;)

John et moi nous nous sommes rencontré dans un bar il y a quelques années. Nous jouions l'un après l'autre dans des bars miteux de New-York. Ni l'un, ni l'autre n'arrivait à vivre de ces quelques représentations alors nous avions décidé de monter un groupe de rock ensemble, The Liner. John est à la guitare, son frère George à la batterie et moi je chante. Ca été très dur au début. Les salles se remplissaient mais il n'y avait rien de transcendant. Et puis un homme nous a remarqué un soir. C'était un soir comme tant d'autres. Il faisait froid, c'était l'hiver à New York et ce petit bonhomme botoxé  s'est auto proclamé manager. Des lors il venait de chambouler tout notre univers. Après cela, en très peu de temps nous sommes devenus de véritables stars planétaires. Nous enchainons les tournées internationales, les interview et bien sur les enregistrements. Une de nos chansons est numéro 1 dans plus de quinze pays- Let your heart suffer I shall come to repair him.

Cette célébrité gigantesque mais  surtout inattendue a fait naître notre amour pour les belles nanas, les  voitures, la fête et tout autres excès...et les journalistes l'ont très  rapidement compris. Depuis ils ne nous lâchent pas et on leur donne  beaucoup de travail. Et pour cause, on est toujours de sortie et on  change de copines comme de chemises. Nous nous sommes même lancé un défi  avec John et George. Celui qui ramènera le plus de nanas en 1mois. Les  mannequins comptent double. Il n'y a rien à gagner. De  l'argent aurait  été inutile, on en a beaucoup. Alors, c'est juste pour  redorer notre ego  déjà bien surdimensionné. Et j'en étais à neuf dont cinq mannequins, ce qui fait...quatorze. En deux semaines. Pas mal.

Mon téléphone se met à sonner de nouveau.  C'est Eric notre fameux manager qui ne nous a pas quitté depuis le début. J'ai bien conscience qu'on lui doit beaucoup- même tout pour être honnête- mais comme un père pourrait l'être, il est chiant a en crever et il ne nous lâche pas d'une semelle. Généralement ce n'est pas très bon signe quand  il nous appelle comme ça à l'imprévu. Je décide donc de me recoucher  quelques minutes. Ça ne pourra que me faire du bien.      

La sonnerie - your song de Elton John - me sort de mon sommeil. Ce réveil est encore plus difficile que le premier. Putain que ma tête me fait mal...16h22. Dix appels manqués de Eric, dix huit de John et trois de George. Là, la situation devient urgente. Mais qu'est ce qu'il peut bien y avoir d'aussi important ? Je décide de rappeler John. J'aurais forcément une moins grosse soufflante par lui si j'ai vraiment foiré quelque part.

_  Yo mec qu'est  ce qu'il se passe ?

_ Putain de bordel de merde Luka, enfin ! On a notre avion dans 1h  pour Paris t'as pas oublié j'espère ça fait vingt minutes qu'on attend en bas de chez toi. T'es où là ?

Et merde. Comment est ce que j'ai pu oublier que j'allais à Paris ce soir ? Je dois vraiment être défoncé.

_Oh enfoire tu m'entends ?!

John a l'air très énervé.

_ Ouais je t'entends, je suis là dans quinze minutes, j'arrive.

Le trajet de l'hôtel à chez moi se fait en trente minutes, normalement...

Sur le chemin je remarque les panneaux publicitaires qui ont envahi les rues. Des photos de John, George et moi sont entrain de m'encercler.

Avant je n'étais nulle part. Et maintenant je suis partout.

Fall in loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant