Fall 6

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VI

LUKA

New-York

_ Bon allé mec, c'est bon arrête de penser à elle, tu ne la reverras jamais et tu ne sais absolument rien d'elle.

La voix de John commence sérieusement à me rendre fou. Mais il n'a pas tord.

Je suis resté deux jours de plus à Paris suite à notre concert. Pour elle. Pour la retrouver. Mais ça n'a rien donné. Rien du tout. Je ne connais même pas son prénom. J'ai pourtant essayé de creuser. Je suis même aller voir le vigile qui s'occupait des entrées pour les loges. Lorsque je lui avais demandé s'il se souvenait d'elle et de son nom il m'avait sourit et m'avait répondu qu'il se souvenait seulement de son joli petit cul. J'étais à deux doigts de frapper ce gros lard plein de soupe mais George m'y avait empêché. Espèce de pervers. Il se repointe devant moi je le tue. Putain je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Pourquoi suis-je aussi possessif envers une personne à qui je n'ai jamais parlé ? Et pourquoi je me sens si vide sans elle ?

Ca ne me ressemble pas. Putain de merde je suis Luka James des the liner! Toutes les plus belles femmes du monde sont à mes pieds et je me fais chier avec une grognasse qui ne doit finalement rien avoir de plus que les autres. J'avais peut être exagéré les choses sous le coup de la fatigue lorsque je l'avais vu. Ses yeux couleur or. Où est ce que j'avais la tête? ils devaient tout simplement être marrons ternes et moches, très moches. Moche, comme elle, ça y est c'est décidé à partir de maintenant je ne garde le souvenir que d'une fille laide. Même répugnante.

_ Tu sais quoi John je vais t 'écouter pour une fois, un tour au Provocateur ce soir ça te tente?

_ Putain mec là je te retrouve, je suis chaud à deux cent pour cent. En plus on a un pari à relever et il ne nous reste plus qu'une semaine. Me dit-il en riant et en m'adressant un clin d'œil.

Ah oui le pari, putain mais pourquoi, MAINTENANT, il me dégoute à ce point ce foutu pari alors que j'y étais l'initiateur ?

Le provocateur est notre QG. On y est pratiquement tous les soirs. Et à chaque fois c'est la même chose. Un coin nous y est réservé. Des magnum de champagne sont déposés sur notre table avant notre arrivée. Offert par la maison. Il n'est pas fou, le patron sait très bien qu'avec le monde qui s'engouffre au près de nous ils gagnent une somme dérisoire par rapport a ces deux malheureuses bouteilles de merde "offertes". Quand on parle du loup.

_ Salut les gars, ça roule?

Le patron n'a vraiment rien d'un...patron. Petit trapu il a fait fortune en gagnant au loto et depuis il s'achète toutes les boîtes qu'il peut. Et d'après ce que j'ai compris il s'en sort pas trop mal. C'est en partie grâce a nous. Le fait d'avoir des stars dans son établissement attire beaucoup de monde. Surtout des stars comme nous et il l'a très rapidement compris le petit binoclard. Il a besoin de nous et je l'ai bien compris moi aussi. Alors j'en profite. Je fais un peu ce qui me chante. Je pète des trucs des fois devant lui c'est pas très malin mais ça me fait bien rire. Il devient tout rouge et fini par me sourire et faire semblant qu'il trouve ça drôle aussi. Il est totalement à ma merci.

Je ne sais pas ce qu'ils ont tous les vieux a vouloir paraître plus jeune mais ce patron là n'a pas lésiné sur le botox avec sa tête refaite. Il doit faire peur à tous les enfants du quartier.

_ Alors mon petit Luka ça gaze?

_ Je t'ai déjà dit que j'étais pas ton ptit Luka, alors tu m'appelles une fois de plus comme ça et je remet plus jamais les pieds dans ta boîte de merde.

Il n'est pas vraiment surpris par ma réponse. Je crois qu'il commence vraiment à me connaître. Et que plus rien ne l'effraie venant de ma part.

_ Ah je suis content que tout aille bien alors. Passez une bonne soirée les d'jeuns et s'il y'a le moindre problème vous savez qui joindre. Et il part en nous faisant un clin d'œil dégoûtant.

La musique y est toujours trop forte et je suis d'une humeur massacrante. J'attends Mister B pour récupérer une petite dose sans quoi je rentre immédiatement. Heureusement, il vient d'arriver dans la boîte. A chaque fois que je vois ce vieil homme, bon sous tout rapport se pointer devant moi et me tendre ce petit sachet j'ai un moment d'étonnement. Qu'est ce qui a pu le faire plonger aussi bas ? Je prends le sachet, lui glisse un - gros - billet et lui fait signe de s'en aller. Je suis tellement en manque que je ne prends même pas le temps de me rendre aux toilettes. Dans notre petit coin VIP je sais que je suis tranquille. Ce ne sont pas les poules déjà défoncées qui se frottent et dansent autours de moi qui vont aller balance. Cette monté dans mes narines me rend plus fort que jamais. J'en reprends une autre, puis une autre et encore une autre. Plusieurs de mes neurones viennent de s'envoler mais au moins je ne pense plus à rien. Plus à elle. Et ça c'est la meilleure chose qui me soit arrivée en quatre jours.

Une grande femme brune vient s'asseoir sur mes genoux, je ne distingue pas clairement son visage mais je lui pelote ses énormes seins sans retenu et pose ma main près de sa culotte. Après s'être frotté à mon sexe un peu trop longtemps je lui propose d'aller quelque part pour finir ce que l'on était entrain de commencer. Je ne suis pas très patient et je voulais me soulager. Sans grand étonnement elle accepte et sans émettre la moindre protestation. C'est tellement simple que ça en devient chiant. Mais bon, j'ai tellement envie de baiser que j'en fais abstraction tous les soirs.

Trou noir.

**

_ Salut beau gosse.

Oh non ça recommence. Une fois de plus je me réveille avec une migraine qui me ronge la tête et aux côtés d'une femme dont j'ignore l'existence. Il ne me reste plus qu'à faire semblant de dormir et à attendre qu'elle se casse.

Au bout de quelques minutes, j'entends une porte se fermer. Elle a été rapide celle là, parfait. J'entrouvre les yeux. Et... et merde. Un plafond rose. Je me lève d'une traite et découvre ce qui m'entoure. Des murs fuchsia, des fleurs un peu partout, des fringues et pleins de paires de chaussures. C'est mauvais ça, très mauvais.

_ Hey tu es enfin réveillé. Je me retourne et découvre « l'inconnue » - qui finalement n'en était pas une puisque nous avions déjà baisé plusieurs fois ensemble cette année - elle s'approche de moi et me chuchote avec son air aguicheur à l'oreille.

_ Je t'ai apporté le petit déjeuner, mais si tu préfères que l'on fasse autre chose, moi je suis partante.

_ Non, je me casse. M'empressais-je de dire sans émettre la moindre sympathie et en me dirigeant à grandes enjambées vers l'entrée - et à moitié à poil.

_ Tu n'as même pas mon numéro. Cria t-elle en essayant de me rattraper.

_ Et j'en ai rien a foutre. Oublie moi.

Je trace jusqu'à ma voiture qui, heureusement, est garée devant.

Je suis pathétique. J'ai plongé encore plus bas que ce pauvre dealer. Et ça depuis bien longtemps déjà.

Fall in loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant