Prologue

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Ses yeux brillaient d'une lueur inhabituelle. Elle a poussé un petit cri étouffé, et les yeux pleins de larmes, elle s'est effondrée. À ce moment là, à ce moment précis, je me suis senti comme un déchet humain, un déchet humain qui a le vertige. Toutes ces pensées me donnent mal à la tête, et encore une fois j'ai le vertige. Le vertige de ce monde que je vois de haut, et qui vit et qui meurt en même temps. Le vertige de moi même qui ne vit ni ne meurt. Le vertige de moi même de m'être élevé si haut. Comment fait-on pour redescendre? Comment fait-on pour arrêter le monde et ses conséquences dramatiques et indésirables? Comment fait-on quand on aime, mais qu'on a pas le droit d'aimer? Parce que oui, je l'aime. J'aime cette fille au regard doux et aimant. Tu me crois Laura, lorsque je dis que je t'aime?

Je la sens Laura, et je la ressens. Je la ressens comme je ressens l'air, et la pluie, et la sueur qui tombe sur mon corps brisé. C'est ainsi, c'est comme ça. Et je suis là, moi, condamné à regarder le monde grandir et se détruire. A regarder les hommes se déchirer, et les femmes se laisser mourir. Pourquoi suis-je là? Pourquoi suis-je ici, à éprouver cet amour démesuré pour toi Laura?

J'ai envie de fermer mon esprit, et de dormir. Pourtant la silhouette féminine face à moi remue l'intérieur de mon estomac, et, me donne la nausée. Cette femme me donne une forte envie de gerber, et de me nourrir d'elle. De son rire, et de sa peau douce parfumée. Et de vomir à nouveau. T'es folle Laura, et tu me rends fou. Folle de m'avoir laissé tomber amoureux de toi, et fou d'avoir voulu y croire. Croire à quoi? Croire en qui?

Elle se tait, et elle me regarde. Elle attend. Elle attend que je m'affale. Elle attend et pourtant elle a peur. Peur que je m'effondre, et qu'il ne reste de moi, qu'une photo qu'elle a prise, il y a des jours déjà. Non je ne tomberai pas, même si souvent, je crois tomber. Je suis simplement fatigué. A-t'on le droit d'être fatigué? Fatigué d'être dans un monde qui donne le vertige? Parce que je crois que je suis fatigué d'exister sans raison. C'est pour cela que Laura, les yeux baissés, implore ce Dieu que je ne connais pas, pour que je ne m'affale pas.

Elle hurle en silence, et moi, je hurle un silence. Je crie cet amour qui déborde, et elle, elle tait tout ça. Et moi, je veux crier pour nous deux. Pour ce "nous" qui ne veut rien dire, et auquel elle ne veut pas croire. Laura, je t'aime. Est ce que c'est mal d'aimer une femme? Est ce que c'est mal de t'aimer toi? Est ce que c'est mal de rêver qu'un jour ce sera possible? Est ce que c'est mal de vouloir l'impossible? De vouloir rendre possible l'impossible? J'ai mal. Mal de ces questions qui me lacèrent le coeur, et me scient le cerveau. Mal de cet amour auquel je ne peux pas accéder. Auquel Laura refuse d'accéder.

Elle s'est levée, et d'un geste lent de la main, elle m'a intimé de rester immobile. Elle est partie, et mon coeur brûlant a hurlé pour qu'elle revienne. Pour qu'elle me revienne. Mais son silence hurlait aussi, il m'hurlait des sentiments inverses, des sentiments non partagés. Et au fond de moi, Jo' s'est réveillé définitivement. J'ai compris que c'était fini, et dans un dernier regard, je l'ai supplié de ne pas me laisser.

" Fais attention, il va jouer, il va te manipuler, et surtout... Il va te faire du mal. " Marie Drew

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