Chapitre 9

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-Non.

Voilà la réponse à laquelle elle s'était attendue. Il était bien trop tôt pour se marier. Surtout dans une telle configuration.

Devant son miroir, Laura fixait ce qu'elle était devenue. A vrai dire, elle ne voyait qu'un ventre douloureux et tendu à l'extrême. Elle ne pensait plus qu'à ça, à la fois terrifiée de l'issue des évènements et pressée que tout cela se termine. Elle avait mal, sa vessie lui faisait mal, son dos lui faisait mal, ses hanches, les contractions...

Putain...

Cela à part, les discussions qu'elle entretenait avec sa copine la fatiguait au plus haut point. Garder ou pas ce bébé. L'une ne voulait pas et l'autre hésitait. Cela faisait ressortir de vielles tensions et des incompréhensions très malvenues tandis que le terme de la grossesse approchait. Le fait était qu'Enora avait fréquenté plusieurs hommes jusqu'ici et eu des relations normales, pour ne pas dire saines. Laura n'en avait connu que deux. Et on ne pouvait pas trop appeler ça des relations. Elle s'était fait avoir deux fois. Et ce gamin... Ce gamin en était la preuve. Une preuve qu'elle tentait de nier de toutes ses forces, elle voulait nier son existence. Pour elle, il n'avait ni nom, ni identité, ni futur. Une fois qu'il serait sorti, leur histoire commune serait terminée.

Enora ne comprenait pas ça, cette volonté de se séparer d'un être innocent. Mais elle n'avait pas vécu ce que sa compagne vivait et refusait de comprendre. Une raison de plus pour éviter le mariage. L'entendement surpassait trop souvent les transports de l'amour. Autant avec un homme, qu'une fille. Même combat.

Encore une contraction...

Elle se recroquevilla, frappée par une fulgurante douleur et éprouva le besoin de s'allonger sur son lit. Tout son bas ventre était pétrifié dans le feu et la glace. A tel point qu'elle n'avait plus d'autre possibilité que de faire l'étoile de mer. Prostrée dans sa douleur, elle cherchait un moyen d'en échapper quand la solution lui vint comme une évidence. Elle commença à fredonner un peu n'importe quoi pour se concentrer sur autre chose. Le problème était que ça ne marchait pas. Son murmure était entre coupé de cris fulgurants. Pourtant, il fallait continuer de chanter jusqu'à ce que ça se passe. Sans y faire attention, elle se mit à chantonner une berceuse pour enfant dont elle ne connaissait même pas la provenance. Ce simple geste suffit à calmer la douleur, un peu d'abord, puis totalement pour être remplacé par un soulagement total. Une sorte de béatitude. Elle se sentait soudainement en harmonie avec son corps, malgré les larmes qui lui perlaient aux yeux.

Elle posa ses mains sur son ventre pour sentir ce truc en elle. Il était là. Il bougeait, il réagissait à ses émotions.

En fin de compte, ce truc là était bien plus dangereux que ce qu'elle avait imaginé.

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