I- La vie est belle

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Les yeux rivés sur ma montre, je regarde attentivement la trotteuse progresser autour du cadran. Il est 11h44, si mes calculs sont exacts, et ils sont exacts. Ça fait deux ans que je calcule l'heure à la veille des grandes vacances et encore plus longtemps que je passe mes cours d'HDLM, Histoire de la Magie pour les non-initiés, à regarder le temps passer.
La voix de Sirius Black me parvient de plus loin sur la table des Gryffondor, comptant à mi-voix :

"5…4…3…2…1…"

Je repousse le banc en arrière, la bandoulière de mon sac déjà en main. Comme si c'était là un signal, la Grande Salle commence à se vider des élèves les plus rapides à manger.

"Pars devant, je te rejoins," lâche Lily qui mange une tarte au citron à mes côtés. J'atteind rapidement la porte, cartable sur l'épaule, rejoignant les Maraudeurs qui se sont levés en même temps que moi. James me fait un clin d'œil amical, amusé de constater que mes excellents réflexes (oui, mes chevilles vont bien) ne me servent pas uniquement à éviter les cognards mais aussi à choper les chocogrenouilles au bond ou à me faufiler vers la bagagerie le plus vite possible. Je repère ma malle au milieu des autres et traverse difficilement la pile pour l'attraper et tenter de la traîner vers la sortie.

"Alors McKinnon, on galère ?
- Aide-moi ou va crever Black, mais surtout ferme ta gueule."

L'abruti m'arrache ma valise des mains et la soulève au-dessus des autres. Forcément, pour lui c'est plus facile, il est grand. (Mauvaise foi ? Oui. Mais pas que : Je fais un mètre cinquante-quatre et lui un mètre quatre-vingt-six. Ouais, il est grand. Ouais, je suis petite.) Je réalise alors que je vais passer trois mois loin de Sirius Black et de son foutage de gueule perpétuel à mon endroit, de ses sourires sarcastiques et de ses blagues débiles et la nostalgie me prend soudainement. Naaan, j'déconne. J'ai juste envie de sourire et de danser tout en poussant des cris de joie. Sauf que plus ridicule​, tu meurs. Jamais je ne couinerais en public. J'ai ma fierté.
OoOo
J'ai trop chaud. J'ai trop de bagages. J'ai failli me casser la gueule trois fois, dont une sur un septième année qui a esquivé au lieu de me rattraper. Y'a plus de gentleman, moi j'vous le dis. En plus, celui-là, il a aucune raison de m'en vouloir. Je crois.
Je finis par arriver sur le quai. Des gens sont déjà là, assis sur leurs malles, attendant sûrement avant de monter dans le train. Ils ont pas bouffé, où ils savent transplanner ? Je suis sûre que les septième année trichent. Si ça se trouve, ils ont même des portoloin. C'est un complot, j'en suis sûre ! Bon, il est possible que j'exagère un peu.
J'attends sur le quai que Lily arrive, impatiente au possible. Je pourrais peut-être l'attendre dans le train ? Après tout, faut bien trouver un compartiment. J'aperçois la chevelure rousse de mon amie descendre la pente. Pas trop tôt ! J'ai failli attendre. Je reste assise sur ma valise pour les deux minutes qu'il me reste à attendre. Je sens alors un coup sous moi, mon siège improvisé se casse la gueule... Et moi avec.

"Désolé, j'ai mal visé."

Black est hilare. Alors comme ça c'est drôle, ducon ? Je ramasse le souaffle qu'il a balancé avec force et lui renvoie, moi aussi en mode boulet de canon, en plein face.

" 'Pas fait exprès !", je dis en haussant une épaule. Black a bloqué le lancer par réflexe. Dommage, ça lui aurait fait les pieds d'être défiguré. Je me lève et me dirige vers mon amie qui arrive un peu plus loin, accompagnée par Dorcas. Je chope cette dernière par le bras et l'entraîne à ma suite vers le train.

"Allez, dépêchez !"

Les filles se laissent embarquer en roulant des yeux. En passant devant Black, qui tient toujours le souaffle bloqué à deux centimètres de son visage, j'entends un vague 'complètement​ dingue cette fille.' Il est lent quand même ! Depuis des années qu'on est dans la même Maison, il s'en est toujours pas rendu compte. Ce type n'a absolument pas le sens de l'observation, c'est moi qui vous le dit.
Nous montons dans le train et trouvons rapidement un compartiment vide. Alice nous y rejoint juste avant le départ du train, une demi-heure plus tard.
Dorcas est sang-mêlé, Lily née-moldue, Alice sang-pur et moi sans opinion. Disons : d'une-famille-sorcière-très-ancienne-mais-pas-sang-pur. Long et chiant à dire.
Même sans parler du statut sorcier, dont on a à vrai dire pas grand chose à foutre, notre petit groupe est hétéroclite : une métisse timide (mais on est en train de la guérir, en première année elle peinait à aligner trois mots sans rougir et baisser les yeux), une rousse sérieuse mais adorable qui ressemble à un volcan en éruption quand elle s'énerve, moi, la blonde ébouriffée qui ne tient pas en place et une brune aux cheveux courts qui se contente de sourire et de profiter du bordel ambiant. Elle ne s'en mêle que pour se foutre de notre gueule ou essayer de nous calmer.
Un jour, je lui ai dit qu'elle était le pendant féminin de Rémus Lupin. Elle m'a balancé un oreiller dans la face. Conclusion : la liberté d'expression n'existe plus, et Alice est plus violente que Loupiot. Oui, ce surnom est pourri. C'est ça ou Mumus, vous êtes prévenus.
Le train à déjà démarré et je regarde distraitement le paysage, alors que nous accélérons, laissant bientôt Pré-Au-Lard et l'année scolaire derrière nous. Au programme : partie de Président (ce jeu est également nommé trou-du-cul, assez poétiquement.) Les cartes auto-battantes m'ont frappé les doigts quand j'ai essayé de les prendre avant la fin de la distribution. J'ai finalement terminé deuxième ! Dorcas a été Présidente la majorité de la (longue) partie, mais j'ai réussi à lui piquer la place de temps en temps. Les filles ont commencé une bataille explosive, mais Lily la délaisse bientôt pour un livre et j'ai la flemme de me faire cramer la gueule.
Le passage du charriot me fait vider une bonne partie de ma bourse. Je file me changer, posant mes confiseries sur la table. Il est 15 heures et je supporte vraiment plus les robes de sorcière. Je me glisse dans les toilettes et enfile un short en jean au bas tout effiloché et un débardeur. En sortant, je bute sur quelqu'un qui sort des toilettes des gars, située pile en face des filles. Vu la largeur du couloir, on se cogne automatiquement si on sort en même temps.

"McKinnon, je suis pas contre le fait que tu te jette sur moi, mais pas en plein train !
- Tu fantasme sur moi Black ? Ravie de l'apprendre," je fais, ironique​. Le pauvre chou à l'air pris à son propre piège. "Bon, tu m'excuser​a mais je préfère partir vers une compagnie plus agréable."

Là-dessus, je le laisse planté là comme un con. Quand je reviens les vitres sont cachées par des rideaux fermés de l'intérieur. Lily sort pour prendre ma place, Alice qui s'est manifestement changée ici (pas trouillarde), est en train d'enfiler son pull. Dorcas était déjà en vêtements moldus en entrant dans le train.
Quand on arrive à Londres, le soleil décline déjà sur l'horizon, il reste environ une heure avant qu'il achève de se coucher. Je descends ma valise du filet à bagages, debout sur la banquette, manque de me rétamer sous le poids et grogne en la posant au sol.

"Aliiiice ! Un hippogriffe s'est planqué dans mes bagages !
- Techniquement impossible.
- On s'en fout, c'est lourd.
- Soulève la mienne pour voir ?"

Je regarde Dorcas comme si elle venait de m'annoncer son intention de changer de sexe.

"T'es dingue ? Elle est au moins aussi lourde !
- Marlène... C'est justement pour te montrer qu'on est toutes dans le même cas que je t'ai dit ça."

Je roule des yeux et sors du compartiment un peu trop plein, Alice à la suite. Viens ensuite Lily puis Dorcas, un peu à la traîne. Suivent les traditionnels adieux, avec promesses d'échanges de hiboux, câlins, et autres "bonnes vacances !"
Puis je retrouve mes parents, ma mère soupire devant ma tignasse décoiffée, mon père prend ma valise en chouinant sur l'égalité des sexes, et nous nous dirigeons vers le Chemin de Traverse. Sur une petite place adjacente à la célèbre allée, c'est là que nous vivons, au 2, Place des Trasseurs. C'est là que je trimballe ma malle sur les pavés inégaux avant de l'abandonner dans ma chambre. Je sors ensuite par la fenêtre (de l'étage) et désescalade le mur jusqu'au dénivelé qui marque le rez-de-chaussée. Là, je saute sur mon vieux, mais solide trampoline, rebondit hyper haut à cause de l'accélération et me laisse retomber, allongée. Mon Walkman est serré dans ma main. Je glisse les écouteurs dans mes oreilles, et alors que le soleil disparaît derrière la haie en barbouillant le ciel de rouge, je me laisse bercer par la musique.

NDA : Voilà voilà, je viens de finir d'écrire le premier chapitre et le poste aussitôt (j'ai écris le deuxième en même temps donc j'ai (un peu) de la marge), dîtes moi ce que vous en pensez ! Toutes les critiques sont bonnes à prendre, positives ou négatives, pourvu qu'elles soient constructives (en plus ça rime) donc n'hésitez pas ! En espérant que ça vous ait plu ! Ama.

Deux Maraudeurs pour le prix d'unOù les histoires vivent. Découvrez maintenant