XII - A place for my head

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"Tu es mignon.
- Hein ?
- Deux."
Je réplique tranquillement en lui souriant. James me regarde comme si je lui avais expliqué être Wonderwoman.

"Attends... quoi ?
- Feur. J'ai dit qu'il était mignon, vous êtes sourds ?
- Tu as fait un compliment à Sirius.
- Sirius est un chiot, James. Il est un peu con, mais il est mignon et il a des grands yeux."

Oui c'est pas gentil. C'est pas du tout gentil. Mais bon, son nom désigne la constellation du chien, alors partant de là... C'est un peu son destin. Presque trop facile de se moquer, limite. On est assis sur un muret, en face du pub, en train de discuter de tout et de rien et de jouer à des jeux débiles. Et là j'ai fait l'erreur de commenter ce que disait Sirius à haute voix, donc ils ont une réaction digne de mecs irresponsables de 16 ans chacun... Wait. Je tiens peut-être un truc, là. Un genre d'explication rationnelle. Passons, si mes pensées deviennent trop philosophiques, je vais perdre le fil de la conversation.

"Tu es malade ?
- Bien sûr James, j'ai chopé une pneumonie par 26 degrés à l'ombre.
- Ah mais c'est ça en fait ! T'as une insolation !
- James...
- À moins que tu sois tombée sous son charme durant l'été... Mais vu le niveau du charme en question c'est peu crédible."

Il se marre l'abruti. N'empêche qu'il est pas loin de la vérité, c'est même le moins qu'on puisse dire. Sirius proteste sur le fait que son charme est mille fois plus charmant que ne le sera jamais James avec sa coiffure en balai de chiotte - je transcris. Du coup ils se battent, faisant preuve de leur solidarité épatante pour des gars qui sont meilleurs amis depuis plus de 5 ans. Je fini par trancher le débat en sautant à bas du mur.

"On bouge ? À cette heure-ci, y'a pas grand monde au parc.
- Ça me va ! Avec un peu de chance, Sirius dira moins de stupidités en chemin.
- Ouais, compte pas trop là-dessus.
- Mec, c'est ce qui fait mon charme, enfin !"

Je ris. C'est vrai que ce n'est pas comme être avec mes amies - d'habitude c'est moi l'élément saoulant, là c'est eux qui m'insupportent par moments - mais je me sens vraiment bien. Je retrouve mon amitié avec James, et Sirius... hé bien, Sirius est terriblement lui-même, mais j'ai de moins en moins envie de le baffer pour ça. On s'habitue à tout.
On croise Léo et sa frangine avec des amis à eux, qui ont trouvé un jeu absolument génial : le principe c'est que tout le monde a un mot, et doit essayer de le caser dans une phrase le plus de fois possible. J'ai rarement entendu une conversation aussi débile, honnêtement. En plus ils jouent en français, donc je comprends un mot sur trois, mais de ce que j'ai pigé c'est absolument pitoyable. Sirius sourit et lance, surpris :
"Vous êtes français ? Elle me l'a pas dit !
- Depuis quand tu parles français toi ?
- Depuis que j'ai reçu une éducation aristocratique."

Ah ouais, ça se tient. La plupart des sang-pur connaissent la langue, au moins un peu. Ça explique pourquoi il s'est mis à causer dans la langue de Molière. Et à partir dans une discussion avec une fille châtain à laquelle je comprends pas grand chose, voire rien (pas la fille, la discussion). Oui parce que la famille McKinnon est ancienne et respectée, mais pas sang-pur, techniquement, et surtout mon père comme ma mère n'en ont eu pas grand chose à faire. Je connais beaucoup de latin et pas mal de gaélique parce que c'est des langues intimement liées à la magie blablabla qui s'en cogne ? Moi, bien sûr.

"Hey, Marlène, je pensais pas qu'on se recroiserait avant la fin de mon séjour."

Je me tourne vers Léo et lui souris. Il est vraiment trop mignon, lui. Tâches de rousseur légères, visage rond et avenant aux traits fins, yeux bleus cobalt et cheveux bouclés comme les angelots sur les tableaux italiens. Il me fait un peu trop penser à Rémus, ou à mon petit frère, mais faut admettre qu'il est craquant dans son genre.

Deux Maraudeurs pour le prix d'unOù les histoires vivent. Découvrez maintenant