III - Bienvenue en enfer

1K 68 46
                                    

Mes parents m'ont trahie. Ils partent en voyage. À Venise. Sans moi. Sérieusement, si vous vouliez un voyage de noces, fallait le faire avant ! Au moment du mariage, par exemple. Je me suis faite à l'idée, et pendant une minute ou deux j'ai même jubilé en songeant à ce que je ferais, ici, toute seule. Jusqu'à que ce que Maman détruise mes illusions.

" Hors de question que tu reste ici toute seule pendant trois semaines.
- Mais, Mom'...
- Marlène, tu es mineure, et complètement irresponsable. C'est hors de question." J'ai tenté le tout pour le tout :
"Papa ?
- Haha... Non."

Il a ricané, le traître, avant de balancer un non franc et massif, le genre définitif. Je me suis barrée et j'ai décidé de bouder dans ma cham... Hrm... Je veux dire, établir un plan d'attaque. Et j'en suis là. À rager, parce qu'après à peine cinq jours passés chez moi, je vais devoir retourner en exil... Hé, j'ai nulle part où aller ! C'est génial ! Je sors de ma chambre en courant et débarque devant mes parents.

"Vous pouvez pas m'empêcher de rester ici parce que vous avez nulle part où m'envoyer, j'exulte !
- Tu as des amies, non ?
- Lily part en vacances et Dorcas accueille Alice chez elle, y'aura pas de place pour moi."

Un moment de silence. Mes parents semblent presque près à céder. C'est alors que mon père a l'illumination qui, je le sens venir à des kilomètres, va bientôt me pourrir la vie.

"Pourquoi t'irais pas chez James ?"

La bonne blague. Chez James. J'y suis pas allée depuis mes 9 ans, quelque chose comme ça. J'adore James Potter, mais on se fréquente surtout de loin en loin depuis quelques années et surtout depuis que je ne peux plus m'approcher de son meilleur pote sans faire une réaction allergique (et que ma propre meilleure amie à la même réaction à l'approche du 'binoclard ébouriffé'). Mais j'ai pas tellement le choix. De toute façon, si il refuse, je peux toujours rester ici. Non ? Je remonte et prend une plume et mon encre à changement de couleur, actuellement bleue turquoise. Je ne prends pas la peine de le changer et écris sur une chute de parchemin :

Hey, Jamsie !
Mes parents m'ont pour trois semaines et j'ai nulle part où aller. Ça te dirais de m'héberger dans ta grande mansuétude ? (Si tes parents sont d'accord, bien sûr.) Allez, à plus mon p'tit !
Marly

J'envoie le hibou de la maison, Zeus, une part de moi espérant qu'il se fasse bouffer en chemin. Ce serait pas une grosse perte, il arrête pas de me bouffer les doigts. Enfin, il essaye, mais c'est pareil. J'ai même une cicatrice ! C'est pointu, un bec, même si on dirait pas. Bref, j'avais évidemment oublié à quel point j'ai de la chance. Trois heures et des doxys plus tard, cette foutue bestiole me réveillait en me pinçant le nez avec son foutu bec. Je le frappe, et récupère en tâtonnant la lettre de James et ma baguette.

"Lumos," je marmonne d'une voix rauque.

Je pousse les yeux sous la lumière blanche et crue, dont je baisse encore la puissance. Je ramasse l'enveloppe, la décachète avec l'élégance et la précision d'une parkinsonienne * et la parcours du regard :

Marlène ! Tu sais écrire ?!
Wow, tes hiboux pleins de poésie m'ont tellement manqué... Je trouve ça cool que tu viennes, ça nous fera une petite dose de nostalgie ! Et mes parents sont plus qu'heureux à l'idée de te voir... limite extatiques.
Allez, je te laisse ! En espérant que ma lettre n'arrive pas trop tôt, ou trop tard. Ca m'ennuierait de te réveiller.
James.

Je peux pas m'empêcher de sourire, c'est bien James Potter, ça. Bon, pour la dernière phrase, c'est un peu loupé et je me demandes si c'était ironique ou si c'est juste un abruti. Et c'est définitivement mort pour mon projet solitude, mais je vais peut-être passer trois semaines pas trop pourries. Et je me rendors, baguette éteinte à la main et parchemin coincé sous la joue.
C'est dans cette posture que je me réveille quelques heures plus tard. Je me lève mollement et me regarde une seconde dans le miroir. Mes cheveux partent en... coude et j'ai une marque sur la joue. Tant pis, j'ai la dalle ! Je descends l'escalier en pyjama, quand je suis hors de Poudlard je ne prends jamais la peine de m'habiller le matin. Je m'installe à table, encore pas tout à fait réveillée, et me sers un bol de céréales chocolatées. Passionnant, non ? Ma mère boit du thé. Mon père boit du jus d'orange. Mon chat boit de l'eau. Le tout en silence.

Deux Maraudeurs pour le prix d'unOù les histoires vivent. Découvrez maintenant