Chapitre huit.

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Stoïque, Frankie écoutait Zayn lui expliquer comment il en était venu à se droguer, pourquoi est-ce qu'il avait laissé Harry l'entraîné là-dedans et pourquoi il continuait sa descente, rejetant l'aide de Liam en permanence. Elle ne dit pas un mot, le laissant déverser son histoire et retenir des larmes de crocodiles. Et lorsqu'il eut terminé, plutôt que de récolter quelques mots de réconforts et une accolade qui se voulait compatissante, le métis n'eut le droit qu'à une Frankie distante qui se leva en silence. Elle s'éclipsa dans la cuisine et revint quelques secondes plus tard, un paquet de chips entre les mains. Elle le lança à Zayn et resta debout, face au chanteur.   ▬ Tu mens.   Enfin, Frankie avait parlé. Même si ce n'était pas exactement ce à quoi Zayn s'attendait. Il fronça les sourcils, ne comprenant pas de quoi elle parlait. Il lui demanda des explications mais la brune ne répondit pas. Il savait. Il avait toujours su. Mais elle, comment pouvait-elle être au courant ? Zayn n'en avait jamais parlé. A personne. C'est à peine s'il osait le penser, de peur que l'on puisse l'entendre. Il lui lança un regard paniqué et Frankie soupira en prenant place sur la table basse. Elle poussa les mégots de cigarettes ainsi que les bouteilles d'alcool qui s'étaient entassées et s'assit en tailleur, toujours sous le regard du chanteur qui n'avait aucune issue de secours. Il était pris au piège. Définitivement.

A la limite, reprit-elle, que tu mentes à ta famille, je peux l'entendre. A tes amis, aussi. Mais à moi...

Tu ne me connais pas.

Il était sur la défensive, la seule arme qu'il possédait à l'heure actuelle. Et elle, elle riait de sa remarque. S'il y avait bien une personne au monde qui le connaissait, c'était bien elle. Comment pouvait-il en douter après tout ce qu'elle avait déjà fait pour lui ? Comment pouvait-il ne serait-ce que douter d'elle ? Frankie était là pour lui et elle restait pour le sauver. Combien de fois devrait-elle encore le lui répéter pour qu'il l'entende et le comprenne ? Si Zayn avait un ennemi dans cette pièce, ce n'était certainement pas la personne qu'il avait en face de lui mais plutôt celle qui résidait dans sa tête. Sa conscience. Ou sa stupidité. Frankie hésitait encore. Mais s'il y a bien une chose dont elle ne doutait pas, c'était le mensonge que venait de lui étaler Zayn. Et lui, il continuait de faire semblant de ne pas comprendre.

Arrête de me mentir, Zayn.

Mais de quoi tu me parles, à la fin ? S'énerva le brun.

Tu sais parfaitement de quoi je parle !

-Pourquoi tu gâches toujours tout, Frankie ?

Frankie l'avait regardé monté les escaliers, le laissant se calmer avant de rebondir sur le sujet.

***

▬ Pourquoi tu crois que je te mens ? Avait demandé Zayn une fois qu'il eut repris ses esprits.

Ou plutôt, une fois qu'il eut repris une dose. Frankie voyait à ses yeux lorsqu'il était sous cocaïne et elle n'avait aucun mal à deviner que s'il n'admettait pas qu'il avait un problème, il ne tiendrait pas longtemps ainsi. Il était proche de la fin, il n'était pas difficile de le deviner avec son comportement instable. Sa prise de drogue était de plus en plus irrégulière et de moins en moins espacée. Sans compter les nombreux symptômes qui était visible. L'instabilité émotionnelle, les tremblements incessants de ses mains, son incapacité à admettre qu'il avait un problème. Zayn savait qu'il n'allait pas bien et qu'il était addict mais il refusait de le dire. Parce que l'évoquer oralement serait reconnaître qu'il avait besoin d'aller en cure et ça, il ne voulait pas. On le voyait comme un héros chez lui, ce gamin qui avait échappé à sa vie de bad boy pour vivre son rêve. Et il était au sommet depuis presque trois ans. Tous le croyaient parfait, magnifique, grandiose, sans failles. Zayn voulait conserver son image. Quitte à y laisser sa santé. Frankie choisit la carte de l'ignorance et resta assise sur le sol à jouer au solitaire. Elle trouvait le nom de ce jeu ironique lorsqu'on connaissait la vie du brun. Le solitaire. Comme lui. Comme elle, aussi. Un peu. Mais elle s'égarait à cet instant.

Baisers amers.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant