Chapitre 5

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- Tu ne me crois pas, lâcha Petra après un grand silence. Tu penses que je suis folle, c'est ça ?

Elle avait lâché ces paroles amèrement et se détourna de lui. 

- Non, je ne le pense pas. Je t'écoute... 

Elle remit une mèche de ses cheveux en place derrière son oreille et s'éclaircit la gorge. 

- Il était une fois, il y a bien longtemps, vivait un roi dénommé Arthur Pendragon. Il régnait sur la Bretagne armoricaine, autrefois appelée Albion, la Grande-Bretagne étant encore à l'époque divisée en terres libres par les Scots. Fils d'Uther Pendragon, il aurait dû être considéré comme souverain légitime du royaume. Mais certaines mauvaises langues doutaient de sa capacité à régner dû à son jeune âge. Il partit alors en quête de la mythique épée Excalibur, qui, selon les légendes, conférait le droit de régner à qui pourrait la retirer de son socle de pierre. C'est là que mon peuple, le peuple fée, entra en action. Convaincus de sa juste et honnête valeur, nous guidâmes le prince vers la clairière où trônait l'épée magique. Il la retira sans peine, prouvant ainsi à tous son véritable pouvoir et le proclamant dans l'instant Roi des Celtes. Mais à peine fût-il rentré à Camelot qu'il eut vent d'une bien affreuse nouvelle : les seigneurs qui avaient douter de lui l'avaient trahi et s'étaient vendus aux Saxons en leur révélant les failles et les faiblesses de Camelot. Ils prétendaient qu'un roi ayant eut recours à la magie des fées n'était pas digne de gouverner. Car selon la loi de feu son père, Arthur, ni aucun sujet du royaume ne pouvait prétendre à pratiquer la magie : elle était bannie et passible de pendaison. Seulement Morgane, la demie-sœur d'Arthur, faisait partie des nôtres. Par amour pour sa sœur et pour tous ses sujets, Arthur décida de réhabiliter la magie à Camelot et s'allier avec mon peuple afin que nous combattions ensemble les Saxons. Ainsi commença la guerre opposant le petit peuple et les guerriers du Roi aux vils félons venus de Saxe. 

Petra marqua une pause dans son récit et contempla la marée. Connor, qui avait bien sûr déjà entendu cette histoire (bien qu'il ignorait jusqu'à lors l'existence et l'engagement véritable des fées), avait le souffle coupé tellement les propos de sa compagne paraissaient vrais. 

- Et alors ? Que s'est-il passé ? Qui a gagné ? demanda-t-il avide de réponses

- La bataille tournait en notre faveur lorsqu'un malheur se produisit. Avec l'aide de je ne sais quelle maudite magie noire, l'ennemi dupa notre roi et l'enleva, privant nos troupes de son leader et semant le doute et le chaos parmi nous. Les Saxons en profitèrent pour tuer les plus braves et faire prisonniers les être magiques. Je fis partie de ceux-là. Nous perdîmes beaucoup de nos proches en ce jour sombre.

La douleur présente dans le regard de Petra fit couler quelques larmes que Connor s'empressa d'essuyer avec tendresse.

- Si cela te fait trop mal d'y repenser, arrête... 

- Non, la coupa-t-elle, tu dois savoir. Mais maintenant, je dois te montrer quelque chose... 

Elle se leva et s'approcha du rivage. Avant de se jeter dans l'eau, elle se retourna et dit :

- N'aie pas peur, s'il te plait...

Et elle disparu avec l'écume. A peine eut Connor le temps de s'affoler qu'elle réapparaissait, métamorphosée. Se redressant sur ses deux mains, sa chevelure cachant sa poitrine à présent dénudée, Petra O'Sullivan n'était humaine qu'à partir du nombril. En-dessous, Connor découvrit une queue de poisson gigantesque, verte et irisée comme l'algue marine. Ses écailles étincelaient au soleil. 

Connor recula et tomba sur le sable, abasourdi par ce qu'il voyait devant lui. Il se frotta les yeux, ne pouvant pas y croire.   

- Par tous les Saints, tu es une sirène...

Les HéritiersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant