Chapitre 8

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*Flash-back*

- Allons Sir Tristan, n'ayez crainte et contez nous votre histoire ! m'exclamais-je 

Ledit chevalier semblait ébranlé par sa récente découverte et ne pouvait se résoudre à prendre place autour de la Table Ronde. Il tremblait un peu, debout devant moi et ses yeux brillants d'excitation m'apprirent que la nouvelle ne pouvait être que bénéfique. Mes autres compagnons paraissaient frémir d'impatience.

- Eh bien mon Roi, cette partie de chasse fut la plus belle chose qui me soit arrivée en ce monde. Laissez-moi vous divertir par ce conte...

***

Les aventures de Sir Tristan au pays des Druides, première partie

- Levez-vous Messire Tristan, chevalier de Camelot !

Cette phrase résonne encore dans ma tête. Il y a déjà un mois que le Roi Arthur Pendragon m'a adoubé mais cet instant demeure à jamais magique dans mon esprit. Avant d'arriver à Albion, je n'étais qu'un roturier, un moins que rien. Mais le Roi, impressionné par mon aisance à l'épée, me prit en affection et comme son grand cœur l'avait toujours guidé jus qu'auparavant, me sauva de bien des périls. Un bruissement de feuilles tout proche me tira soudainement de ces souvenirs lointains.

- Elle est là, allez-si Tristan, à vous l'honneur !

Nous étions partis depuis quelques jours à la chasse. Comme à notre habitude, Sir Leon, Sir Perceval, Sir Lancelot, Sir Gauvain et moi-même accompagnions Arthur lors de cette sortie. Le Roi, justement, venait de m'accorder le privilège de pouvoir tuer la biche seul. Voyant que Gauvain commençait à ricaner car j'avais pris du retard sur la bête, je talonnais mon cheval et m'élançais à la poursuite de l'animal. 

Je perdis vite de vue mes compagnons et laissa l'ambiance calme et apaisante de la forêt prendre le dessus. Le soleil déclinait, la nuit n'était pas loin. Sans m'en rendre totalement compte, je m'enfonçais dans les bois profonds. Je stoppais ma monture et regardais autour de moi. La verdure environnante rendait la forêt sauvage et indomptable. J'aimais cet univers où les titres, l'apparence et le jugement étaient bannis. Qui pourrait briser cela ? 

Je mis pied à terre pour mieux observer le paysage qui s'offrait à moi. Oubliée, la biche à chasser. Une grosse racine déchira un pan de ma cape pourpre aux effigies de Camelot. Je ne m'en souciais guère. Je m'approchais d'un petit ruisseau translucide. J'y bus quelques gorgées, dans le besoin imminent de m'abreuver. J'étais pourtant certain d'avoir pris garde d'emporter ma besace d'eau lors du départ au château. Ce coquin de Leon me l'aura surement dérobé. Il n'était pas rare que les autres chevaliers me jouent des tours. Malgré la grande amitié et la fraternité qui nous unissaient, nous ne rations jamais l'occasion de nous défier en combat singulier à l'épée. 

Je fermais les yeux et écoutais le doux clapotis de l'eau. Cela me berçait. Une myriade de notes déferla dans ma tête. Notes ? 

Je me redressais vivement, tous mes sens aux aguets. Une étrange mélodie avait remplacé le bruit de du ruisseau. Bien qu'elle soit infiniment divine et gracieuse, je n'en distinguais pas sa source. Laissant mon cheval brouter le long de la rivière, je pris mon ceinturon et avança au hasard dans les buissons épineux pour trouver l'endroit d'où provenait cette magnifique musique. Au détour d'un grand chêne, je découvris l'instrument posé sur une souche. 

Il s'agissait d'une harpe dorée, de taille moyenne et dont les cordes paraissaient presque invisibles. Devant mes yeux ébahis, les cordes se pinçaient et produisaient des sons seules. Aucunes mains ne les manipulaient. Paniqué, je sortis mon épée de son fourreau et hésita à faire demi-tour. Quelle était donc cette sorcellerie ? Poussé par la curiosité et dominant ma peur (l'on me disait courageux !), je m'avançais prudemment pour observer la harpe de plus près. Une brindille se fendit sous ma botte. J'eus l'impression que le bruit s'était propagé à travers toute la forêt. La mélodie s'arrêta et les cordes s'immobilisèrent. Plus aucun son ne parvenait à franchir le seuil de mes lèvres. On aurait dit que la forêt retenait son souffle. Ce fut le silence le plus angoissant que j'eus jamais connu. 

Et puis soudain, tels des ciseaux déchirants la toile fine d'entre les mondes, une vive lumière blanche éclata sous mes yeux. J'en aurais juré les anciens dieux qu'elle sortait tout droit de la harpe. Ébloui, je clignais plusieurs fois des paupières et me protégeait un peu en mettant ma main gauche en paravent. Étais-ce encore de la sorcellerie ? J'en doutais fort car malgré l'intrigante lumière, je me sentis rassuré. Peut-être s'agissait-il d'une magie bénéfique ? Pendant que je me posais moult questions, je vis que la lumière aveuglante diminuait progressivement. Néanmoins, Méfiance me fit dégainer l'épée.

- Halte, qui que vous soyez ! m'écriai-je d'une voix qui se voulait forte

- N'ayez aucune crainte, noble chevalier ! Votre venue ici ne pourrait être le fruit du hasard, clama une voix sortie de nulle part mais dépourvue d'hostilité

La lumière avait cette fois complètement disparue. La clairière était maintenant redevenue normale, à un détail près. Je n'étais plus seul. Une dizaine de personnes m'entouraient, enveloppées dans de sombres capes sales qui dissimulaient leurs visages. Une cape, plus blanche que les autres, avança en ma direction sans un bruit et me tendit sa main. Celle-ci était ornée d'un triskell. 

Je compris au premier coup d'œil. Mon père m'avait souvent raconté des histoires au sujet de ces mages qui habitaient la forêt et qui veillaient à l'équilibre de la nature. Je n'y avais guère prêté attention jusqu'à lors. On disait que les druides étaient une légende et que seuls les Elus avaient la chance de pouvoir les apercevoir. 

Stupide sot ! Pensais-je, il n'y a aucune chance pour que tu sois l'un d'entre eux ! Voyant que je ne réagissais pas, la main tendue pointa du doigt mon fourreau.Je savais que les druides n'avaient nulles mauvaises pensées, ainsi dans un bruit mat, l'arme regagna son logis. Apparemment satisfaite, la main retomba le long de son corps et d'un brusque mouvement de la tête, la cape fut rejetée et je pus enfin voir le visage de mon mystérieux interlocuteur. 

Il s'agissait d'un homme entre deux âges. Aucune ride n'était présente sur son visage pourtant ses yeux d'un vert profond reflétaient la sagesse des anciens. Une longue chevelure argentée lui descendaient jusqu'au bas de ses reins et, bien que vêtu très humblement, juste pourvu d'une toge d'une éclatante blancheur qu'il portait en dessous de sa cape qui me paraissaient maintenant assez grise, tout son être inspirait le respect et la connaissance. S'agissait-il du Grand Auspice ? 

Impressionné, je m'agenouillais devant lui. Autour de nous, plusieurs autres visages se dévoilaient à moi. Des femmes, des vieillards et même des enfants. Ainsi donc était constituée la communauté des druides. Tous différents par les âges et par les apparences mais gardant un seul point commun : les yeux couleur de la forêt.

- Etes-vous venu en ce lieu pour vous prosterner Chevalier ? me demanda le sage.

- Je l'ignore, répondis-je en stricte vérité

- Ce que vous n'ignorez sans doute pas, c'est que la fête du Beltaine commence à l'aube. Votre Roi négligerait donc les anciennes coutumes ?

- Non point, j'en doute. Le banquet est prévu pour demain soir.

Le prêtre hocha de la tête et fit signe à ses comparses. Ceux-ci se dirigèrent vers la Vallée Sacrée, aux frontières du royaume d'Arthur.

- Puisque vous êtes là, Chevalier, inutile de rebrousser chemin. Prenez garde à ne pas vous égarer, l'heure la plus sombre est celle qui précède l'aube, m'annonça-t-il gravement

Suite à ces paroles énigmatiques, je me relevais et inquiet, jetais un regard derrière moi. Les autres devaient m'attendre et ma monture risquait de se perdre dans la nature, il était encore temps de rebrousser chemin. Percevant mon hésitation, le grand prêtre s'arrêta et me regarda fixement.

- A votre place, vos amis n'auraient pas hésité une seule seconde.

Puis, il se retourna et continua sa route sans se soucier si j'allais le suivre ou pas. Je serrais les dents. Il savait donc réellement qui j'étais. Malgré les preuves évidentes de ma loyauté envers Camelot, je ne pus m'empêcher de penser que c'était lui qui m'avait guidé grâce au son mélodieux de la harpe. Sir Lancelot, lui, aurait sauté sur l'occasion. Même si je ne possédais pas sa grande vaillance, je ne pouvais pas abandonner devant l'inconnu. Un chevalier de Camelot ne reculait jamais devant le danger, jamais. Sur ce, je m'élançais à la suite des druides sans un regard en arrière.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 01, 2016 ⏰

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