les encres, le café, Joplin

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L'odeur des encres et du café enveloppait la maison, de la bibliothèque où j'avais entreposée mes toiles jusqu'à la cuisine.

Des pots de peinture et des brouillons de visages, à peine expressifs étaient posés à même le sol. N'étant pas à l'aise sur une table trop haute pour mon corps, et ridicule avec mes pieds qui resteront sans support, j'investissais depuis quelques mois le parquet. Cela adoucissait aussi un mal de dos désagréable. Vous savez, celui qui vous donne la mauvaise impression d'avoir des épines qui poussent en bas des reins.

Janis chantait à la radio, faisant sonner sa voie cassée à coups de "Kosmic blues", laissant toutes ses émotions planer à la guitare. J'aimais cette femme, réputée auparavant pour son physique banal, qui l'avait profondément blessée avant de chanter, les poumons grands ouverts, dans le plus impressionnant festival des années 60. Il m'arrivait de l'accompagner avec ma voie trop effacée -Même si je ne chantais pas faux, elle était semblable à un chuchotement- tout en dessinant.

Entre deux gorgées de café, le portrait d'une jeune femme avançait, clairsemé de teintes orangées, de grands yeux et un air d'enfant oubliée. Un sourire de satisfaction se dessina sur mon visage, mettant en valeur la boule de piercing juste en dessous de ma lèvre inférieure :

La jeune femme semblait vivante. Sans faux semblants, un peu déboussolée, mais une véritable émotion donnait vie à ma fille de papier. Mon épreuve matinale était finie. Il était tant de m'offrir un plaisir toxique, qui durera une dizaine de minute, avant d'attaquer mes activités "d'adulte responsable, sans rêves, sans peinture, et sans personnages de papiers".

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