Mifépristone.
C'est ce que m'a donné le médecin.
« Tu veux qu'on te laisse seule ? »
Je lève les yeux vers Lila. Elle tripote l'une de ses tresses rousses, nerveuse.
« Oui. »
Lila acquiesce, rassemble ses cours de biologie, et déclare qu'elle va réviser à la bibliothèque. Je m'attends à ce que Coralie proteste. Elle n'en fait rien.
« Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit, Iris. Je serai chez moi. N'hésite pas, d'accord ? Appelle. »
Elle sourit, m'ébouriffe les cheveux, quitte la chambre.
Je suis seule avec le Mifépristone.
Je regarde le verre d'eau posé sur la table. Le Mifépristone à côté de lui.
Si je l'avale, je prends un autre médicament dans quarante-huit heures, et c'est fini.
Tout est fini.
Plus de grossesse, plus de fœtus, fini.
Je pourrais recommencer.
Non, non.
Je ne suis pas obligée de prendre le Mifépristone, je ne suis pas obligée d'avorter.
Je peux attendre que le fœtus grandisse, accoucher, devenir maman...
Non.
Cette histoire a assez duré.
Une semaine que je sais que je suis enceinte, une semaine que je ne prête plus aucune attention à mes études, que je ne pense qu'à la soirée et à Aidan.
Il faut que j'arrête.
Que je prenne une décision maintenant...
Je le garde.
Je me relève, m'apprête à jeter le Mifépristone à la poubelle, pour éviter de changer d'avis.
Qu'est-ce que tu fais, Iris ?
Je le garde.
Tu n'as même pas ton propre appartement !
Je le paierai.
Avec quel argent ?
Je me trouverai un petit boulot, je ferai ce qu'il faut...
Et la médecine ?
J'abandonne.
Tu es sûre ?
Je m'immobilise.
Le Mifépristone est encore là, dans ma main.
La médecine, mon rêve, depuis toute petite. Je ne peux pas arrêter maintenant, mais...
Je referme le poing.
Je hais ma conscience, je me hais, je me hais, je me hais.
Avale ça, Iris. Ce sera terminé. Ça vaut mieux pour toi et pour le fœtus, tu le sais.
Je pourrais l'élever...
Toute seule ?
Aidan m'aidera.
Aidan ne t'aidera pas, et pourtant tu auras besoin d'aide. Tu ne peux pas te reposer sur tes parents, ni sur tes amies, du moins pas éternellement...
Je trouverai un moyen.
Franchement, Iris, fais le compte. Dix-huit ans. Pas de logement. Pas de métier. Pas d'argent. Pas de copain. Tu ne sais même pas faire cuire des pâtes ! Tu ne peux pas le garder. En plus de détruire ta vie, tu détruirais celle de l'enfant. Quel avenir aurait-il, si tu ne peux pas lui payer ce dont il a besoin ? Au fond, tu sais ce qui est le plus raisonnable...
Je glisse le Mifépristone sur ma langue.
Les gorgées d'eau que j'avale se mêlent à mes larmes.
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Fin du chapitre, j'espère que vous l'avez aimé !
A demain pour la suite, bisouus ♡
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Iris
RomanceJe n'ai jamais été du genre à me poser des questions. Je savais ce que je voulais, et je me donnais les moyens de réussir. D'ailleurs, tout aurait très bien pu se passer comme prévu. J'aurais réussi brillamment mes études de médecine, j'aurais con...