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Une vitre nous sépare.

Une large vitre, infranchissable.

Ma mère et moi sommes face à face.

Je remarque pour la première fois les sillons que l'âge creuse dans son visage, la tristesse de son sourire.

Elle pose la main sur la vitre.

« Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? »

Je hausse les épaules. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'étais trop loin, sans doute. Je ferme les yeux. Lorsque je les ouvre à nouveau, la vitre a disparu. Ma mère aussi.

Paniquée, je regarde autour de moi.

Je ne vois rien. Je suis seule, au centre d'un cercle de lumière, et rien.

J'ai pourtant l'impression qu'on me poursuit. Que quelqu'un, quelque chose, arrive. La peur me serre les entrailles.

Sans réfléchir, je cours, pour m'échapper, pour m'enfuir, pour sortir de ce tunnel noir qui n'en finit pas.

Je sais que la chose se rapproche. Il faut que je coure plus vite.

Je n'y arrive pas. Mes muscles se relâchent, mes jambes s'alourdissent, mes yeux se ferment. Je suis fatiguée, fatiguée, fatiguée...

J'aimerais tellement... Cesser de lutter.

Je ne me sens même pas tomber au sol. Je veux juste dormir. Dormir, pour toujours.

Une ombre caresse ma peau, me serre entre ses bras, dans une étreinte mortelle. Un long frisson me parcoure.

Son souffle glacé effleure mon cou.

Et elle chuchote :

« Réveille-toi, Iris. »

Iris Où les histoires vivent. Découvrez maintenant