Éphémère

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Je la contemplais dormir, elle, à la lumière
Des rideaux diaphanes, jetant leur clairvoyance
Crue au visage de l'humaine qu'est ma mère ;
Et je vis tant, je sus tant, macabre avance !..

Son être bosselé, sillonné, balafré
De rides et de montagnes, cabossées
Par deux pommettes et l'arrête d'un nez ;
Après moi, c'est donc la vieillesse qui est née.

Supplice de ta vue, et mon âme se tord,
Petite sœur infâme qui donne la mort !

La vieille femme dormait entre deux draps chauds,
D'une expression fragile ; et moi j'étais amer,
En silencieux dégoût pour cet affreux cachot ;
Cet être qui m'est cher s'évanouit, éphémère...

T.

À l'orée du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant