L'exocet

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Il est dit d'un poisson qu'il souhaitait les ciels,
En nageant, envieux délicieusement,
Ce poisson-ci guettait les rayons pénétrant
La mer, sous un soleil tendre comme du miel.

Il est dit que plus tard, tout au fond de ses eaux,
Le tout petit poisson vola à un oiseau
Une belle paire d'ailes, et ce faisant,
Prit au ciel un peu de son modeste présent.

Ce poisson qui voyait au-delà de l'écume,
Ainsi chaussé, ravi, tenta de s'envoler.
Il perça la surface ! Et, embrun dans la brume,
Dut retomber dans l'eau. Mais il était ailé ;

Il sauta de nouveau ; ses écailles brillèrent
Aux rayons du soleil. Sans besoin de prières,
Ce si jeune poisson convoitait l'horizon ;
Et il l'avait touchée au fil d'une saison.

Sautant la frontière entre la mer et la nue,
Il prit nom d'exocet à l'aval des nuages.
Baignant dans les grands ciels, et ainsi parvenu,
Le poisson partit pour le plus beau des voyages...

T.

À l'orée du tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant