- 1, 2, 3... TEQPAF !

Je léchais à toute vitesse le petit tas de sel posé sur le dos de ma main gauche, bu mon shot de tequila et croqua dans le citron vert que tenais dans ma main droite. Je grimaçais en lâchant un grognement rauque. L'alcool m'avait brûlé la gorge et le citron m'avait laissé un goût à la fois amer et acide sur la langue. Je lécha le liquide qui me picotait les lèvres. C'était l'alcool ou bien le citron. Ou peut-être les deux.
La soirée battait son plein. Nous étions toutes debout autour de la table de la cuisine en train de discuter et rire.

Maya grande blonde aux cheveux frisés parlait avec Mélanie une collègue de travail et Laure petite rousse pulpeuse. Elle leur racontait les derniers ragots du quartier et ses projets de destinations de rêves pour cet été. Rachel quant à elle discutait mariage avec Charlie mon autre meilleure amie. Cette dernière souriait et hochait la tête à chaque parole que disait Rachel en s'allumant une cigarette. Je voyais clairement qu'elle n'en avait rien à faire des wedding cake et de la longueur idéale que devrait faire un voile de mariée. L'intérêt de Charlie pour le mariage était proche de 0. Elle était encore plus résignée que moi à ne pas se marier. On avait même prévu secrètement de vivre toutes les deux dans une grande maison remplit de chat si dans 20 ans on était encore célibataire. Je souriais niaisement devant ce tableau ridicule de nous deux déguisées en Madame Doubtfire au milieux de pleins de matous. Mais j'oubliais mon but principal ! Il fallait que je leur dise l'information capitale que j'avais découverte plus tôt. Tant bien que mal j'essayais de regrouper mes idées. L'alcool que j'avais ingurgité n'aidait en rien. Je saisissais un verre à vin à moitié rempli. A l'aide du revers d'un  couteau je tapais dessus afin d'attirer l'attention de tout le monde. Après quelques tintements bruyants tout le monde avait les yeux rivés sur moi. D'une voix claire et intelligible j'annonçais calmement :

- Les filles tout d'abord merci d'être là, ça me fait vraiment plaisir. J'ai quelque chose à vous annoncer. Bon je me lance... Jorah et moi c'est fini.

L'assemblée était muette et me regardait avec des yeux ronds.

- Oh mais pourquoi ? Que s'est il passé ? Dit Rachel en se précipitant sur moi.

- Il m'a dit qu'il avait trouvé quelqu'un de mieux. Mais attendez de savoir ce que j'ai découvert !

Le suspens était à son comble. Je pouvais presque entendre un roulement de tambour. Ou était ce l'alcool qui me jouait des tours ?

- Il est gay. Il m'a quittée pour un homme. C'est sûr je l'ai dégouté des femmes à vie...

Au bord des larmes j'attendais une réaction de mon audience. Je les regardais interrogatives. Réagissez bordel ! Puis enfin une réaction. Mais pas celle que j'attendais. Tout le monde se mit à rire. Toutes sans exceptions. Elles riaient à gorge déployée. J'étais interloquée. Ce n'était pas une histoire drôle. Je me sentais humiliée. Des larmes commençaient à se faire sentir au coin de mes yeux. Une fois le fou rire collectif passé Maya s'avança et déclara :

- C'est pas grave Marion. Jorah était un abruti de base et le fait qu'il t'ai lâchée le prouve encore plus. T'es belle, intelligente, drôle et tu mérite mieux.

- Pourquoi vous avez toutes ri alors ? C'était pas drôle. dis-je vexée en croisant les bras sur ma poitrine.

- On est d'accord c'est plutôt ridicule comme histoire, dit Charlie mon amie au long cheveux brun. Mais on est avec toi et je suis d'accord avec Maya ce mec ne te méritait pas. C'était pas vraiment sérieux de toute façon. Dès ce soir tu vas trouver un nouveau prétendant j'en suis sûre.

Elle me déposa un baiser sur la joue avant de lever son verre de vin.

- A la nouvelle vie de célibataire sans plan cul de Marion.

- A la nouvelle vie de célibataire sans plan cul de Marion ! s'exclamèrent les filles en cœur avant de boire ce qu'il y avait dans leur verres respectifs.

Tout le monde se précipita sur moi. J'étais inondée de baisers et de câlins. Je détestais ces moments de preuves d'amour et d'affections. C'était trop. Je n'avais pas besoin d'être réconfortée. J'étais une femme forte et indépendante certes nulle en amour mais je le vivais bien. J'arrivais enfin à m'extirper de l'élan d'amour de mes amies pour saisir la dernière bouteille de vodka qui trônait sur la table de ma cuisine. Il en restait un quart. Dans un élan de lucidité douteuse je décidais de finir le fond de la bouteille en le buvant d'une traite au goulot.

Ce fut la première mauvaise idée de la soirée.

Les pires restaient à venir.

La vie est un tourbillon d'emmerdes.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant