Chapitre 7 - London's Meeting

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Violet




Scotland Yard était un immense bâtiment carré composé de six étage et d'un rez-de-chaussée. Quatre tourelles rondes ornaient ses façades où, sur les trois derniers étages, des rayures blanches et grisâtres barraient les murs austères et froids. De grandes fenêtres quadrillées donnaient sur la rue où circulaient des cochers, éclairés seulement par les lumières des lampadaires de la rue. De petits bateaux effilés striaient la Tamise de vaguelettes tristes qui mourraient aussitôt. C'était tout ce que j'avais pu apercevoir avant d'être tirée hors de l'habitacle par l'Inspecteur Black.

La pièce dans laquelle on m'avait fourrée était coquette et ne ressemblait en rien à l'image que je m'étais faite des interrogatoires menés par la police londonienne. Ni trop grande, ni trop petite, ses murs étaient décorés d'une fine tapisserie chocolat et d'un lambris sombre qui lui donnait une allure noble et sévère. Un grand lustre baignait l'endroit d'une lueur orangée et chaleureuse, bien différente de la brume grisâtre qui étouffait la nuit qui, au dehors, recouvrait la ville. Je frissonnais en m'imaginant la fraîcheur qu'il devait faire dans le ventre de la citée. Je me trouvais un instant reconnaissante du grand feu qui brûlait les quelques bûches dans la cheminée de bois. Puis, je me rappelais qu'il n'y avait aucune raison pour que je me trouve ici et ma colère remonta d'un cran. J'avais été trainée hors de mon lieu de travail alors que rien ne prouvait de mes liens avec l'affaire de l'assassinat de Maybel Thomas ou peu m'importait son nom. Certes, je l'avais vu, cet assassinat. Mais personne n'était au courant. Personne. La police avait-elle le moindre indice ? Non. Cet idiot de Bridgewater pouvait bien dire ce qu'il lui chantait, c'était ma parole contre la sienne ! Oui et l'on croirait probablement plus un lord de bonne famille, respecté et apprécié par ses pairs qu'une pauvre fille, prostituée de profession et qui ne manquerait à personne. Je maudis mon amant et ses satanées rouflaquettes. Qu'il aille au diable !

Un toc toc timide me hérissa le poil alors que mes yeux jetaient des éclairs à la porte. Une silhouette fine apparut et un jeune homme se présenta devant moi.

_Pardonnez moi, Miss. Je vous apporte un café.

Sa voix timide m'agaçait. La moindre petite chose me mettait sur les nerfs. Même cette boisson fumante répugnante et noire qu'il posait devant moi.

_C'est ça ! reniflais-je de dégoût. On me jette ici comme une moins que rien et ensuite vous êtes aux petits soins avec moi ?

Le jeune homme blond eut un mouvement de recul alors que je le fusillais du regard.

_Traitez moi comme un coupable ! Comme un assassin si c'est ce que vous pensez ! Jetez-moi dans vos prisons ! Allez-y !

Il recula de quelques pas et tendis ses bras devant lui, comme pour se protéger de ma fureur. Il tenta de bafouiller quelques mots, mais seuls quelques sons inintelligibles sortirent de sa bouche.

_Nous n'avons jamais dit que vous étiez coupable, Miss White.

Je reconnus la voix de l'Inspecteur Black sans avoir à tourner la tête vers l'encadrement de la porte. L'attention toujours rivée sur mon ancienne proie, je toisais le garçonnet qui se prenait pour un policier de tout le mépris dont j'étais capable.

_Vous pouvez sortir, Sanders, l'autorisa son supérieur.

Il prit ses jambes à son cou, non pas sans une dernière réplique de ma part.

_Et je n'aime pas le café ! Du thé ! Du thé ! C'est du thé que boivent les londoniens ! vociférais-je comme une furie.

Mais l'autre avait déjà disparu dans le couloir en claquant la porte derrière lui. Sanders, n'est ce pas ? Je m'en souviendrais.

Victorian HuntingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant