Matthieu

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Jour n°2348

Cible : Matthieu, mâle de type beau gosse, ascendant gros lourd

Tentative(s) : 1

Mon humaine a encore ramené un autre être de son espèce inférieure à la maison. Grâce à l'air de merlan frit avec lequel elle l'observe, je sens que le mâle lui fait de l'effet.

Ils sont tout deux installés à table, discutant de choses sans intérêts, de leurs devoirs à faire tout en sirotant une tasse de la boisson amère et noire -comme le fond de mon âme- appelée café.

Depuis que le mâle est dans la pièce, mon humaine glousse, joue avec ses cheveux blonds et tente de lui faire comprendre en battant des cils qu'il lui plait. L'autre lui adresse des regards lourds de sous-entendus ainsi que des sourires charmeurs.

Mon humaine, ne m'oublies pas ! 

Je miaule, tentant vainement d'attirer son attention vers mon auguste personne.

Elle tend à peine son bras, caressant le haut de mon crâne avant de se retourner vers le mâle.

« Il n'est pas possible, toujours à miauler pour rien, celui-là. »

Celui-là. Moi, son Silvestrounet d'amour chéri, je ne retrouve réduit à un dédaigneux celui-là

Et elle le dit en gloussant stupidement.

Les humains sont répugnants.

Mais elle s'empresse d'ajouter, comme si elle avait lu dans mes pensées :

« Mais il est mignon quand même.

- Moins que toi, réponds le mâle en chaleur tout en glissant sa main pleine de doigts sur le visage de mon humaine. »

Nouveau gloussement. Accompagné de battements de cils plus qu'insistants.

Je ne peux tolérer qu'il s'approprie mon humaine.

Ils semblent ne plus s'intéresser à leurs livres de mathématiques et se fixent dans le blanc des yeux. Je pourrais presque entendre leurs sales pensées. Puis le mâle se penche vers mon humaine avec la ferme intention de poser ses lèvres gluantes contre les siennes. Beurk.

Je vais devoir passer à l'action.

Je bondis sur la table, les faisant sursauter. Mon humaine reverse au passage le café sur la table et sur le mâle. Ce dernier laisser échapper un cri de fillette lorsque le liquide chaud se déverse sur son pantalon, imprégnant le tissus et entrant en contact avec sa peau.

« Oh ! Je suis désolée Matthieu ! Je ne voulais pas !! »

Mon humaine se perd dans d'inutiles excuses, mais le mâle est trop occupé à constater les dégâts sur son jean de marque à 300 balles pour l'écouter.

« Il était neuf, putain ! Comment je vais rattraper ça !? T'es vraiment maladroite comme fille ! »

Le mâle, à présent bien refroidit, s'empare de son sac à dos et file hors de la maison, pestant encore et toujours pour son pauvre pantalon trempé.

Dévasté, le regard bleuté de mon humaine passe de la chaise vide au du café renversé, puis à la porte qui se referme en claquant.

Elle soupire.

« Qu'est-ce que je suis nulle avec les garçons... »

Je me glisse à ses côtés, venant frotter ma tête contre son bras. Et le coup de grâce : je ronronne.

« Heureusement que tu es là, Silvestre ! Qu'est-ce que je ferais sans toi ? »

Elle me prends dans ses bras, me couvrant de caresse et de marques d'affection.

Encore une journée bien remplie qui s'achève. Et une victoire pour Silvestre.

Félin pour l'autre [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant