Petit chapitre hors série.
Je me souviens du jour où j'ai vu ma mère pour la dernière fois. Étrangement, il coïncide avec ma rencontre avec mon humaine.
J'étais encore un bébé à l'époque. Un petit être fragile et misérable, incapable de grimper l'escalier sans rester coincé sur la troisième marche.
Pathétique.
J'avais des frères. Et une sœur aussi. Je ne sais plus trop. On jouait souvent ensemble, on se chamaillait pour le lait de maman. Elle nous regardait faire avec tout l'amour qu'une mère peut porter à ses enfants.
Elle m'a manqué pendant longtemps.
Puis j'ai compris que je ne la reverrais plus jamais. Alors j'ai arrêté de penser à elle.
Nous vivions dans un petit appartement avec un humain. Haut de plusieurs mètres, il me surplombait de toute sa hauteur. Un géant.
Et il me faisait terriblement peur, comme tout les autres représentants de son espèce.
Un jour, alors que je somnolais tranquillement contre ma mère, des gens entrèrent dans la maison. Il y avait ce monsieur aux cheveux noirs, arborant une fine moustache et une chemise à carreaux d'une grande beauté.
Derrière lui, se cachait celle qui allait devenir mon humaine.
Elle n'était pas bien grande, mais elle avait déjà ce joli sourire qui allait attirer les mâles en chaleur quelques années plus tard. Le géant vint les accueillir. Je tendais l'oreille pour les écouter, mais le sens de la conversation m'échappait.
« Les chatons sont là, vous pouvez les approcher. Ils sont très joueurs pour la plupart, vous allez voir ! »
L'étranger poussa doucement sa fille vers mes frères et sœurs.
« Vas-y Lucie, choisi celui que tu préfère. »
L'humaine s'approcha donc et ma fratrie s'empressa d'aller à sa rencontre. Ils lui tournaient autour, lui sentant les mains et ronronnant à chacune de ses caresses.
Moi, complètement effrayé par ces inconnus, je filais me cacher sous la table.
Sauf que l'humaine me vit faire.
Et comme elle pensait que c'était un jeu, elle délaissa les autres pour venir me voir.
Nous tournâmes un moment autour de la table, dans une partie endiablée de chat et de la souris. Et le comble pour le félin fut d'endosser le rôle du rongeur.
Elle fini par m'attraper.
Je cru que j'allais mourir. Mon petit cœur battait à tout rompre, mes yeux s'écarquillèrent de terreur.
Mais elle ne me fit pas mal. Au contraire.
Sa main me caressa la tête, provoquant une foule de nouvelles sensations en moi. La peur, la surprise, toutes deux s'envolèrent rapidement et laissèrent place à la méfiance. Mes yeux bleus fixés sur elle, je regardais cette humaine sans comprendre le sens de son geste.
« Toi, souffla-t-elle avec un fin sourire. T'es le plus mignon ! »
Sa douce voix fut telle une mélodie à mes oreilles et peu à peu, je me détendis dans ses bras. La méfiance se mua alors en un tout nouveau sentiment. L'amour.
Elle rayonnait, tel un Soleil, me réchauffant de sa présence et de sa tendresse.
Et je me suis dis que j'allais pouvoir l'aimer.
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Félin pour l'autre [en pause]
Humor" Jour n°2348. Mon humaine a encore ramené un autre être de son espèce inférieure à la maison. Avec l'air de merlan frit avec lequel elle l'observe, je sens que le mâle lui fait de l'effet. Je ne peux tolérer qu'il s'approprie mon humaine. Je...