Eric

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Jour n°2353

Cible : Eric, mâle de type livreur de pizza, sous-espèce pot-de-colle

Tentative(s) : 4

Certains des mâles de l'espèce humaine sont particulièrement têtus. Eric, livreur de son métier, fait parti de ce genre d'individu prêt à tout pour obtenir ce qu'il désire.

Et l'objet de ses convoitises se trouve être mon humaine.

Il revient toujours à la charge, malgré mes nombreux regards noirs et les griffures le long de ses jambes. Je regrettais presque de ne pas être un chien stupide, le regard niais et la langue pendante pour avoir plus de faciliter à le chasser d'ici. 

Je vais devoir frapper un grand coup cette fois-ci. Pour le dégoûter totalement.

Et lui faire comprendre que ses pizzas au saumon ne sont pas si bonnes que ça.

Mon humaine est installée sur le canapé, les doigts de pied en éventail. Elle est au téléphone avec le livreur. Je le sais car elle enroule une mèche de cheveux autour de son index, tout en essayant de prendre une voix sensuelle.

Je viens donc la rejoindre, lui offrant l'honneur de ma présence à ses côtés.

Très vite, ses doigts viennent se perdre dans mes longs poils blancs, alors qu'elle se met en quête DU point magique pour me faire ronronner.

« Oui ce sera tout, Eric ! Et n'oublies pas les petits bouts de saumon pour Silvestre ! Il adore ça ! »

Si j'avais eu des sourcils, je les aurais froncé. Certes, le poisson est mon petit pêché-mignon, mais elle n'avait pas besoin de le crier sur tous les toits. Est-ce que je dis qu'elle dévore des pots entiers de glace à la fraise devant Titanic, moi ? Bien sûr que non. Les chats, ça ne parlent pas.

Elle remercie bidule et raccroche pour enfin s'occuper pleinement de moi.

Le bonheur.

Soudain, au bout de quelques minutes à peine, l'engin diabolique à deux roues se fait entendre dans la rue.

« Oh c'est lui !!, s'écrit mon humaine en sautant hors du canapé et m'envoyant valser par la même occasion. »

Heureusement que nous autres félins avons de bons réflexes et une incroyable capacité à toujours retomber sur nos pattes. Mais je suis quand même surpris, écarquillant grand les yeux.

Les humains sont si violents...

Elle se met donc à tourner en rond dans la pièce, mettant de l'ordre dans ses cheveux et réajustant son décolletée pour valoriser ses attributs mammaires peu proéminents. Le tout en piaillant comme un canari.

« Oh la la la ! Qu'est-ce que je vais pouvoir lui dire !? Il est si craquant avec ses yeux bleus profonds !! »

Tu pourrais lui dire de ne plus jamais t'adresser la parole. Entre autres. Et puis j'ai également des yeux bleus profonds et elle ne m'en fait pas tout un plat.

La sonnette résonne, faisant se dresser tous les poils de mon corps. Mes sens sont en alertes, je tends les oreilles, je fixe l'entrée avec intérêt. L'ennemi est là.

Mon humaine s'empresse d'aller l'accueillir et je la suis de près, bien déterminé à prouver que c'est moi le patron.

Les humains discutent. Sagement posé aux pieds de mon humaine, je savoure cette odeur de poisson qui monte jusqu'à mon museau. Puis, je vois mon humaine entrouvrir la boîte et me tendre une délicate offrande.

« Regarde, Silvestre. Un peu de poisson pour toi. »

J'ai comme l'impression qu'elle m'utilise pour montrer au mâle que ses pizzas sont tellement bonnes que même les chats ne peuvent pas y résister.

Eh bien, entrons dans son jeu, alors. Mais il ne va pas être déçu, le livreur.

Je me dresse donc sur mes pattes arrières, rendant la scène encore plus choupinette et attrape avec appétit le morceau de saumon. Pas mauvais, certes. Je le mâchouille un peu... Avant de tout vomir sur les belles baskets du mâle humain.

Son visage se décompose alors que mon humaine pousse un cri de surprise.

« Oh mon Silvestrounet !! Tu es malade mon chat !? »

Elle repousse le carton de la pizza diabolique dans les bras du livreur et s'empresse de s'accroupir à mon niveau. Je feins l'empoisonnement et me laisse mollement tomber dans les bras de mon humaine.

Certes, je viens de gaspiller du poisson de qualité, mais voir la tête déconfite du mâle méritait au moins ce petit sacrifice. Surtout que mon humaine commence à s'énerver et critique le livreur qui a tenter de mettre fin à mes jours. Elle le met presque dehors à coup de pied au derrière.

Une fois le malotru banni de chez nous, elle file dans le canapé avec moi et me couvre de caresses et de petits mots doux.

C'est fou comme je me sens de suite mieux, à présent.

Encore une journée bien remplie qui s'achève. Et une victoire pour Silvestre.  

• ♥ • ♥ • ♥ •

Et voilà le deuxième chapitre des aventures de Silvestre touche à sa fin ! J'espère qu'il vous a plu et encore merci pour vos petits commentaires du chapitre 1, ils me motivent pour faire encore et toujours mieux ♥

Félin pour l'autre [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant