Chaud bizness 2 - Quand fond la glace

8 - Difficultés créatrices

Dans un mouvement élégant, Ice s'installa à la place qui lui était réservée, replaçant le tissu de son pantalon avec élégance. Le col montant de son chemisier était un peu trop rigide à son goût, aussi l'avait-elle ouvert plus largement que prévu. Son décollé était ainsi plus provoquant, ce qui n'était pas ce qu'elle avait voulu. Si elle n'était pas contre l'idée de se présenter en femme séduisante, elle ne voulait pas donner l'impression de se reposer sur son physique. Pas sous sa casquette d'actrice débutante

Anastasia se tenait à ses côté, superbe dans son tailleur-pantalon blanc. Rien sur son visage ou dans son attitude ne laissait transparaître les inquiétudes qui la rongeaient. Elle était souriante et avait l'air parfaitement heureux d'être là. Cette femme était vraiment une excellente actrice : quelques minutes plus tôt seulement, elle l'avait entendu expliquer à Nayel que son frère l'inquiétait de plus en plus. Les résultats de ses examens étaient arrivés négatifs,ce qui avait été un soulagement. Maintenant, il fallait gérer avec les séquelles psychologiques que cette longue attente avait laissée sur lui. Et sur le reste de sa famille. Anastasia était donc autant soulagée qu'inquiète.

Nayel se tenait un peu plus loin, ainsi que la majeure partie de l'équipe du film pour cette première conférence officielle.le scénariste était éblouissant, et ce n'était pas qu'une façon de parler. Sa chevelure d'un roux flamboyant et son style déstructuré attirait autant l'oeil que les commentaires. Ice ne comprenait pas tout ce qu'il portait. Il semblait que le pantalon soit un patchwork de Jean et de tissus à carreaux rouges. Son T-shirt était dans les dominantes noires et elle était bien incapable d'en comprendre les motifs, sans doute à cause des multiples et lourds colliers qui le recouvraient. Il portait une veste en jean qui n'était pas plus logique : que faisait une épingle à nourrice là-dedans? Pour une fois, une tenue masculine serait plus commentée que les tenues féminines. Ca allait être rafraîchissant.

Mais Nikaï était absent.

Le styliste s'était excusé quelques heures plus tôt : les derniers changements lui avaient apportés beaucoup trop de travail, il n'avait pas de temps à perdre. S'étaient ses propres mots. Nayel en avait rit, mais pas le producteur. Nikaï était un atout pour le film. Bien qu'elle n'en ait jamais parlé, Ice était persuadé que si on lui donnait sa chance, c'était pour s'assurer de la participation de Nikaï. Ice n'avait aucune expérience dans le cinéma, même pas des petits rôles dans des séries, même pas des scènes coupées au montage. Sa seule expérience du jeu d'acteur était sur le podium ou dans des pubs. Et on ne lui demandait pas d'être l'actrice du siècle.

Nikaï avait refusé de nombreuses collaborations cinématographiques auparavant. Il disait que cela limitait sa créativité, que les contraintes étaient trop importantes, qu'il préférait travailler pour lui-même plutôt que pour quelqu'un d'autre.  Il n'avait jamais été question d'argent mais uniquement de liberté créatrice.

Pourtant, il avait accepté de travailler pour Circus. Ils en avaient longuement parlé, Ice et lui. Il avait réfléchit, hésité, changé d'avis plusieurs fois avant d'accepter. Cette amitié reconnue et affichée avec Ice était ce qui les liaient dans ce projet.

Amitié. C'était agréable, au début. Il était l'un des rares hommes de son entourage à ne pas la regarder comme une conquête potentiel, comme un trophée à afficher sur son tableau de chasse. Il la regardait uniquement comme une femme a habiller, comme celle qui sublimerait ses vêtements. Et inversement. Ice ne se sentait jamais aussi belle que lorsqu'elle était habillée par lui.

Elle se souviendrait toujours de l'une des robes qu'il lui avait fait porter lors de leur premier défilé commun : une merveille dans des teintes bleu glacier changeantes absolument magnifique. Importable dans la vraie vie, mais sur un podium elle s'était sentie royale. Elle se souvenait aussi du regard de Nikaï : il n'y avait alors aucun désir, uniquement de la fierté.