Chaud bizness 2 - Quand fond la glace

10 - Retournement dans le parking

Il y était parvenu. Non seulement ils avaient réajusté la robe de soirée de « Circus », mais en plus Nikaï était parvenu à s'occuper de celle demandée – exigée – par Ice, et ce malgré les contretemps, les inquiétudes et sa concentration des plus aléatoire.

Ça n'avait pas été évident. Comme pour les costumes, il s'était rendu compte à chacun de ses croquis qu'ils étaient le reflet de ses propres fantasmes... autrement dit, rien de portable lors d'une réception. Il avait dû s'y reprendre à quatre fois avant de dessiner quelque chose de correct. Du moins, une tenue qui ressemblait à autre chose qu'à des sous-vêtements particulièrement sexy. Il imaginait parfaitement bien Ice avec un soutien-gorge argenté, par exemple, ou un shorty formé d'écailles reflétant la lumière du jour.

C'était vraiment bizarre. Au fil des ans, il l'avait vêtu et dévêtu, et jamais il n'en avait ressenti d'excitation. Là, l'imaginer portant seulement une cape d'or liquide enroulée autour de son corps était un puissant aphrodisiaque.

Il se faisait l'effet d'un pervers. Ce qu'il n'avait jamais pensé être. Peut-être s'était-il trompé sur son propre compte, finalement. Peut-être qu'il ne valait pas mieux qu'un autre.

Pour tout dire, il se décevait lui-même. Jamais auparavant il n'avait eu autant de mal à créer en raison d'une libido qui ne rêvait qu'à être assouvie.

Il était malgré tout parvenu à achever la robe et maintenant, il commençait à douter... Il n'avait pas eu le temps de demander son avis à Ice, et il n'était pas certain que cela lui conviendrait...

Il claqua la portière de sa voiture, la contourna pour aller ouvrir son coffre.

Un juron lui échappa.

La boite. Avec la robe. Elle était là, dans son coffre. Et lui était chez lui. Loin de son atelier. Loin d'Ice, qui devait se rendre à l'atelier pour la récupérer des mains  expertes de Camille.

Il referma le capot et s'y appuya avec un soupir désabusé. Quatre jours de travail intensif l'avaient épuisé, et sa mémoire lui jouait toujours des tours dans ces moments-là. Maintenant qu'il y repensait, il se souvenait avoir mis la robe dans son coffre pour l'apporter directement à Ice. Il avait eu l'espoir de la lui faire essayer, pour être sûr... la catastrophe de la robe rouge sang ne devait pas se réitérer. Il n'avait pas le temps de corriger ses erreurs, cette fois-ci.

Il ferma les yeux, tentant de se souvenir ce qu'il s'était passé. Il l'avait appelée, mais elle n'avait pas eu le temps de déjeuner avec lui. Il était donc rentré chez lui... et s'était endormi. Il était retourné au bureau sans plus y penser, et ce soir était reparti sans s'en rappeler.

Ice allait être furieuse.

Et en pensant à elle...

Son téléphone sonnait, impérieux. Nul besoin de vérification pour savoir de qui il s'agissait à une heure pareille, en un jour pareil. Il hésita. S'il ne répondait pas, peut-être qu'elle laisserait couler ? Non, il ne pouvait pas. Ça ne ferait qu'empirer les choses. La dernière fois qu'il avait opté pour le silence, elle était entrée dans une telle fureur qu'il en frissonnait encore aujourd'hui.

Et puis, il avait vraiment envi de la voir dans sa nouvelle robe. Il avait dépassé le stade où il prétendait que c'était un désir purement professionnel. Non,en vérité il aspirait à admirer la façon dont le tissu coulerait sur la peau diaphane de la jeune femme. Sur ses seins qu'il espérait dépourvu de soutien, sur son ventre plat, sur ses jolies fesses...

Après une profonde inspiration censée lui donner du courage et éloigner ces pensées qui commençaient déjà à faire réagir son corps – ce à quoi elle échoua - il décrocha.