Chapitre n°21 - La mort ne donne pas de rendez-vous ?

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Lundi 26 Février 2018, Cancún.

     Les mains tremblantes accrochées à la poussette, je marche d'un pas lent jusqu'au point de rendez-vous. Après ma petite discussion avec Hailey, nous avons mit les choses au clair et il s'est avéré qu'aller à ce rendez-vous était une bonne chose, d'autant plus si j'y allais avec Matteo.

Je déglutis et continue d'avancer. Le ciel est d'un bleu éclatant, aucun nuage n'obscurcit l'horizon, et le soleil brille de mille feux en ce jour de fin février. Je relève la tête, inspirant à pleins poumons, et le vois. Il est là, à quelques mètres de moi, un bouquet de fleurs dans les mains.

Il tourne la tête dans ma direction et le sourire qu'il avait jusque là, s'évanouit, décomposant son visage par la même occasion. Il lâche le bouquet et se dépêche de venir à ma rencontre, alors que je me stoppe. Il s'approche de moi, enlève la cigarette de sa bouche et la jette au sol, puis m'embrasse la joue. Il pose sa main sur la mienne et ses yeux sombres me regardent d'un air étonné, contrarié, chamboulé. Ils se posent ensuite sur le petit garçon endormi dans la poussette. Marvyn relève la tête et me sourit, puis il me prend dans ses bras en me soulevant, me faisant tourner dans les airs.

« Quand est-il né ? me demande t-il d'une voix amoureuse.

- Il y a une semaine... je réponds la voix tremblante.

Ses sourcils se froncent et il prend mon poignet, le serrant fortement.

- Pourquoi je n'ai pas été prévenu ?! m'interroge t-il en haussant la voix.

- Je... Je n'ai pas voulu te déranger... Je...

- Me déranger ? Mon fils est né, j'aurai dû être mis au courant ! »

Il relâche mon poignet en me jetant violemment au sol et plonge ses mains dans la poussette, sortant Matteo désormais réveillé. Il le berce doucement, plaquant son front contre son visage, mais le petit garçon commence à pleurer. Il l'écarte de lui et ses sourcils se froncent. Il commence alors à le serrer, le faisant pleurer un peu plus, mais je me relève et prend mon fils de force, le plaquant contre ma poitrine.

« Redonne le moi ! vocifère t-il.

- Tu es malade ! Tu veux le blesser ?! Il est encore tout petit, Marvyn ! Je t'interdis de lui faire du mal ! je lui dis en me surprenant. »

Il prend de nouveau mon poignet et, à peine ai-je le temps de remettre Matteo dans sa poussette que Marvyn me pousse au sol, me donnant quelques coups, de violents coups dans l'estomac. Ma respiration se bloque, ma vue devient trouble et ma tête commence à vriller. J'entends des pleurs mais je ne vois rien. Tout tremble et bouge autour de moi, tout est flouté. J'appuie ma paume de main sur mes yeux et les rouvre, reprenant ma respiration.

Marvyn n'est plus là. La poussette non plus.

Je me relève rapidement et regarde partout autour de moi, mais la plage est vide. Pas un chat ne rode dans les parages. Des larmes commencent à dévaler mes yeux et je me mets à hurler. Je crie le prénom de Marvyn dans l'espoir de le voir apparaître, mais rien. Il n'est pas là. Matteo non plus. Je pleure à chaudes larmes, criant à en perdre la voix, et commence à courir dans tous les sens à la recherche de mon bébé, mais en vain. Ils ne sont plus là.

Dans un mouvement de panique, je me mets à courir jusqu'à chez Marvyn et entre en trombe dans la maison. Mon sang se glace lorsque j'aperçois Rayan, tranquillement assit sur le canapé.

Quand est-il sortit de prison ? Je croyais qu'il avait prit pour des années ?

Le frère aîné de Marvyn me sourit et vient me prendre dans ses bras, en me disant que je lui ai manqué. Je le repousse et lui demande où est son frère, mais il me répond qu'il ne sait pas, qu'il ne l'a pas vu depuis hier soir. Je pleure de plus belle et sors, me remettant à courir. Il ne doit pas être bien loin. Il n'a pas pu de toute façon.

❝𝐀bîmée❞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant