Il y avait une légère brise, un souffle, un merveilleux sentiment de confort. Une douce lumière traversait ses paupières closes et la berçait. Nonchalamment, Amaryllis tâta les alentours. Son oreiller habituellement dur avait été remplacé par un coussin moelleux et sa couverture de laine avait été changée pour une soie lisse et fraîche. Amaryllis ouvrit les yeux. Elle avait été transportée dans un tout autre lieu que sa grotte. À la place, de grandes colonnes blanches comme le diamant soutenaient un grand toit orné de sculptures représentant les Muses. Entre les colonnes se cachait une vue splendide sur une forêt dense d'un vert émeraude. Amaryllis se leva, comme bercée par le vent passant entre les colonnes. Elle avait été installée sur un magnifique lit à baldaquin aux soyeux rideaux d'un rose perle immaculé. En observant les alentours, elle vit que Wapi n'était plus là. Elle ne s'inquiétait pas pour lui, mais elle aurait aimé l'avoir près d'elle pour qu'il la rassure, bien que cet endroit ne soit pas le moins du monde effrayant. Elle marcha jusqu'à des escaliers de marbre descendant vers un ruisseau cristallin. Là, Amaryllis s'agenouilla et se rinça le visage pour réfléchir.
«Mais où suis-je? Pourquoi ces Muses sont-elles si mystérieuses? Pourquoi m'ont-elles amenée en ces lieux?»
Tant de questions l'intriguaient! Amaryllis regarda son reflet dans l'eau et tenta du mieux qu'elle put de voir la couleur de ses yeux, mais rien n'y fit. Elle balaya l'eau de la main et versa une larme. Elle ne put se retenir et laissa couler les autres. Cette peine semblait venir de nulle part, comme si son coeur lui criait de lâcher prise. Elle n'était pas triste, mais elle pleurait. Des larmes de fatigue autant que de solitude. Oui, sa solitude devenait insupportable. Sans son hérisson, Amaryllis serait sûrement au désespoir. La jeune orpheline avait trop souvent eu peur et trop souvent essayé de s'intégrer. Elle ne pouvait pas simplement débarquer comme ça, elle avait trop peur des gens. Amaryllis se laissa tomber sur l'herbe fraîche et essuya ses pleurs.
«Ça va mieux... reprends-toi, Amaryllis, reprends-toi!»
Elle tourna la tête vers le temple aux colonnes. Dans l'escalier se tenait une jeune et grande femme aux yeux d'un bleu océan et aux cheveux attachés en toque d'une blondeur incroyable, ils en étaient presque blancs. Elle avait une allure d'impératrice et tenait un sceptre doré de la main droite. Rapidement, Amaryllis se remit debout et se secoua un peu. La dame en toge blanche la regarda dans les yeux, impassible, puis retourna dans le temple, là où Amaryllis s'était éveillée.
- Attendez! Dites-moi où je suis, au moins...
La dame, qui était sûrement une Muse, se retourna vivement et fit signe à l'orpheline de la suivre. Amaryllis obtempéra et gravit les quelques marches vers le lit à baldaquin. La Muse s'y installa et tapa la place à côté d'elle pour qu'Amaryllis vienne s'y asseoir. Quand Amaryllis fut assise, la dame prit la parole.
- Tu es sur le mont Olympe, Amaryllis.
- C'est loin de ma caverne, ça, le mont Olympe...?
- Un peu, oui, fit la muse en riant.Elle n'était pas tirée d'affaire. Combien de temps cela lui prendrait pour revenir chez elle? Un jour, une semaine, un mois?
- Comment vous nommez-vous? continua Amaryllis.
- Je suis Calliopé, l'aînée des Muses.
- Enchantée... j'aimerais savoir où est mon hérisson, si vous le savez, bien sûr. Est-il resté à la grotte?
Calliopé plissa le front et regarda Amaryllis avec un air grave.- Amaryllis... il n'y a jamais eu de grotte... ni de village, ni de forêt, ni de lac. Je sais que c'est difficile à comprendre, mais...
- Quoi? C'est une blague, je suppose. J'ai vécu quatorze ans de ma vie dans cet endroit!
- Je sais. Je te comprends. Mais tu dois savoir que ce que tu as connu n'était pas ce que tu croyais. Tout était orchestré: la pomme, le livre, la grotte, le hérisson...
- NON! C'EST IMPOSSIBLE! Vous êtes en train de me dire que toute ma vie n'est qu'une illusion!
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Ennéa
Teen FictionAmaryllis ne sait presque rien d'elle si ce n'est que son nom. Type: livre pour jeune adolescent (1ère et 2e secondaire) Illustrations par Romane Fillion © "Désolée pour les dialogues qu'on ne peut pas distinguer du reste du texte. J'ai copié mon te...