Coéquipiers

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    Il se calma enfin, au bout de quelques minutes. John se leva, les yeux rougis, et se dirigea vers la porte en silence. Jack l'observa un moment, et lui dit, avant qu'il sorte :

« Ou vas-tu ?

Le loup tourna légèrement la tête, fixant le lapin d'un seul œil.

-J'ai besoin de prendre l'air. J'imagine que je ne dois parler de toi à personne ?

-Ce serait préférable si tu ne veux pas avoir de problèmes.

John resta immobile encore un instant, avant d'ajouter :

-Il faudra que tu m'explique ce que t'as foutu pendant vingt ans, ça risque d'être intéressant.

Il tenta de faire un sourire, mais le résultat ressemblait plus à une grimace. Il sortit de la villa, laissant Jack réfléchir à la situation. S'il ne trouvait pas une solution rapidement, la Société découvrirait qu'il avait revu un ancien proche, et ils n'hésiteraient pas à faire ce qui est nécessaire pour le faire taire.

John sortit de la propriété et se mit à déambuler au hasard dans les rues. Il y avait une dizaine de propriété alignées des deux côté de la route, toutes semblables à celle de Jack, mis à part quelques détail qui les rendaient un brin plus luxueuses. Des fontaines, des jardins à la françaises... Il y en avait même une que son propriétaire avait transformé en jungle luxuriante. Le loup redescendit dans la ville. Il ne réfléchissait pas aux raisons du départ de Jack, sachant qu'il les lui expliquerait par lui-même lorsqu'il rentrerait. Il était plongé dans ses souvenirs, se rappelant de l'époque où il avait été adopté, puis le moment où il avait intégré l'académie de police. Il avait été tellement heureux ! Et ces parents étaient si fiers ! Il se souvenait les défis qu'il lançait au lapin, l'un cherchant toujours à surpasser l'autre.

Et il se souvenait de l'accident.

Accident qui avait brisé sa vie et celle de Jack.

Enfin, c'était ce qu'il pensait.

Il s'arrêta devant une supérette, ou il acheta une canette de Koka, et une bouteille de l'imbuvable alcool de carotte dont Jack raffolait, dans le temps.

Il revint à pied et rentra à nouveau chez son ami. La porte n'était pas fermée, comme la dernière fois, quand Jack l'avait guidé jusqu'ici une heure plus tôt.

« Tu bois toujours ton infâme jus de carotte ? Demanda-t-il en lui lançant la bouteille, que Jack rattrapa au vol, sans même détourner la tête.

-Ça fait un moment que j'en ai pas pris, je ne pensais pas qu'on en trouvait dans cette ville. Mais j'imagine que oui, je dois être capable de le boire.

Il en prit une gorgée.

-Tu sais, je regrette d'être partit. Dit-il, reposant la bouteille sur la table. Vous me manquez.

-Pourquoi tu n'es pas revenu, alors ?

-Je ne pouvais pas. J'ai signé un contrat sans en lire toutes les closes. Il n'y a qu'un moyen de le rompre, et c'est de mourir. Pour de vrai. Si je fuyais, ils me tueraient, et vous avec. C'est le gouvernement de Zootopie qui nous dirigent, et ils sont très à cheval sur le mystère qui doit entourer la Société. Il y a trop de choses embarrassantes qu'on a eu à nettoyer pour eux pour qu'ils nous laissent en parler à n'importe qui dans la rue.

Il resta silencieux un moment, avant de finir :

-J'avoue, je suis fautif. Je me suis précipité sur ce job sans réfléchir, sans prendre le temps de mesurer les conséquences de mes actes. Je comprends que tu m'en veuille.

Ils restèrent un moment sans rien dire, chacun fixant sa boisson.

-J'ai trouvé un moyen pour te mettre hors de danger. J'y ai pensé un peu après que tu sois sorti. Il y a peu de chances que ça marche, et c'est très risqué, mais la Société ne peut pas intervenir tant que je suis en mission. Donc, ce que je te propose c'est de m'aider à résoudre cette affaire. Si on a de la chance, ils accepteront de te recruter. Je te conseillerais bien de quitter la ville, mais je sais que t'es pas du genre à fuir, et puis la Société n'aurait aucun mal à te retrouver. »

John le regarda un moment en silence, puis réprima un léger sourire. Il porta sa canette à sa bouche et prit une longue gorgée. Il faisait durer le suspense, mais Jack avait déjà deviné sa réponse, il laissa cependant son camarade s'amuser encore un peu. Le loup posa lentement son Koka, et répondit, une expression rieuse gravée sur son visage :

« Le duo infernal, comme au bon vieux temps ! Bien sûr que j'accepte ! »

Jack Savage [Zootopie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant