27. "Look like an angel"

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Je l'ai fait, j'ai contacté Alexandre. C'est le seul qui peut m'aider et qui n'est pas dans le contrat entre Allan et moi. Il a été très surpris de recevoir un message d'un mort, c'est normal, je pense que j'aurais réagis pareil. 

Cinq jours plus tôt

« Allô ? ... Qui est à l'appareil ? Si c'est une blague, ce n'est pas drôle. »

« C'est moi... Ethan. »

Je l'entend s'étouffer derrière son téléphone et je ne peux m'empêcher de me demander comment est-ce qu'il va réagir. 

« Impossible, Ethan Howart est mort. »

Je ne sais pas quoi dire, ma voix est toujours la même, ils devraient savoir que c'est moi si je n'avais pas simulé ma mort... évidemment.

« Ouais, je sais. Mais tu trouverais pas intéressant de rencontrer ton premier fantôme ? » 

Je grimace. Je suis nul. L'humour noir, personne ne l'aime de cette façon.

« Je pense que si un mort ne trouve pas le chemin de la lumière blanche et du paradis, il lui reste quelque chose à accomplir sur terre et peut-être que je veux bien l'aider. »

Ouf, je suis soulagé. Alexandre a toujours le même humour même si au téléphone, il est plus sérieux que jamais.

« On se voit demain, chez moi. Même adresse. »

Il a raccroché. Je ne peux pas. Je suis surveillé par l'autre con. 

La mort n'est à mes yeux que l'aurore d'une nouvelle vie, le passage du néant à l'être. Jacques-Henri Meister avait raison dû moins, seulement si on arrive à laisser les gens qu'on a aimé derrière nous. Ce que j'ai l'impression de ne pas savoir faire. 

J'ai laissé June en lui faisant croire que j'étais mort.

J'ai laissé June en lui faisant croire que je reviendrais jamais.

J'ai laissé June en lui faisant croire que j'ai toujours été honnête avec elle.

J'ai merdé. June était celle qui m'a tenu la tête en dehors de l'eau. Elle était un peu comme mon ancre, elle me tenait loin des conneries et je suis bien malheureux de ne pas lui avoir parlé avant. Je ne peux pas espérer l'avoir connu avant, vu que je la connais depuis le jardin d'enfance. Je ne suis simplement jamais venu vers elle. Elle me faisait en quelque sorte...peur. Elle était intimidante et putain de merde, j'aurais dû. 

Parce que si j'avais été vers elle avant, je n'aurais jamais pris le chemin sombre que j'ai pris plus tard. Je n'aurais jamais fait toutes ces conneries, je n'aurais jamais fait la connerie irréparable et Allan n'aurait jamais pu me faire du chantage. 

Et le pire, c'est que je sais que regretter ne sert à rien. C'est trop tard.

« Il n'est jamais trop tard. » me répétait-elle toujours. 

Mais cette fois-ci, c'est vraiment le cas. C'est trop tard. 

Comme tous les soirs, je regarde mon album photo contenant tous nos souvenirs et puis je me met à regretter encore, encore et encore mon ancienne vie jusqu'à ce que je m'endorme de fatigue, mais surtout de peine.


Le soleil n'est pas encore levé que je m'habille de mon éternel sweater à capuche noir pour passer inaperçu, je n'aimerais pas me retrouver devant le gorille d'Allan et expliquer ce que je suis entrain de faire. 

Le Deuil D'un VivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant