28. "July"

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C'est au moment où il appuie sur l'accélérateur que je crie son nom à pleins poumons.

Parfois, on a pas le temps de dire au revoir. Et il y a deux facette à ce sens. Soit cette personne meurt et n'aura pas le temps de dire à ceux qu'il aime ce qu'il a sur le cœur ou soit justement, ce sont les personnes qui lui sont chères qui n'ont pas eu le temps de lui dire ce qu'ils avaient sur le cœur. Je le sais très bien et en ce moment, j'ai peur de la mort.

Jamais je n'ai eu cette sensation de frôler d'aussi près la mort. Généralement, je n'ai pas peur d'elle parce que je suis jeune, vivace, et courageuse mais là, je me retiens bien de faire pipi sur le siège d'Ethan. 

Il doit sentir ma peur, c'est obligé. Il doit sentir mon envie de sortir d'ici alors pourquoi est-ce qu'il ne s'arrête pas ? Pourquoi est-ce qu'il est aussi concentré ? 

- Ethan ! Je t'en supplie, arrête-toi.

- Non, non, non. Je ne peux pas. Il n'attend que ça. Il sait très bien que jamais je ne gagnerais la course avec toi près de moi, complètement morte de trouille, grogne t-il avec une douleur indéchiffrable dans les yeux. 

Jamais, je ne dis bien jamais, je l'ai vu dans cet état. 

- Qui, de qui est-ce que tu parles ? je demande doucement à travers les bruits mortels de freinages et d'accélérations.

- Peu importe. 

Je n'arrive pas à aligner deux pensées correctement, tous mes sens sont en alertes et je ne peux pas m'empêcher de lui crier dessus.

« Attention Ethan, le virage ! »

« Freine, le ralentisseur putain, freine »

« Mais bordel, fait attention à la voiture derrière toi »

Il est sur les nerfs et je peux le comprendre. Je suis une sacrée emmerdeuse en paniquant. Je le sens nerveux et je vois bien qu'Allan est très proche derrière nous. Un faux pas et on est mort.

- Tu sais, si on meurs... 

Il grogne. Je sais qu'il préférerait que je ferme ma gueule mais je n'arrive pas. J'ai besoin de dire ce que j'ai sur le cœur. 

- Je voulais vraiment que tu saches que mon plan pour venir ici n'était pas de ruiner tes chances de gagner ou même d'embrasser Allan devant tout le monde... je voulais juste m'intégrer. Je voulais te prouver que je te soutiens même dans cette merde.

Sans le savoir, les larmes ont coulées d'elles-mêmes et Ethan ralentit. Je me sens soulagé mais je change vite d'avis quand je vois Allan arriver à la même hauteur que nous. Un déclic. C'est ce qui déclenche mon cri :

- Mais qu'est-ce que tu fou ? FONCE.

Il me dévisage et hésite avant de reprendre la route avec plus de vitesse. J'ai les tripes à l'envers mais c'est ma faute, JE suis entrée dans sa voiture, JE me suis débrouiller pour venir, JE dois assumer et ne pas faire mon égoïste. C'est le besoin d'Ethan, l'adrénaline, et je ne veux pas le priver.

- Oh et pour le dire franchement, je crois vraiment que je suis tombée amoureuse de toi Ethan Howart.

Un énorme soulagement et dégagement se fait dans ma poitrine, je viens de lui avouer ça au même moment où il a dépassé Allan et où il a dépassé la ligne d'arrivée.

Bizarrement, je suis fière de lui et quand il commence à se pencher vers moi pour m'embrasser, je grimace. Je me dépêche de sortir de la voiture et vomis sur le béton. C'est deux bras musclés qui me sortent de mon vomis et qui m'écarte de toute la cohue qu'a suscité Ethan avec sa victoire. 

Le Deuil D'un VivantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant