Oui. Je suis une ex-harcelée morale.
Tout à commencé au collège.. J'étais alors cette petite fille heureuse de se voir grandir, et épanouie de s'ouvrir à de nouvelle personne. Du moins c'est ce que je pensais à l'époque.
Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre que je n'avais pas ma place ici et que les quatre années qui allaient suivre n'était qu'un futile jeu de survie.
Malheureusement pour moi, cette chasse à l'homme m'avait désignée comme proie.
N'ayant alors qu'une seule réelle amie dans la classe, je préférais rester seule à regarder les gens passer, courir, jouer, parler. Certains restaient tranquilles, d'autres me regardaient comme si j'étais une bête de foire. J'étais assise, contre un mur, mon cahier de brouillon à la main.. je gribouillais.
Il y a bien une fois où pensais que tout s'était calmé. Je traînais avec deux nouvelles filles de ma classe. L'une se moquait se moi, l'autre a finit par la suivre. Mon autre amie ne les aimait pas, mais je maintenait qu'elles plaisantaient. Puis arriva ce jour où l'une d'elle prit mon agenda dans lequel je dessinais quelques esquisses, puis en arracha les pages.. avant de le jeter dans la terre. J'étais énervée.. Plus que ça, j'étais enragée. Mais je pleurais. Je n'avais qu'une seule envie : la tuer.
Jour après jour, le cauchemar s'amplifiait. Ma tête était plongée dans d'obscures pensées. Je me mis alors par remplacer mes gribouillis par des messages meurtriers tels que "... meurt. Je te hais."
La fin de l'année arriva. Je me disais qu'il ne s'agissait que d'une mauvaise passe, d'un mauvais rêve. Mais loin de là.
Nouvelle année, nouvelle classe, nouvelles têtes, aucun ami. Une année seule, entourée de jaloux. Pourquoi ? Je ne l'ai jamais su. Ils me jugeaient, tous ensemble, et me rejetaient comme si je contractais la peste noire. Il ne me fallut pas longtemps avant de les haïr eux aussi.
Ils s'écartaient, me regardaient de travers, me parlaient comme si j'étais une pauvre enfant abandonnée. Exprimaient, non sans discrétion, leur dégoût à mon égard. Je coulais sous les regards moqueurs et les critiques. J'étais perdue entre deux mondes, celui de la vie.. et celui de la mort.
Je n'en pouvais plus. Je n'avais que quelques piliers, ces quelques amis qui étaient loin de moi. Je m'étais réfugiée dans de pauvres petits jeux sociaux, au point que je ne parlait plus à personne. Je me détestais, je me haïssais. Je voulais mourir, mais j'étais soutenue, même si mon vécu était un véritable secret. Je regardais, chaque jour à ma fenêtre, l'immensité du ciel que je souhaitais rejoindre.
Comme à mon habitude, je gribouillais, assise, seule dans la cour au milieu de tous. Mais je ne gribouillais plus n'importe quoi. Je faisais vivre la mort. Sang qui coule en abondance, yeux arrachés, bras pendants, sourire de l'ange. Tout cela commençait réellement à me fasciner. L'histoire d'une enfant psychopathe.. lentement se dessinait.
Il fallut une fois.. une fois pour me mettre presque à bout. Arriva un matin, une fille de ma classe disant qu'elle avait un cadeau pour moi. Je l'ai regardé, méprisé, puis ai passé mon chemin. Ses amies et elle rigolaient. Mais tout ne s'est pas finit là. Elle y tenait à son cadeau la garce. Elle riait.. Ha mais qu'est-ce qu'elle riait. J'avais réellement envie de lui arracher la trachée pour lui fait ravaler. Mais passons les détails. Elle m'attendais dans l'espace prévu pour le rang, juste avant les cours. Je m'avançais vers elle, par obligation. Soudainement, ses amies arrivèrent autour d'elle et elle sortit un petit sac en plastique.. De ce sac en plastique, elle a sortit.. Je vous laisse deviner. Allez-y.. du shampoing.
A ce moment précis je me suis enragée, lui ai dit que son shampoing, elle pouvait se le mettre où je pensais. Je voulais même lui faire avaler. Puis de nouveau, j'ai pleuré ma rage, puis ma tristesse d'être tant haïe.
Encore une nouvelle année. Encore une nouvelle classe, etc. J'avais demandé à être dans la même classe de deux de mes amies. Ce qui fut immédiatement accepté.
Tout se passait assez bien. Enfin presque. Mais je m'étais fait une nouvelle amie, et qui m'est aujourd'hui indispensable puisque nous avons le même point de vue sur le monde.
Mais les autres exprimaient toujours ce même dégoût à mon égard. Mais mon crayon était devenue ma meilleure arme, malgré les multiples décès de mes proches. Je les haïssais toujours autant, le sourire d'une jeune folle sur mes lèvres. Je ne supportais plus grand chose, j'étais devenue plus irritable que jamais.
Dernière année de ce jeu atroce. En classe avec une toute autre amie, mon groupe s'était agrandi depuis la quatrième, et oui. Mais le monde me regardait toujours autant de travers. Moi ? Je lui souriais avec une tonne de couteaux dans le dos, à deux doigts de ma fin, et en montrant les crocs. J'avais gagné un mental de battante, et une rage sans faille.
Mais pourtant, j'étais toujours aussi sensible et influençable. Cette enfant en moi me hurlait de m'arrêter car tout allait empirer. Je m'en foutais pas mal et laissais mes nouvelles émotions prendre le contrôle de ma nature. Colère, Tristesse et Psychopathie régnaient en maîtres absolus. Je voulais les frapper, les blesser, les tuer.. tous ceux qui m'avaient transformé en monstre assoiffé de sang frais.
Il fallut à mon mental un jour.. Un jour pour craquer, un jour pour pleurer ma haine et ma détresse. Un jour pour prouver au monde entier que je souffrais et qu'il fallait me venir en aide. Un jour pour perdre ce stupide jeu de sadiques.. Mais surtout un jour pour me venger. Car j'avais certes perdu, mais j'avais achevé quatre années d'inutile souffrance morale dans ce collège d'attardés.