'Hate Myself.

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Il a fallut que ça arrive ce jour.. ma perte de contrôle.

Cela faisait déjà plusieurs jours que je me sentais partir, pousser des ailes puis brûler ces dernières. Je devenais alors de plus en plus instable.

Pourtant, j'avais été suivie il y a de cela quelques mois. Je me sentais revivre, mais me revoilà morte.

Je me hais, encore une fois. Stupide, lâche, inutile, ces quelques mots résonnent dans ma tête comme une révélation : je ne sers strictement à rien.

Je fais souffrir le monde, mais surtout, je me fais souffrir.

Perdre le contrôle.. ça avait pourtant l'air si fascinant.

Ce jour là, sous la pression et le stress, j'ai lâché, j'ai perdu le contrôle de mes émotions, devant tout le monde..

Ceux qui auraient pu me croire aimante, généreuse, sympathique ou encore souriante m'auront vu tomber de haut. Car désormais à leurs yeux, je ne doit plus être qu'une pauvre fille mal dans sa peau, dépressive et suicidaire.

Ce matin, j'ai pleuré, si abondement que mon corps a sans doute dû perdre la quasi-totalité de son eau. J'étais alors en cours de langue, face à une dizaine d'autres élèves, au fond d'une bien triste salle.

C'est seulement lorsque ma professeure m'a demandé de passer à l'oral en première que mon mental m'a abandonné. Je n'étais pas prête.. pas du tout prête même. Je regardais d'un regard désolé mon coéquipier avant de lui sourire de manière complètement stupide en rigolant de la manière la plus inquiétante qui soit.

"Est-ce qu'on est vraiment prêts ?"

Il haussa les épaules. J'étais perdue. Madame la tyrannique, elle, n'en démordait pas. Elle m'interpella de nouveau.

"Je ne peux pas.", lui dis-je.

Mais elle me demanda de me justifier.. J'eût alors beaucoup de mal à me ré exprimer.

"Je peux pas ! Je.. je ne suis pas prête.. Je ne le sens pas."

Elle me regarda avec tant de haine.. cette même haine avec laquelle elle me fixait il y a de cela quelques jours. Je la regardais à mon tour, avec la même haine. Puis je baissais la tête, et je pleurais alors.

D'autres groupes sont passés. Je n'en peux plus. Je demande alors d'aller aux toilettes. Ce fut ma plus grosse erreur ce jour-là. Proposition acceptée. Délivrance. Désillusion.

Je marchais d'un pas fort et rapide puis claqua la porte. Je ne pouvais plus rien supporter. Puis j'arrivais aux toilettes, et je m'enfermais.

Face à moi-même, je décide de tout arrêter. Je m'assois sur la lunettes des toilettes. Je fond en larme. Je crie, je hurle, en priant que personne ne m'entende. Je me hais. 'hate myself, comme disent les anglophones.

Puis je me mord le pouce, la main, le bras. Je me frappe, jusqu'à tenter de me paralyser le bras. J'ai mal, je souffre, puis je m'effondre. Je ne me supporte plus.

Je me regarde dans le petit miroir des toilettes. J'ai les yeux rouges sang, les cheveux en bataille, l'air épuisé. Je me fais pitié. Je me hais encore plus. Je me relève et fixe mon reflet. Puis je me sourie.

"Pauvre folle, tu meurs à petit feu."

Mon visage se décompose.

Je fais couler l'eau et me rafraîchis le visage et les idées par la même occasion. Je sèche les traces de mes larmes, me recoiffe avec hargne puis souffle un grand coup.

J'entendis alors la porte des toilettes s'ouvrir.

"Hé, ça va ?"

Je paniquais et faisais comme si de rien n'était.

"Ou.. oui. C'est qui ?"

C'était une élève de ma classe. Cette vieille folle de prof l'avait envoyée me chercher. Aha, je devais lui manquer dis donc.

Je tire la chasse comme si tout était normal et ouvre la porte. Elle avait vraiment l'air inquiète. Avais-je l'air si désastreusement achevée ?

Elle me reconduit alors en classe en me donnant une idée. Et si j'allais à l'infirmerie ?

Je rentre alors en cours et m'assois. Je range mes affaires, tête baissée, le regard des autres me fixait et me pesait. S'inquiétaient-ils vraiment ?

Je demande alors à m'en aller. Proposition acceptée, de nouveau. Je pars, accompagnée d'une de mes camarades qui me demandais si j'allais bien, l'histoire se répétait.

Une fois à l'infirmerie, je vis deux autres filles attendre. Cela faisait une heure qu'elle étaient là. J'attend un peu avec elle, je leur parle, le sourire aux lèvres, histoire de décompresser de cette histoire absurde. Elles étaient plus jeunes que moi et semblaient heureuses.

L'infirmière toujours absente depuis quelques minutes de plus, nous nous dirigeons alors à la vie scolaire pour voir comment nous sortir de là.

L'une se montra plus lâche que l'autre et partit se cacher sans les couloirs. L'autre m'accompagna et nous fûmes envoyée voir nos CPE respectifs.

Le mien était plutôt louche. Il se déplaçait toujours avec une canne, et me regardait fixement avec ses yeux bleus très pâles. Il devait avoir la cinquantaine. Je découvris au fur et à mesure qu'il était fin philosophe, et ancien dérangé, un peu comme moi. Il me parlait de Freud, et essayait de comprendre mon cas.

Ce n'est qu'après de longues minutes qu'il appela mon père et me laissa quitter son bureau. Le cauchemar, venait tout juste de débuter.

Je venais d'expérimenter,

le "'hate myself".

L'esprit libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant