Avoir une arme c'est croire être le plus redoutable. Celui qui le possède se pense un roc impossible à atteindre. Le comparer à un animal ? je l'appellerais un lion. En effet, on pense être le roi, quand on a le dessus sur l'autre. C'est triste quand même. Qu'il pointe cet engin métallique, froid, en direction, d'un innocent ou d'un coupable, cette personne perd de son humanité dès qu'il a tiré. Vivre pour tuer ? ce n'est pas une vie. Semer la terreur au sein d'une famille pour prouver sa supériorité ? c'est réduire l'humain a une triste vacuité.
Comment continuer à « profiter de sa vie » en sachant qu'on en a ôté une ? comment peut-on vivre en voyant des mères, des pères, des frères, des sœurs, des enfants, pleurer un mort ? comment boire et manger de ses mains en ayant du sang dessus ? comment trouver le sommeil après avoir arraché une âme froidement ?
Ces assassins ressemblent à leur arme. Froid. Dur. Lourd. Impénétrable. On est différent des animaux par notre raison. Malheureusement, aujourd'hui, on troque notre raison pour notre instinct.
Détruire des familles et faire couler le sang est devenu l'un des maux qui corrode notre société. Dans ce quartier, j'en ai vu des listes de nom s'enchaînaient. Untel est mort à cause de l'héroïne, un autre à cause d'une balle. La mort rode de partout. À chaque coin de rues, on peut la sentir. Les morts se suivent et se ressemblent. Les pleures se succèdent du « Allah y rahmou »
Ils finissent dans cette spirale vicieuse. Personne n'en sort indemne sans le vouloir. Le vrai problème c'est la volonté. Ils pensent être des damnés parce qu'ils vivent enclavés. Certains se définissent comme étant des rats enfermés dans leur terrier. L'ambiance corrosive étouffe nos murs. Quand on se sent rejeté, on commet des choses atroces. Ceci n'explique aucunement les dérives : comprendre n'est pas justifié. Mais nié la réalité, c'est nous plonger dans ce monde de fou, qu'on laisse à nos enfants. En fait sans soutien et volonté ; l'irréparable est impossible à dévier. Devant les parents : des anges, à l'extérieur, pire que des démons... la duplicité dont ils font preuves fait rhaff ! La peur cloue nos ventres.
Lorsqu'on voit que nos politiques ne nous voient que comme des « enfants d'immigrés » et non des français, ça pique. En principe, quand tu nais dans un pays, tu es fatidiquement, de la nationalité de ce pays. Ce n'est pas une couleur de peau, une origine, une culture qui fait de toi un « non méritant » ! grandir avec le « tu es différent » ça détruit mentalement. Beaucoup, tristement, finissent, par prendre au pied de la lettre la phrase « Aux armes citoyens ! » scandé dans la Marseillaise. Ils ne prennent pas les armes pour défendre leur nation mais pour y planter des cadavres.
Mon cœur tape d'une force ; à la limite de l'implosion. Détonation. Mon cœur s'arrête. En l'espace d'un instant, je vois son corps tomber. De la neige tombe du ciel petit à petit. Son sang se marie à la blancheur du sol. Cette balle m'a tout retiré en une résonnance... je n'ai plus de poumons pour respirer, plus rien pour réagir. Je tombe à genoux à terre. La paralysie s'empare de tous mes membres. J'observe son sang se vider au sol et les flocons se poser sur ses membres.
Karim. Il suffit qu'il lui arrive quelque chose pour que je m'aperçoive que je suis tombée amoureuse de lui. Je ne trouvais pas de mot à ce qu'il se passait dans mon cœur et dans mon corps à chaque fois qu'il posait les yeux ou les mains sur moi. À présent, j'en suis persuadée ; il a réussi à planter sa graine et à y semer de l'amour.
L'homme qui m'a apporté tout ce qu'il me manquait, vient d'être abattu sous mes yeux.
Mes cordes vocales se délient. Un cri d'horreur se libère de ma bouche. J'hurle à m'en creuser les joues.
Je me redresse. Je porte ma main à ma gorge et respire très rapidement. Ma tête se niche contre quelqu'un. La peur me mutile l'estomac. Une blessure profonde vient se poser dans mon cœur. J'ai cru mourir à l'instant où j'ai vu son corps par terre. Mes paupières laissent défiler une pluie de sanglots.