Sa réaction me laisse bouche bée. Mes larmes s'atténuent petit à petit. Je m'attendais pas à une telle réaction de sa part. Il me fait revenir sur terre. Je remarque, encore une fois, que je perds des neurones. J'hallucine. Je n'ai aucun respect de moi-même. Un sentiment de honte me submerge momentanément. Il est balayé par une perle rouant sur ma joue. J'essuie mon visage. Je regarde les échantillons de pluie salée sur ma main.
Qu'est-ce que je suis entrain de devenir ?
Je fixe un point au sol. Je fais des choses qui ne me ressemblent pas. J'ai peur.. j'ai peur de ce que je suis devenue au fil des années. Jamais auparavant, j'aurais fais ce genre d'action puérile. Ça me ressemble pas. Un sentiment de révulsion s'abat sur tout mon être.
Il m'a changé en prétextant m'aimer.
Je me rappelle du jour où j'ai eu mon baccalauréat. La première personne que j'ai appelé était mon père. Au son de sa voix, je sentais les larmes de joie coulaient et le bonheur que cette nouvelle lui procurait. Tout le monde était entrain de réaliser sur les tableaux d'affichage leur réussite ou leur échec. Moi, un coup d'œil m'avait suffit. J'avais qu'un seul besoin c'était de me mettre à l'écart de tous, pour annoncer à celui qui m'a élevé, que l'endurance de sa fille a payé.
Il raccrochait et mon téléphone sonnait. Malik.
- Malik !
- C'est bon on peut t'appeler madame la bachelière.
- Comment tu sais ?
- Ta voix et parce que retourne-toi.
- T'es où ?
J'interrogeais chaque coin de rue pour croiser sa vieille face. Il était garé sur le trottoir d'en face à m'observer avec un large sourire. Ce sourire je l'ai gravé dans ma mémoire. Toute la fierté qui s'en dégageait me rendait encore plus heureuse que je ne l'étais. Submergée par un excès de joie, j'avais traversé sans faire attention aux voitures. Une voiture s'était arrêtée pile poil avant de me foncer dessus. D'un coup j'avais vu la mort me faire signe de venir la rejoindre. J'ai eu la frousse de ma vie ! Une main m'avait pris par le bras et m'avait fait avancé jusqu'au trottoir d'en face. J'étais tellement sous le choc que je n'arrivais pas à me remettre la personne.
- T'es sérieuse ?!
Son cri m'avait renvoyé sur terre. Je le regardais et ses yeux étaient d'une couleur intense ; un noir de diable. J'avais l'impression de lui avoir brisé quelque chose. C'était comme si j'avais semé la terreur dans son esprit. C'était fou comme situation. C'est là que je m'étais dis, que réussir à intercepter des sentiments, n'était pas un don mais une abomination. C'était la première fois que je le voyais autant énervé. Et c'était la première fois que je remarquais une veine tracer son chemin au milieu de son front.
- Crever après avoir eu son bac c'est chaud quand même petite folle, commente une voix familière.
- Ta gueule Gorille ! s'empresse de répondre Malik.
- C'est pas de ma faute si ta nana est devenue cinglée parce qu'elle t'a vu mon pote. Remets-toi un peu, elle est en forme.
- De quelle nana tu me parles ? Elle allait se prendre une chassée la meuf et tu veux que je me remette ? Oh, tu t'entends ?
- Regarde tu me l'as mis dans quel état le con.
- Wallah me monte pas les nerfs Gorille !
- Je rigole, je rigole, mais baisse d'un ton avant que je virevolte !
- J'aimerais bien voir ça !
Je comprenais rien à ce qui se passait. Je m'en remettais toujours pas de ce qui venait d'arriver et eux, ils avaient rien à faire d'autre que se prendre la tête pour des broutilles. Les voir se déchirer pour une histoire de merde m'angoissait plus qu'autre chose. Un individu normal essayerait de savoir si j'allais bien avant de s'en prendre à moi.