Explication.

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Harry.

-C'est nul, grommela Eliott en me lançant un coup d'oeil.

-C'est nul, mais c'est la vie, murmurais-je en ramassant les feuilles mortes, les déposant près du tas.

Nous étions dans la cour arrière. Il y avait un vieux chêne et à chaque mois de novembre, il perdait ses milliers de feuilles.

La cour n'était pas vraiment aménagée, encore, c'était mon projet pour le printemps. Je voulais faire un potager, dans le fond, et y installer un petit endroit pour qu'Eliott puisse jouer. Peut-être même une petite terrasse.

Je gardai l'oeil sur Eliott, qui chialait en traînant son petit râteau dans les feuilles, la bouche en moue.

-Oh, allez Eliott! Tu sais que quand on râcle les feuilles, je te fais un chocolat chaud et des cookies. Et en plus, Eddy vient regarder un film, ce soir, avec nous. On sera que des garçons!

Je lui souris, le voyant qui souriait en coin, avant de continuer à nettoyer le terrain et à le préparer pour l'hiver. Nos joues étaient rouges et lorsqu'on expirait, il y avait un peu de buée. Le vent était fort, mais ça donnait une jolie ambiance.

Vers l'heure du dîner, je tenais Eliott dans mes bras, pour monter à la maison. Jetant un coup d'oeil chez Astrid, je souris en la voyant qui servait un client. Elle avait une vieille bouteille de lait, dans les mains et elle souriait en hochant la tête.

-Allez. On va dans le bain et après, c'est chocolat chaud et cookie, dis-je en enlevant mon manteau et mes bottes, comme Eliott.

Je fis couler l'eau du bain, content de pouvoir me réchauffer, avant de déposer le bateau de pirate, la baleine et l'alligator, dans le bain. Eliott courait dans la maison, nu, en rigolant parce que je menaçais de l'attraper, pendant que le bain se remplissait.

-Arrête, arrête, papa! cria-t'il en rigolant, son petit rire faisant vibrer les murs.

-Non, je n'arrête pas! dis-je en le prenant, pour le déposer contre mon épaule, ses petits pieds tapotant contre mon torse, tandis qu'il me donnait des coups, avec ses mains, dans mon dos.

J'éclatai de rire en le déposant dans le bain, avant de défaire mon jean et d'aller le rejoindre, dans l'eau chaude.

C'était un petit rituel que j'aimais bien, avec Eliott. Depuis qu'il était jeune, on prenait notre bain ou notre douche ensemble, la plupart du temps. Et tant qu'il ne démontrait pas l'envie d'arrêter, j'allais continuer. Il n'était pas mal à l'aise et je ne l'étais pas, au contraire. J'étais content d'avoir ce moment avec mon fils. Ça le calmait, aussi. Quand il était plus petit, je le déposais sur mon torse et je sentais sa respiration, qui s'adoucissait.

Parfois on jouait aux pirates, parfois à la baleine, parfois on faisait des bulles, avec la mousse de bain, parfois on parlait ou je lui expliquais des trucs. C'était toujours différent, mais toujours amusant et intéressant.

Et ce soir, Eliott voulait visiblement parler.

Il était couché entre mes jambes, sa tête reposant contre mon torse, alors qu'il rigolait en levant ses jambes dans l'air, arrosant le plancher.

-À l'école, papa, il y a un nouveau projet. Il faut que nos parents viennent parler de leur travail. Tu verras, il y a une feuille, dans mon sac. Et moi, j'aimerais que tu puisses venir. Et que tu apportes des trucs à goûter, expliqua-t'il en jouant avec mes mains.

-Ce serait bien, avouais-je en souriant, hochant la tête. Je serai là, tu peux en être certain.

-Parce que maman, elle fait que travailler avec des chiffres et c'est nul. Elle est nulle et je veux pas qu'elle vienne parler devant mes copains.

Curiosité.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant