Coffre.

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Astrid.

Harry était en train de se préparer, dans la salle de bain. C'était un lundi matin particulièrement difficile. La nuit d'hier soir nous avait gardé occupé assez longtemps.

Je souris en prenant ma jupe, parce qu'une jolie histoire y était associée. Je l'avais trouvée dans une vieille friperie, à Lille. J'avais logé dans la chambre d'une ancienne copine de collège, qui s'était établie dans cette région française après l'école. Elle m'avait fait visiter toute la région, m'avait fait rencontré quelques-uns de ses amis de la fac, avec lesquels nous avions passé de belles soirées arrosées.

Et un jour, je me promenais dans les rues, seule. Et j'avais trouvée cette jolie friperie française, qui était bourrée de vêtements vintages et anciens. Je pense avoir passé la journée dans cette ancienne maison, à fouiller et fouiner, pour trouver la perle rare. La jupe était le premier morceau qui avait attiré mon attention. Une jupe mi-longue, bleue. J'aimais bien la porter avec différents lainages et mes bottes allemandes. Ça me rappelait un peu mon périple européen.

J'enfilai donc ma jupe, mon pull et ma grande veste de laine, avant de sortir ma petite trousse de toilette. Harry entra dans la chambre, souriant. Il ne portait que son jean noir, étroit.

C'était peut-être un lundi matin difficile, mais c'était un lundi matin serein. Je m'habillais avec Harry, ce matin. Et il prendrait son petit-déjeuner avec moi. Et c'était bien que toutes ses actions routinières soient maintenant partagées avec quelqu'un d'important.

***

Je mordillais le bout de mon crayon, alors que je fixais l'écran d'ordinateur, devant moi. Je fouinais dans les petites annonces, à la recherche d'une brocante méconnue ou d'une vente de garage, peut-être. J'avais besoin de renflouer mon inventaire d'objets et d'histoires.

Après avoir noté quelques adresses dans mon vieux calepin, je pris ma besogne et mon manteau. Je nouai mon foulard et sortit à l'extérieur, pour me rendre sous la ville.

Je marchais dans les couloirs échos, me faufilant entre les hommes d'affaires pressés, les étudiants nonchalants et les femmes en talons aiguilles.

Il y avait un brouhaha épouvantable, en ce lundi matin. Les gens étaient impatient, les gens étaient sèches, froid et aigris envers les autres.

Personne ne semblait être de bonne humeur, sauf moi.

En même temps, c'était difficile d'être de mauvaise humeur après une nuit près d'Harry. Et c'était aussi difficile d'être d'humeur maussade après un croissant frais.

-Bonjour, j'aurais besoin d'une passe pour la journée, dis-je au changeur, en sortant mon porte-monnaie.

-Ça f'ra 10 livres, répondit-il sans quitter son journal des yeux.

Je soupirai en déposant l'argent sur le comptoir, avant de prendre ma passe et de lui souhaiter une bonne journée.

Me rendant au premier wagon, parce que tout le monde sait que le premier wagon est toujours le moins encombré, j'attendis le train. De l'autre côté de la rame se trouvait deux étudiants en tenue officielle. Le signal sonore se fit entendre. J'approchai de la ligne jaune, souriant faiblement en remarquant mes bottes, une tonne de souvenirs s'infiltrant dans ma tête, avant d'entrer dans le train.

Je pris la première place libre, près d'une jeune fille blonde. Elle regardait son cellulaire et mâchait une gomme. Croisant mes jambes, je me calai dans mon siège et regardai devant moi.

J'aimais bien le métro. Il y avait toutes sortes d'humains, c'était comme un petit écosystème sous-terrain.

Il y avait les SDF, qui avaient toujours un truc à raconter.

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