(Michigan Etats-Unis) :
Dans le salon de l'un des nombreux modestes foyers de la municipalité de Rawsonville, une grande horloge sur pied sur laquelle était modelée en son centre, une statuette d'une déesse de la mythologie romaine tout en fonte, sonnait les douze coups de minuit.
Giovanna avait hérité de cet objet sentimental neuf ans plus tôt, après le décès de ses parents, tous deux originaires d'Italie. C'était juste quand elle commençait à fréquenter celui qui était son époux aujourd'hui, Douglas McKinley. La mère de Giovanna avait quitté ce monde rapidement après le diagnostic d'une foudroyante maladie qui ne lui avait pas laissé le temps de faire ses adieux. Quant à son père qui était fragile du cœur et qui n'était pas préparé au choc, il avait suivi sa femme peu de jours après son enterrement. Six mois plus tard, Giovanna âgée de dix-neuf ans qui avait pu compter sur le soutien moral et financier de Doug, avait accepté de devenir sa femme.
Une erreur qu'elle avait bien regrettée par la suite. Pourtant, elle était au courant que quelque chose ne tournait pas rond chez Douglas. Elle l'avait déjà vu à l'œuvre. Il avait beau être séduisant et attentionné, lorsqu'il buvait, il s'emportait pour des broutilles et partait au quart de tour. Néanmoins, il lui avait juré que si elle l'épousait, il ne s'autoriserait jamais plus une goutte d'alcool. Il le ferait pour elle, car il l'aimait. Et il l'avait fait. Au début. Mais cela n'avait pas duré éternellement. De la même façon qu'un enfant se lasse de son jouet préféré, sa femme ne lui avait plus paru être le somptueux soleil de sa vie, après seulement quelques années de mariage. Ses jolis yeux verts et ses bouclettes brunes lui paraissaient bien fades, à présent. Comme tout le reste chez elle, d'ailleurs. Il ne voyait donc plus l'intérêt de faire des efforts.
Aujourd'hui, Giovanna n'était plus une épouse épanouie et heureuse en ménage. C'était une mère au foyer terrifiée par les crises de violence de son mari qu'elle tentait de contenter au mieux afin d'éviter que tout n'aille de travers. Ces ébranlements étaient exclusivement dus à l'absorption d'une maudite et abjecte boisson qui exaltait tout ce qui pouvait exister de pire chez un Homme : haine, colère, mépris...etc. Dans ces moments-là, Doug subissait un total changement de personnalité. (Ou bien peut-être était-ce tout simplement sa vraie nature.) En temps normal (c'est-à-dire lorsqu'il n'était pas sous l'emprise de l'alcool), il n'éprouvait pas d'aversion envers sa famille. C'était juste un petit con de première pour son entourage, un mari infidèle et un père absent, retenu par son travail et l'objet de ses infidélités.
Mais depuis quelque temps, ses crises de beuveries se répétaient de plus en plus. Giovanna savait que son mari s'était lassé d'elle, bien qu'elle ne fût pas au courant de ses petites escapades à droite et à gauche. Toutefois, elle voyait bien qu'il ne la regardait plus comme avant et selon elle, c'était pour cette raison qu'il avait rompu sa promesse d'abstinence à l'alcool. En outre, ses mauvaises fréquentations n'avaient fait qu'empirer la situation. Il s'agissait d'une bande de collègues célibataires beaucoup plus jeunes que lui,
qui passaient leur temps à faire la fête. De vrais piliers de bars, ces types-là. Ils entraînaient Doug avec eux dans leur décadence.Ce soir-là, Giovanna avait dû changer l'une des petites habitudes journalières qui consistaient à attendre Douglas avec leur fils pour qu'ils soupent tous les trois en famille. Auparavant elle se réjouissait de ces instants, car c'était les seuls moments que ce père pathétique offrait à son enfant. Mais pas ce soir. Leur fils, Shawn n'avait que sept ans et il avait école le lendemain. Il ne pouvait attendre son ivrogne de père qui serait à prendre avec des pincettes et qui risquerait de s'en prendre une fois de plus à lui. Aussi, elle l'avait fait dîner seul et l'avait envoyé au lit en lui disant de fermer la porte de sa chambre à clé. Shawn savait ce que cela signifiait. Cela signifiait qu'une fois de plus, son papa ne rentrerait pas à la maison dans son état normal, mais sous les traits d'un monstre. Alors, il fit ce qu'il faisait tout le temps dans ce genre de situation : il croisait les doigts et priait le Bon Dieu pour que son papa ne rentre pas avant qu'il ne soit lui-même. Il avait peur pour lui, mais aussi pour sa maman.
VOUS LISEZ
Au-delà de toutes rancoeurs
Science FictionDepuis son plus jeune âge, la vie du petit Shawn McKinley est soumise à de lourdes épreuves si bien qu'en grandissant, cette enfance fort difficile fait de lui un adolescent aigri par la vie qui n'attend plus rien de celle-ci. Il en est ainsi jusqu...