Jour 1

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Lundi 30 Mai 2016

« Mademoiselle Hood,

J'ai l'honneur de vous annoncer que vôtre nom a été choisi pour cette sixième session de jeu auquel la terre entière aura accès à partir du 1er Juin 2016, en direct de Pluckley. Nous sommes conscients que vôtre sœur est décédée lors des jeux précédents et nous espérons que vous ne connaîtrez pas le même sort qu'elle. Pour ce faire, veillez-vous présenter à l'aéroport de Londres Gatwick le 30 Mai 2016 à 8 heures 15 à la porte des arrivées.

Lors de vôtre arrivée à l'endroit de rendez-vous, une voiture vous attendra, tout comme vos coéquipiers afin de vous emmener à un hôtel non loin du lieu de jeu. Le reste des explications vous seront donné à vôtre arrivée, dans vôtre chambre d'hôtel.

Que le sort vous en soit favorable Mlle. Hood,

Le directeur de jeu. »

Je relis encore et encore cette lettre, m'arrêtant à chaque fois sur le passage qui parle de ma sœur. Je lui en veux de s'être donnée la mort, surtout à quelques heures de la fin de ce stupide jeu. Je me demande encore ce qu'il lui a traversé l'esprit au moment de faire ça, mais je sais que c'était calculé. Jade était quelqu'un t'intelligent, se donner la mort en direct à moins de vingt-quatre heures de la fin voulait sûrement dire quelque chose. Mes parents disent que je suis folle mais je n'ai jamais abandonné mes recherches. Je sais que quelque chose de malsain se trame derrière ce jeu de suicidaire, dépressif, et complètement con.

Vous connaissez le film Hunger Games ? Le mec qui a inventé ce jeu devait en être fan, sauf que les joueurs ne s'entretuent pas, ils attendent que la mort vienne à eux. Nous ne sommes pas dans une arène non plus, nous sommes dans un lieu hanté, réputé pour foutre la trouille aux autres. Cette année, nous allons devoir vivre durant un mois dans un village extrêmement célèbre en Angleterre, Pluckley, autrement dit le village le plus hanté du Royaume-Uni. Comment je vais faire pour m'en sortir sachant que je ne sais pas faire cuire un plat de pâte ? Qu'est-ce qu'une petite française comme moi fait dans ce jeu malsain et plus que débile ?

Depuis maintenant six ans, ce jeu se pratique chaque année, dans un endroit différent des autres, contenant vingt joueurs venant des quatre coins de la terre. Indien, Mexicain, Français, Japonais...Tout est passé dans ce maudit jeu, presque aucun n'en est sorti vivant. Les rares fois où quelqu'un arrive à tenir le temps imparti, soit trente jours, il se suicide moins de deux semaines après à cause des voix qu'il entend et de son impression d'être constamment observé. Même si je ne crois pas en ça, j'avoue que j'ai quand même peur. Ouais, j'ai peur d'y laisser la vie comme tous les autres avant moi, ou de ressortir complètement différente pour finalement me tuer trois jours après. Il est vrai que de savoir que l'on va vivre durant un mois complet dans un endroit « hanté » n'est absolument pas rassurant et que malgré la sensation de confiance qui m'a poussé à venir ici, à monter dans ce train, je suis terrifiée. Seulement deux heures vingt de train me sépare de la capitale et pour une fois, j'adorerai que la distance s'allonge et que je reste assise huit heures dans ce fauteuil inconfortable comme un Toulouse-Paris.

Je ferme les yeux, me concentrant sur la musique qui se diffuse dans mes oreilles, me berçant. Pour la première fois, la musique ne me fait absolument rien et je n'arrive pas à me détendre. Finalement, j'arrive à m'endormir et me laisser entraîner dans les profondeurs du sommeil.

Je me réveille à la suite d'une secousse à mon épaule gauche. J'ouvre les yeux, fixant l'homme qui me fait face et l'interroge du regard. Il m'indique que cela fait dix minutes qu'il tente de me réveiller puisque le train est enfin arrivé à Londres. Je me lève en bond, faisant sursauter le contrôleur, attrape ma valise cachée sous la table, passe mon gros sac de voyage sur mon épaule et range mon portable dans la poche de ma veste. Je m'empare du papier qu'il me tend et remarque qu'il s'agit de la convocation pour les jeux. Le contrôleur m'adresse un regard triste et me glisse un petit « fais attention à toi » avant que je ne descende du train en courant. Je ne sais absolument pas où se trouve l'aéroport de Londres Gatwick et je pense bien que je me suis perdue. Si je me rappelle bien, il faut que je change de train pour prendre le Gatwick Express, ce qui m'emmènera directement à l'aéroport. C'est bon à savoir. Maintenant, il va falloir que je trouve mon train et que je ne mette pas une demi-heure comme tout à l'heure. Je tente de demander de l'aide aux passants, mais personne ne s'arrête pour me regarder. Je souffle lourdement et me remets en marche espérant tomber sur une âme charitable. Finalement, je trouve une jeune femme qui accepte de me montre le chemin à prendre. Je la remercie chaleureusement et me rends sur le quai cinq minutes avant qu'il ne parte. J'ai eu chaud. C'est parti pour une demi-heure de train, encore et toujours le train. La prochaine fois, je prends l'avion. Il faudrait encore qu'il y ait une prochaine fois.

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