Jour 10

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Mercredi 8 Juin 2016.

Je suis de nouveau sur pied, contre l'avis du psychiatre, prête à reprendre le jeu. C'est probablement du suicide mais j'aime bien ce jeu, c'est divertissant.

Je finis de m'habiller, enfile mes chaussures et sors de ma chambre, croisant Zack dans les couloirs. Je le salue et descends à la salle commune où je prends le temps de petit-déjeuner avant de quitter l'auberge, allant retrouver Cary devant l'endroit où elle dort. J'attends une dizaine de minutes, assise sur les marches d'une maison en attendant la venue de la vietnamienne quand je la vois sortir, l'air triste. Elle me passe devant, tête baissée.

- Hey ! je lance en lui faisant un clin d'œil. On ne vient pas me dire bonjour ?

- Alex ? elle s'étonne. Tu fais quoi ici ?

- Il faut bien que je continue le jeu, non ?

Un petit sourire vient illuminer sa mine sombre, ce qui me tourmente.

- Pourquoi tu fais cette tête ?

- Je ne sais pas si je dois te le dire...elle hésite. Ok, de toute façon tu risques de le remarquer. Hier, alors que nous étions à l'asile pour questionner les patients pour savoir s'ils mentent, l'indienne et l'argentin se sont retrouvés dans la même salle avec quelqu'un de complètement dérangé et...on ne sait pas comment mais il a réussi à les tuer puisqu'il était en camisole.

- Il avait la bouche en sang ?

- Ouais, mais...

- Cannibalisme, facile à deviner.

En fait, pas du tout, j'ai simplement entendu une histoire similaire à Manchester quelques mois avant mon départ, donc j'ai fait le lien.

- Et ça ne t'inquiètes pas plus que ça, demande la fille.

- Non, j'ai l'habitude.

Cary me fixe étrangement.

- Tu l'as vu dans mes peurs Cary, j'ai déjà été en hôpital psychiatrique.

- Je pensais que tu avais peur d'y aller à cause du jeu.

- Je n'ai pas peur de ça puisque je sais que je vais y aller après le jeu. On ne sort pas indemne d'ici Cary, même la personne la plus saine d'esprit y va après ce jeu.

- Pourquoi tu es ici alors, sachant que tu es instable mentalement.

- Merci, c'est gentil. Je n'en sais rien, je m'empresse de dire face à sa mine sérieuse. Mais on s'en fout, je suis là, alors on fait avec.

Nous faisons le trajet jusqu'à l'église en silence. J'ai sûrement dû lui faire peur à en lui racontant ça, j'espère seulement que sa confiance en moi ne va pas être remise en cause.

°

- Alexine, s'exclame faussement Carl, quelle joie de te revoir parmi nous !

- J'aimerai bien dire la même chose, mais je mentirai, je réponds en souriant.

Carl perd son faux sourire et son visage se ferme. Cary me donne un coup dans les côtes, ce qui me fait grimacer alors que je lui pince la cuisse pour me venger. On ne s'attaque pas à plus fort que soi. Narcissique ? Non, juste complètement tarée.

- Comme notre chère Alexine n'a pas pu interroger les patients hier, elle va le faire aujourd'hui, et après nous allons pouvoir commencer l'épreuve.

Je le regarde méchamment alors qu'il m'invite à le suivre hors de la salle dans laquelle nous nous trouvons. Je le déteste, c'est plus qu'officiel. Je me lève, sous les plaintes des autres comme quoi cela ne se fait pas et m'arrête devant la porte. Carl, visiblement impatient, m'attrape le bras et me traîne de force dans une chambre à l'étage d'en dessous. Le patient est allongé sur son lit, des sangles de tous les côtés, portant une camisole. Il a également une muselière, ce que je trouve tout bonnement horrible pour un humain. Je veux bien qu'il est des problèmes, mais il y a des limites. Carl me pousse à l'intérieur et referme la porte d'un coup sec après m'avoir dit de faire ce qu'il me plaît, du moment que j'arrive à discuter avec lui.

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