Jour 26

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Vendredi 24 Juin 2016.

Un nouveau jour se lève, me laissant un goût amer dans la bouche. Ce soir, quelqu'un perdra la vie, pour changer. Je commence à comprendre le truc, comme nous tous finalement. Il est bête de se croire sauvé d'avance, personne ne sortira d'ici, j'en suis certaine. Qu'importe, de tout façon, il ne nous reste quelques jours, que ce soit à vivre ou à mourir. Nous sommes le 24 Juin, ce qui signifie que le 1er Juillet à 6 heures du matin, nous serons libres. Enfin, pour ceux qui « restent ». Personne ne survivra, ce n'est pas un simple jeu de survie, c'est une torture, une descente en enfer pour être plus précise. Je sais que je ne fais que me répéter depuis le début de cette maudite aventure, mais cet endroit, ce jeu, n'est que l'enfer. Même le diable prend une place et regarde avec impatience, s'en voulant de ne pas avoir pensé à un truc du genre plus tôt. Je sais que je peux être tordue, mais pas autant que le directeur de jeu, lui est encore plus fêlé que moi. Plus fêlé que n'importe qui en réalité. Il faut avoir un certain degrés de connerie et de folie pour pouvoir créer un jeu pareil. Enfermer des jeunes dans un endroit hanté pendant un mois, sans téléphone ni moyen de contacter sa famille une dernière fois. Dans quel but ? Se divertir. Quelle belle connerie. Ce jeu a tenu six ans, jusqu'à notre arrivée. Je ne dis pas que le jeu va cesser, mais d'après ce que j'ai compris, nous n'aurions pas du rester aussi longtemps, enfin, pour la plupart d'entre nous. A ce stade de l'avancement du jeu, il me semble que trois ou quatre personnes auraient du rester dans la forêt, se tuant les uns les autres pour garder la vie sauve. Ce jeu est basé sur la connerie humaine mais également sur l'instinct de survie. Dans les cas extrêmes, comme celui-ci, l'humain est capable de l'impossible pour rester en vie. Ce que nous faisons actuellement. Il se bat pour une quelconque nourriture, pour quelques misérables gouttes d'eaux, pour un rayon de soleil et j'en passe. L'humain peut vivre une trentaine de jours sans manger, mais seulement cinq sans boire au risque de perdre la vie. Je suis le genre de personne à penser que nous sommes nés pour mourir. Il est vrai que nous vivons, mais certains n'ont pas cette chance, ou ont la vie dure. Je suis assez négative, je le conçois, mais ce n'est que ma manière de penser. Je ne n'y peux rien et ce jeu m'a bien prouvé que j'avais une nouvelle fois raison et que je ne m'étais pas trompée sur l'être humain. J'ai totalement perdu foi en lui, en cet être impitoyable et grotesque qu'est l'humain. Je suis humaine, oui, mais je ne crois pas en cette race dite « supérieure ». Pour moi, ce ne sont que des êtres inférieurs, incapables de réfléchir correctement et rationnellement en cas de danger, qui pense à sa petite personne avant les autres, et qui ne sert strictement à rien. Sans humain, pas de Terre, je suis d'accord, mais parfois, je pense que ce serait mieux. Sans nous, le monde serait plus joli, plus joyeux. Guerres, morts, pauvreté, tout disparaîtrait.

J'aimerai tellement crier haut et fort ce que je pense, exposer mon ressenti, ma manière de penser, mais c'est impossible. Qui écouterait une gamine de seize ans ? Personne, je le sais déjà. Je ne suis rien aux yeux du monde, de ce putain de monde. Je ne suis rien aux yeux de personne d'ailleurs, juste une âme avec une enveloppe charnelle de passage dans ce vaste monde si triste et si sombre. Si je venais à le quitter, ce sera sans peine, mais non sans quelques regrets. Je regrette de ne pas avoir envoyé un dernier message à mes parents avant de partir, certes, mais je regrette surtout le fait de ne pas avoir dit au revoir à Jade. Je ne l'ai pas fait quand il le fallait et je ne l'ai toujours pas fait. Je refuse de me dire qu'elle est partie. Mais elle est partie, elle s'est envolée comme de la fumée, tout comme le peu d'affection que je ressentais envers ma mère. Cette ignoble femme que j'appelais maman. Comment a-t-elle pu me cacher quelque chose d'aussi grave ? Comment le reste de ma famille a pu me cacher un truc pareil ? Aucune idée, mais tout ce que je sais pour le moment se trouve être que je n'ai plus aucune confiance en elle. Je n'ai plus confiance en ma famille. De toute façon, je n'ai jamais eu confiance en personne.

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