Lust Kick, Love Punch [EN PAUSE]

10. Chapitre 10 #Mike

Je me réveille à trois heures du matin, à force d'entendre mon fichu téléphone vibrer. Putain de merde. J'y jette un œil. 5786 notifications en une nuit ? Les gens n'ont donc rien d'autre à foutre? Je soupire longuement. Je savais qu'avoir un compte Instagram à mon nom était une erreur. Mais Victoria, l'attachée de presse de la World Taekwondo Federation, chargée de soigner mon image, a soutenu le contraire. C'est le genre de bonne femme qui croit que rien ni personne ne peut lui échapper, et qui se figure aussi pouvoir maîtriser les débordements sur la toile. Laissez-moi rire.

Vingt-quatre heures après mon inscription, j'avais une armada de croqueuses de diamant à mes trousses. Pfff... Les réseaux sociaux, non mais quelle perte de temps ! Et avec les clichés très équivoques que la cougar la plus épique de tous les temps a postés, je n'ose même pas imaginer ce qu'il en est. Depuis qu'Alex nous a montré les coms, je suis encore plus blasé. Je veux dire, à quoi ça rime finalement ? Ces filles s'excitent sur une plastique, sans se poser une seconde la question de notre identité. Bonjour luxure et gourmandise à excès, adieu la sécurité ! Je ne comprends pas, mais si je comprenais les femmes, je n'en serais pas là.

Je reste un moment à fixer le mur de ma chambre avant de me tourner et de me retourner dans mon pieux, piteusement. Qu'est-ce qui m'arrive ? Ce n'est pas mon genre de faire des insomnies. Pourtant, c'est comme si, malgré la fatigue, mon corps refusait de se plier à mes exigences. J'ai cours lundi matin, à la première heure, avec ce bon vieux et exigeant Pinckell, à qui je dois rendre un dossier de quinze pages sur « L'impact des intempéries sur le redécoupage des reliefs ». Qui plus est, après mon départ inopiné de la dernière fois, il ne me fera pas de cadeau. Je vais donc devoir y passer tout mon dimanche.

Je ferme les yeux et me retourne sur le ventre pour enfouir mon visage dans mon coussin. Mais je n'ai qu'une image qui me vienne en tête et m'obsède. Ce visage d'ange sur le pas de ma porte. Ses cheveux d'un châtain clair lumineux parsemés de mèches plus claires, presque blondes, que la brise faisait danser doucement. Son nez fin qui s'harmonise parfaitement avec ses jolies lèvres sensuelles, pleines et roses, et ses yeux d'émeraude, lumineux, me fixant avec joie. Et moi, comme le dernier des imbéciles, resté coi devant tant de perfection. Pfff... Lamentable accueil. Elle doit me prendre pour un gros naze.