Remember Me.

Chapitre 1

"Comment t'as pu me faire ça ? J'étais ta meilleure amie ainsi que celle de ton frère et de tes amis. On avait prévu tellement de choses toi et moi. Et tu as tout gâché. Pour vivre ta vie, ton rêve. Si tu savais ô combien je te déteste aujourd'hui. Rien qu'en entendant ton nom, je sens la rage monter en moi. Je te hais Tom Kaulitz."

"Komm und rette mich
Ich verbrenne innerlich
Komm und rette mich
Ich schaff's nicht ohne dich

Komm und rette mich
Rette mich"

Une des seules et uniques chansons où je pouvais me reconnaître quand leur premier album était sorti. Schrei il s'appelait. Si seulement je pouvais le faire pour qu'il pût au moins m'entendre. Me reconnaître. Mais rien.
Tous les matins, quand j'écoutais la radio quand je me maquillage avant d'aller à l'école, une chanson d'eux passait en boucle. Durch den Monsun. Shrei. Ou Rette Mich. Je les écoutais sans plus mais je ne pouvais pas m'empêcher de le voir en train de jouer ces airs de guitare. Son visage qui me hantait presque avait le don de me mettre les larmes aux yeux. Depuis qu'ils avaient réussi avec Durch den Monsun, je n'avais plus de messages, ni d'appels, ni une seule visite de lui. J'avais beau lui envoyer un SMS de temps en temps ayant toujours cette boule au ventre qui me disait qu'il était sûrement occupé dans une séance photo ou une interview, que son portable n'avait plus de batterie ou qu'il répétait avec son frère... Je ne savais pas puisqu'il me répondait jamais.

En 2009, Humanoid était sorti. Mon père m'avait offert l'album à Noël. J'étais un peu mal à l'aise quand j'avais déballé ce cadeau. Le premier réflexe que j'avais était d'ouvrir cette album et je vis une photo de Tom. Il avait tellement changé. Il avait maintenant vingt ans et n'avait plus ses dreadlocks mais il avait à la place des tresses. Ça le rendait plus mature et bizarrement, au fond de moi, très beau. Puis à ma plus grande surprise, mon père m'avait aussi offert une place de concert pour le 28 Février 2010 à la Color Line Arena à Hambourg. "Pour que tu revois enfin Tom." m'avait dit mon père. Il savait que j'avais souffert de son éloignement. Je n'avais jamais prétendu qu'il devait absolument rester avec moi, ce serait égoïste de ma part mais au moins qu'il ne m'oubliait pas aurait été le moindre des choses qu'il aurait pu faire... Je me souvenais que j'avais pleuré en voyant cette place de concert. C'était des larmes à la fois de joie et de peur. De joie parce que j'allais enfin le voir s'épanouir sur scène comme il l'avait toujours rêvé puis le revoir tout simplement. Mais aussi de peur parce que je me posais des tas de questions mais la même me revenait systématiquement : se souvenait-il encore de moi ? Je l'ignorais et j'aurais la réponse uniquement pendant le concert.

2010, j'avais seize ans, bientôt dix-sept en Juillet, j'étais en douzième classe dans un Gymnasium à Magdebourg (l'équivalent de l'année de première en France) et j'étais une fille plutôt banale. Toutes les filles de mon Gymnasium étaient fan de Tokio Hotel. Beaucoup idolâtraient les jumeaux Kaulitz. Personnellement, j'étais sûrement la seule fille de tout l'établissement à être neutre. Celle qui n'aimait pas Tokio Hotel carrément. Ce qui faisait que je me retrouvais très souvent seule. Depuis 2005 je dirais, quand ils avait cartonné avec Durch den Monsun. En tout cas, personne ne savait que j'allais à leur concert à Hambourg.

28 Février 2010. J'étais chez ma tante qui habitait dans le coin et donc qui m'hébergeait pour le soir du concert. J'étais très stressée d'y aller. Je savais qu'il y avait pleins de filles qui venaient le voir. On allait se battre presque pour lui. Mais moi, j'avais connu Tom. Pas comme toutes ces filles qui ne voyaient qu'un coureur de jupons beau gosse. Il me connaissait et il ne devait pas m'oublier. Je voulais en être sûre pour enfin le pardonner. Mais je ne savais absolument pas ce qu'il m'attendait ce soir...
J'avais dû partir très tôt afin de m'assurer d'être bien placée dans la fosse. Oui, mon père m'avait une place dans la fosse. J'avais pensé qu'il voulait vraiment que je le revoyais après tant d'années d'absence.
Et ça avait payé. Par pur chance, j'avais atterri tout devant de la fosse, sur le côté gauche. On m'avait dit que c'était le côté de Tom. Je croisais presque les doigts pour que ce soit vrai. Plus j'attendais le moment fatidique, plus la salle se remplissait de filles qui couraient de partout, certaines hurlaient fortement des phrases de tout genre comme "Bill je t'aime !" ou encore "Tom baise moi !" et d'autres s'évanouissaient avant même que le concert commençait. Comment vous dire que j'étais comme exaspérée par le comportement de certaines filles pour des jeunes hommes. C'étaient avant tout des êtres humains. Enfin, je disais ça parce que je les connaissais personnellement mais peut-être que j'aurai réagi comme elles si ce n'était pas le cas.
Après la première partie d'un DJ, le moment tant attendu arrivait enfin. Je voyais une énorme "boule" incrusté du symbole de leur groupe s'ouvrir doucement et plus la boule s'ouvrait, plus mon cœur battait de plus en plus vite, à tel point qu'il pouvait sortir de ma poitrine. Puis je vis une ombre arriver et se positionner vers les synthétiseurs pour lancer les premières notes de "Komm". Je reconnus de loin les doigts de Tom qui jouer l'intro de la chanson. Mon cœur s'était comme arrêté à ce moment où je l'avais vu, du moins, son ombre. Puis les premiers coups de batterie retentirent et les projecteurs illuminaient enfin le groupe. Enfin je te voyais Tom Kaulitz. Enfin je te voyais en vrai. Pas dans la télé ou sur internet dans le site officiel. Non. Enfin. Tu étais devant moi, en train de t'épanouir sur scène comme tu me l'avais toujours dit quand nous étions encore jeunes. Il avait ses mimiques, ses sourires et ses clins d'œil qu'il faisait par ci par là. J'étais comme hypnotisée par lui. Il avait l'air tellement heureux. Alors que son bonheur faisait de ma vie presque un enfer. Alors que je ne fixais que lui, quand ils jouaient "Alien", il était en face de moi et il avait baissé son regard vers nous, les fans en furie et hystériques. Il avait l'air captivé par quelque chose ou quelqu'un pour fixer un point ou plutôt une personne en particulier. Et j'avais l'impression que c'était moi qu'il fixait. D'un coup, le temps s'était comme arrêté. La musique ne résonnait plus dans la salle. Le voix de Bill n'était plus qu'un écho dans mes oreilles. À cet instant précis, il n'y avait plus rien autour de moi. Il n'y avait que Tom et moi. Comme si je pouvais monter sur scène pour lui dire tout ce que j'avais dans le cœur. Et pendant tout le concert, il passait devant moi pour me regarder encore et encore.