Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. La fatigue se faisait sentir au fur et à mesure que le jour se levait. Je peinais à finir certains papiers et appels dont celui de l'école maternelle de Léo. Il était environs 8h quand je les avait appelé. Je me servis une énième tasse de café attendant le réveil de mon fils qui dormait toujours. Cette nuit l'avait vraiment épuisé. Comme moi mais pour d'autres raisons. Une fois mon café terminé, je commençais mon déménagement express. Je laissais uniquement les meubles et la vaisselle. Le reste comme les vêtements et effets personnels, je les mettais dans de grosses valises ou cartons que je trouvais par hasard dans les armoires de ma chambre et celle de Léo. J'essayais de mettre ces cinq années dans mes valises et cartons pour les rapporter en Allemagne. J'avais dû aussi appeler mes parents pour leur dire que je revenais et leur demander de nous héberger le temps de trouver un nouvel appartement pour Léo et moi. Ils étaient surpris et se demandaient pourquoi. Je ne leur avais rien dit. Je ne leur avais même pas dit que j'ai revu Tom. Mon père aurait tellement aimé que Tom et moi nous retrouvions après tant d'années mais comment expliquer que j'avais tout gâché. Comment leur dire que j'avais brisé le rêve de mon fils parce que j'étais égoïste, mon amitié et mes sentiments pour ce qui fut mon meilleur ami d'enfance ? Un jour ou l'autre, je leur dirais la vérité mais aujourd'hui, c'était trop frais, trop douloureux, trop difficile...
Je scellais le dernier carton lâchant un long soupir qui montrait la fatigue prendre le dessus. Je regardais l'heure, il était environs 10h du matin. J'étais dans les temps. Je comptais prendre la route vers midi voire 13h histoire de ne pas arriver trop tard. Dans tous les cas, j'allais quand même y arriver tard. Je m'affalais donc sur le canapé sous le regard à peine réveillé de mon fils. Quand je le vis, je lui souris et et me relevais pour le prendre dans mes bras où il s'y blottissait. Je lui dis après l'avoir embrassé d'aller s'habiller, se brosser les dents et qu'on allait pas tarder à partir. Il s'exécuta tandis que j'entendis la porte frappée. J'arrangeai vite fait mes cheveux dans une queue de cheval un peu bordélique et partis ouvrir la porte.
-Salut Wilhelm.
-Salut.
Je sentais toujours cette froideur qu'il y avait entre nous depuis notre séparation. Je lui souriait quand même pour lui montrer que je l'attendais. Je me décalais donc pour le laisser entrer. Il entra tout en restant silencieux, les mains dans les poches, le visage fermé et le regard baissé.
-Anaïs m'a dit de venir te voir d'urgence ce matin.
-Et je t'en remercie.
-Je t'écoute
-Je repars en Allemagne. Aujourd'hui.
Moi qui croyais qu'il n'allait pas réagir, je le vis en train de se décomposer devant moi.
-Mais... Le taf ?
-Justement.
Je me dirigeais vers le salon où se trouvaient sur la table basse plusieurs papiers, enveloppes, dossiers. Il était stupéfait de voir autant de papiers sur un aussi petit meuble.
-C'est quoi ce bordel... ?
-Alors le dossier jaune, c'est pour l'école de Léo. Je les ai déjà appelé ce matin, il attendent juste ces papiers. Celui en rose, c'est pour le taf. Il y a mon contrat ainsi que ma lettre de démission.
-Lily, je ne comprends rien à ton délire là.
-Et ce dossier là, c'est les papiers de mon appartement.
Je pris le dossier en question pour lui tendre. Il me regardait presque choqué.
-Je sais que tu en colocation et que tu voulais avoir un appartement et puis... Enfin, tu iras voir l'agent immobilier pour signer les papiers, je viens de l'appeler aussi et...
-Lily. Je ne peux pas accepter ça. Et puis, c'est quoi ton problème ? Pourquoi tu t'en vas avec ton fils ? Pourquoi tout ça ?
Je soupirais en reposant le dossier avec les autres tandis que lui s'asseyait sur le canapé essayant de se ressaisir.
-J'ai revu Tom.
-Et ?
-Et ça s'est mal passé.
-Et donc ?
-Je retourne en Allemagne.
-Qu'est-ce qui s'est passé avec Tom ? Sérieusement.
-Je lui ai formellement interdit de voir Léo. Et je lui ai lancé un verre dans la gueule.
Je marquais un silence alors que Wilhelm encaissait mon histoire. Je retenais mes larmes. Je déglutissais. Rien qu'en me revoyant lancer violemment ce verre sur Tom qui l'avait évité de justesse, me faisait presque craquer. Je sentais mon corps se trembler rien qu'en y repensant.
-Lily... Comment... Toi... Non... Pourquoi ?
-Parce que... Je suis perdue.
-Dans quel sens ?
-Dans le sens où... Je pense à mon fils et j'assume mes sentiments pour lui ou alors je ne brusque pas la vie de mon fils et je me tais à jamais pour laisser Tom.
-Mais pourquoi ?
-Tout simplement... Parce que j'ai peur.
-Peur de quoi ? Pourquoi tu ne me dis pas tout ?
Plus il essayait de me mariner, plus j'avais envie de hurler et de le frapper. Décidément, mes émotions ne s'étaient pas remis de cette affreuse nuit. Je soufflais un coup, m'entourais de mes bras pour m'empêcher tout geste déplacé et affrontais le regard inquiet de Wilhelm.
-Je l'ai toujours aimé Wilhelm... Il était mon meilleur ami, mon grand frère... On a toujours été ensemble jusqu'au jour où il est parti. Il avait quinze ans et moi onze. Puis après on s'est revu... Puis je l'ai haï comme jamais au monde. Mais au fond de moi, mon cœur battait toujours pour lui alors que je voulais le voir crever la bouche ouverte pour l'horreur qu'il m'a fait subir. Mais c'est trop dur. L'aimer ou le haïr ? Depuis mes dix-sept ans, je me pose cette question...
Quelques larmes perlèrent de mes yeux que je chassais avec mes doigts. Wilhelm m'écoutait, hochait la tête par moment et restait silencieux. J'avais peur de sa réaction. Si il allait s'énerver de mon comportement ou essayer de me consoler. Mais il ne bougeait pas et me fixait du regard.
-Dis moi quelque chose bordel !
-J'essaie de me mettre à la place de Tom. Je pense qu'il t'attendait depuis toutes ces années et quand il t'a revu, à l'hôtel, ça l'a perturbé et...
-Sans blague ! Moi aussi je peux me mettre à sa place ! Il est dégoûté de moi ! Voilà !
-Et est-ce que tu t'es déjà demandé si lui aussi il t'aimait ?
Là, il marquait un point. À ses yeux, j'étais sa petit sœur et sans plus. Et puis la célébrité lui avait apportait toutes ces filles dans don lit. Évidemment que je m'étais posée cette question. Beaucoup trop même. Mais je répondais par la facilité. Je ne disais plus rien, par peur de redire de la merde. Wilhelm se leva du canapé pour se mettre face à moi et à ma plus grande surprise, il me prit dans ses bras me serrant doucement contre lui. J'avais oublié à quel point j'étais si bien dans ses bras fort musclé, ses grandes mains qui calait ma tête contre son torse où je pouvais entendre son cœur battre. Comme le soir où Tom m'avait sauvé de ce gros porc de Matthieu.
-Je ne te jugera pas sur tes sentiments pour Tom. Je n'ai aucun pouvoir sur ça.
-Wilhem...
-Je l'ai vu quand je t'ai quitté. Tu l'aimes. C'est ton meilleur ami d'enfance et le père de Léo. Je n'ai pas à empiéter sur ta vie.
-Je suis vraiment désolée...
-C'est moi qui m'excuse. J'aurai dû t'écouter jusqu'au bout.
-Je te jure qu'il m'a rien fait ce soir là... Il m'a sauvé de Matthieu.
-Oui je sais. Je sais tout. Lisa et Marie m'ont montré les vraies vidéos que celle que ce connard m'a montré.
Je sentais un poids s'enlever en moi. Je me reculais pour sortir de ses bras pour le regarder. Comme automatiquement, ma main se glissait dans ses cheveux châtain pour se poser sur sa joue recouverte d'une barbe de trois jours. Je le regardais dans ses yeux bleu où je m'y noyais autrefois. Je lui souriait comme timidement. Et son visage qui était resté fermé commençait à se fendre d'un sourire aussi mince que le mien. J'avais retrouvé un ami.
-Tu es quelqu'un de bien Wilhelm.
-Et toi, la fille la plus forte et aussi têtue que j'ai connue.Nous riions tous les deux et je me séparais de lui. On gardait le sourire. On savait qu'on allait se quitter pour de bon.
-Je pense... Qu'il est temps qu'on se quitte.
-Je m'en occupe pour les dossiers. Mais vraiment, ton appartement, je ne peux pas l'accepter...
-Considère ça comme un cadeau d'adieu.
Je lui tendais les clés après avoir enlevé les porte-clés et gri-gri qui pourraient le déranger. Il regardait les clés puis levait son regard vers moi. J'insistais du regard et il les prit enfin.
-Merci Lily... Je... Je ne sais pas quoi dire.
-Et moi je te remercie pour toutes ces années en France.
Je l'enlaçais une dernière fois lui disant de prendre soin de lui tandis qu'il m'embrassait sur la joue. C'était à ce moment là que Léo nous voyait. Il comprit automatiquement qu'il fallait dire au revoir à celui qui aurait pu être son nouveau père. Wilhem le prit sans ses bras pour le porter. Il lui disait de bien grandir, bien travailler à l'école et de veiller sur moi. Il finissait par lui dire que son père ne l'oubliera jamais. Je souriais voyant mon fils enlacer Wilhem. Ils s'aimaient bien et Léo aimait jouer avec Wilhelm. Après les derniers câlins, Wilhem et moi descendaient les cartons et valises pour les mettre dans ma petite voiture. Une fois ma voiture chargée, j'enlaçais pour la dernière fois Wilhelm et montais dans ma voiture avec le cœur lourd. Je démarrais sous le regard de Wilhelm qui nous disait au-revoir de la main. Je ne le lâchais pas du regard jusqu'à qu'il disparaissait de mes rétros. Je soupirais soulagée. J'avais fini ma petit vie en France et allais commencer une nouvelle en Allemagne. Les chansons de Kings of Suburbia qui défilaient dans ma voiture, Léo qui jouait avec ses figurines Woody et Buzz l'éclair et moi qui luttait contre le sommeil.
Tout en circulant sur Paris pour rejoindre le périphérique puis l'autoroute direction Berlin, je sentis mon portable vibrer, je profitais d'un feu rouge pour voir ces appels manqués. C'était Wilhelm. Je n'y prêtais pas attention. Ça faisait même pas une demie heure que j'étais partie et il m'appelait déjà. Enfin bon, je le rappellerai à mon arrivée à Berlin. J'arrivais vers les Champs Élysées. Et là, au moment où le feu passait au vert, je redémarrais et j'entendais des klaxons et un bruit très lourd se cogner contre ma voiture. C'était comme une ombre. Ou pire, une personne. Je m'arrêtais brusquement. Puis les klaxons fusaient de partout. Je m'imaginais déjà le pire.
-Tout va bien Léo ! Maman va voir ce qui se passe et tu ne sors pas de la voiture.
Je me dépêchais de détacher ma ceinture et me précipiter vers le devant de ma voiture.
-Monsieur ? Est-ce que vous allez... Bien ?...
Mon cœur s'arrêta voyant un "0620" sur sa main baignant dans une marre de sang.
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Remember Me.
FanfictionLily Müller. 21 ans. Mère célibataire d'un petit Léo. Une jeune fille banale parmi tant d'autres mais qui a connu un homme aujourd'hui très convoité par toutes les jeunes filles du monde entier. Cet homme, elle le déteste au plus profond de son âme...