Wake up

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Hayley ouvrit les yeux difficilement, la bouche pâteuse. Elle cligna des yeux plusieurs fois et se passa la main sur le visage. Un mal de tête lui vrillait la tête. Que s'était-il passé, déjà? Ah oui, elle avait bu. Une mauvaise manie en ce moment. Tout comme mettre les pieds dans un bar, boire des cocktails à volonté et se retrouver dans une mauvaise situation. Elle se redressa soudainement dans le lit, semblant prendre conscience de la situation, oubliant sa gueule de bois. Elle n'était pas dans son lit. Ses draps étaient loin d'être blancs, sa chambre, loin d'être aussi grande. Ce n'était pas la sienne et encore moins son appartement. Rien que la superficie de cette chambre à coucher représentait les deux logements de son voisin Carlos et elle. Elle se leva et tira le rideau qui plongeait la pièce dans une semi-obscurité, la lumière du jour filtrant sous la protection amovible.

-Bordel... Murmura-t-elle en voyant les toits et les buildings de la ville s'étendre devant elle. Elle fit coulisser la baie vitrée et se retrouva sur le balcon.

Elle inspira l'air matinal et regarda en bas. Les voitures, les motos et les camions circulaient, klaxonnaient, accéléraient, freinaient ; les piétons se mélangeaient parmi la jungle urbaine, tout ça dans un boucan d'enfer. Elle peinait à croire qu'un simple officier de policier vivait dans un tel appartement. Puis elle se souvint que Bruce Wayne était son père adoptif. Il avait peut-être aidé le jeune homme à s'installer. Quel sacré coup de pouce!

Elle rentra, referma la baie vitrée et prit le temps d'ouvrir les deux autres rideaux, laissant ainsi la lumière envahir et inonder la pièce, découvrant la décoration épurée digne des chambres d'hôtel hors de prix.

La pièce, tout en longueur, offrait deux espaces distincts. Une télévision accrochée au mur ainsi que quelques fauteuils couleur crème et une table basse en verre avec un délicat bouquet de fleurs en son centre délimitaient un espace salon ou « lounge » , comme on disait dans le jargon de l'aménagement immobilier. De l'autre côté, un lit King-Size, aux draps immaculés, aux tables de chevet sorties tout droit de l'atelier d'un artiste-designer en ville supportaient de chaque côté des lampes raffinées et un radio-réveil dernier cri. Et au sol, la moquette blanche étouffait ses pas dans la chambre somptueuse et éclairée. Elle fit un tour sur elle-même, peinant à croire que Dick vivait ici. Tout seul. Le lieu sentait encore le neuf. Comme s'il fuyait la pièce principale d'une maison.

Tout cet espace inutilisé lui rappelait sa condition de simple salariée dans une boîte de macho qui la sous-payait. Elle vérifia sa tenue devant le miroir vertical accroché au mur, juste à côté de la porte.

Ses vêtements étaient froissés, ses cheveux en pagaille et ne parlons même pas de son visage. On aurait dit un zombie. Elle arrangea sa chevelure comme elle put, remontant ses mèches brunes en un chignon lâche et fait à la va-vite, puis tira sur son tee-shirt, qui ressemblait plus à un pyjama qu'à autre chose. Enfin, elle essuya du bout de sa manche son mascara qui avait coulé et qui lui faisait un visage de panda. Elle se mordit les lèvres plusieurs fois de suite et se frappa les joues, dans l'espoir que son hôte pense qu'elle est en bonne forme.

Elle ouvrit la porte et se balada dans le couloir blanc, dénudé de toute photo, de tout cadre. Tout cela semblait très impersonnel et elle était de plus en plus surprise au fur et à mesure que ses pieds foulaient le parquet en bois ciré qui la mena dans une grande pièce à vivre, semblant être le lieu le plus vivant et le plus utilisé de l'appartement ou du moins, le peu qu'elle avait vu.

Sur sa droite, un deuxième écran plat diffusait les dernières actualités avec pour seul spectateur un canapé d'angle en cuir noir tandis que droit devant elle se trouvait une immense baie vitrée. En tout cas, nota-t-elle avant de tourner la tête à gauche, il aimait bien les fenêtres.
Et alors que ses yeux parcoururent la cuisine américaine ouverte sur sa gauche, elle fut soudain absorbée par un dos nu et musclé.

SkumfukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant