Skumfuk

Green

-Bon les gars, on a deux corps à rapatrier. Taylor, Sam, je vous laisse vous charger de l'affaire. Les médias sont déjà au courant, donc vous savez ce qu'il vous reste à faire. Appelez-moi si vous avez besoin de quelque chose.

Le capitaine, un homme se situant dans la cinquantaine, avec une stature imposante de part sa largeur, dans son costume bon marché arriva au pas de course au commissariat, délivra ses instructions avec un agacement non feint et s'enferma dans son bureau, comme tous les jours.

Oh, il avait l'habitude de ce genre d'attitude. C'était tous les jours la même chose. Mais cette fois-ci, quelque chose le fit tiquer. Alors quand le capitaine avait annoncé aux deux flics les plus feignants du poste qu'ils devaient s'occuper de deux cadavres et de la presse, il avait sauté sur ses pieds et s'était rendu sans hésitation dans le bureau de son supérieur.

-Grayson. Tu veux quoi? Demanda l'homme aux cheveux grisonnants, un stylo à la main et calé au fond de son fauteuil rembourré.

-Je suis venu vous demander de me mettre sur l'affaire.

-Et pourquoi je ferais ça?

-Parce que vous savez très bien que Fischer et Harrison vont bâcler l'affaire. Vous voulez juste vous en débarrasser. Ils sont incompétents et vous le savez. Ces corps vont pourrir à la morgue s'ils s'en occupe! Donnez-la moi.

Pendant un instant, les deux hommes se défièrent du regard. Comment cet individu manquant de goût et d'un tant soit peu d'humanité avait pu grimper les échelons et se retrouver au sommet de la pyramide, se demanda l'officier. Qui avait payé cet homme bombonnant et qui avait décidé de le mettre là, à une place importante, qui était sensée être le siège du respect de la loi, des individus et non un simple poste où le travail pouvait être bouclé à partir d'un ordre gueulé en entrant dans la pièce?

Mais il se contenta de le fixer dans les yeux, attendant une réponse favorable.

-Soit. Si ça te fait plaisir. Viens pas te plaindre si t'as des ennuis. Allez, dégage. J'ai des choses à faire.

Si par "choses" il entendait fumer un cigare en jouant au solitaire, alors oui, sa journée serait très chargée. Mais pour l'instant, Dick se réjouissait de sa victoire. Il pourrait gicler ces deux parasites et régler cette affaire en solo. Comme il l'avait toujours fait, mais cette fois ci, de manière légale.

* * * *

Il arriva sur les lieux du crime, délimité par les rubans jaunes que tout le monde connaissait. Une foule de curieux s'amassaient derrière ceux-ci tandis que de l'autre côté du périmètre carré se tenait une horde de journalistes qui mitraillaient la scène avec leurs appareils photos dernière génération et que des reporters télévisés diffusaient des informations erronées. Une scène de crime que l'on pourrait qualifier de "normale" dans ce secteur de la ville. Qu'est-ce qui avait attiré autant de monde et surtout la presse qui avait fini par abandonner les reportages sur la famille des victimes quand des événements du même genre ont fini par être monnaie courante?

Il passa sous la barrière éphémère, sans demander l'aval d'un de ses compatriotes, trop occupé à retenir tout ces gens qui voulaient tout voir, tout connaître.

Taylor et Sam auraient été incapable de gérer la situation, tout ça, c'était déjà trop pour eux. Il se rapprocha du centre du carré et des deux draps blancs qui intriguaient tant.

-Grayson, qu'est-ce que tu fous là? Je croyais que c'était Harrison et Fischer qui devaient s'en occuper?

-Ouais, je suis content de te voir aussi, Louis. Dit-il à l'homme à la peau mate en s'accroupissant.