Warning

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La lumière était encore allumée au deuxième étage, signe qu'elle ne dormait pas encore, malgré l'heure tardive. Il regarda quelques instants la fenêtre illuminée avant de descendre de sa moto.

Il avait fini par rentrer prendre ce moyen de transport, jugeant qu'il était plus rapide et plus efficace que sauter de toit en toit pour aller d'un point A à un point B. Mais au fond de lui, il savait pertinemment que ce n'était qu'un prétexte pour retarder le moment fatidique. Il avait donc traversé les routes désertes et silencieuses et s'était garé en bas de chez elle, dans la cour intérieure vide veillant tout de même à ce que personne ne le repère.

Escalader la façade de l'immeuble lui sembla presque trop facile. La cour arrière était dégagée et pour ne pas prendre de risque supplémentaire, il avait programmé une extinction des feux provisoire dans tout le quartier. Juste le temps de régler ses petites affaires et de retourner à la normale.

Il attendit sur le petit balcon, se cachant dans l'ombre de la nuit, évitant le faisceau lumineux qui éclairait le petit espace et qui était susceptible de le trahir.
Il s'accroupit et patienta ; tous les appartements allaient s'éteindre d'une minute à l'autre. Quand ce fut le cas, il entreprit de dévisser le loquet de la porte-fenêtre.
De toute manière, pensa-t-il alors qu'il enlevait la dernière vis, si Hayley était intelligente - Et Dieu seul sait comme elle l'était - son action de ce soir devrait suffire à la freiner.

Il se faufila dans l'habitacle plongé dans le noir et activa la vision nocturne de son masque, - qu'il bénit à cet instant - lui permettant de voir aussi bien qu'en plein jour et observa la pièce. Il se trouvait dans le salon, qui semblait déjà un peu plus propre que la dernière fois. Il n'y avait pas vraiment fait attention, mais il se souvenait en effet des dizaines de papiers par terre, des cadavres de sachets de chips éventrés au sol... Or, aujourd'hui, les lieux étaient comme neufs. Plus rien ne trainait au sol, et les papiers étaient tous accrochés au mur, retenus par des punaises, ça et là. Il s'en approcha. Que des pseudo-témoignages. Une esquisse d'un individu portant un masque, un habit tout en noir et parsemé de tâches bleues. S'ils étaient de sa main, ça, il ne le savait pas. Toujours est-il que la précision des traits étaient remarquables et que même si ce dessin ne ressemblait pas, la personne qui l'avait réalisé savait plus ou moins ce qu'elle avait vu. Il prit une photo de la feuille et l'arracha du mur à contre-coeur et la rangea dans une poche latérale de sa cuisse.

Il fut alors distrait par des cris de rage et des insultes dans l'appartement. Il se dirigea vers la chambre, découvrant une Hayley à genoux en train de retourner sa table de nuit sur son lit, dans le noir, tâtant tout ce qui ressemblait à un cylindre lumineux.

-Hayley Simmons, dit-il sur le pas de la porte.

La jeune femme se figea puis se releva lentement, scrutant la pièce malgré l'obscurité opaque.

-Qui est là? Demanda-t-elle d'une petite voix.

-Je pense que vous le savez déjà.

Elle porta les mains à sa bouche, en ouvrant de grands yeux.

-Oh, merde, ne put-elle s'empêcher de souffler. C'est pas une blague, hein? Vous êtes vraiment là? Je veux dire, c'est vous?

-Savez-vous pourquoi je suis là?

-Vous voulez m'empêcher de continuer mes petites recherches, c'est ça?

Il hocha la tête, puis se rappela qu'elle ne le voyait pas, il dit :

-Tout à fait.

-Donc ce sont des menaces? Reprit Hayley en se mordant la lève inférieure, inquiète. Et si, admettons que, hypothétiquement, je continue à farfouiller? Que se passera-t-il?

-Que cela soit hypothétique ou pas, dit-il gravement, la fin sera inévitablement la même. Vous serez neutralisée et cela, je ne le répèterai pas. C'est le premier et dernier avertissement.

-C-comme une cible? Releva-t-elle, la voix tremblante.

-Exactement.

Il la vit ouvrir la bouche plusieurs fois et la refermer, incapable de dire quoi que ce soit. Il fit alors demi-tour, prêt à disparaître mystérieusement comme il aimait le faire quand elle le rappela.

-Et pourquoi tenir autant à garder cela secret? Pourquoi le monde ne peut-il pas voir qu'il y a un bienfaiteur, un sauveur, quelqu'un qui protège cette ville?

Il soupira en silence. S'arrêterait-elle de poser des questions, un jour?

-Parce que s'ils le savaient, les choses ne feraient qu'empirer. Répondit-il. Je n'ai pas besoin de m'exposer au grand jour et dire que je suis le sauveur de la ville, que vous me devez respect, gratitude, admiration et que vous construisiez des statues à ma gloire en honneur à mes super-pouvoirs et aux actes que j'ai accompli. L'ombre me suffit. La nuit est mon élément, je n'ai pas besoin de plus.

Il fit un pas supplémentaire, pensant avoir fini lorsqu'encore une fois, sa voix retentit à travers l'appartement.

-Mais... Vous... Enfin, je ne sais pas... Vous êtes bien une sorte de justicier, hein? Est-ce que vous avez un nom? Comme les gens surnomment Batman et tout?

-Nightwing. Balança-t-il.

Puis il retourna sur le balcon, inspira et plongea dans le vide. Encore cette référence. Elle devait vraiment arrêter, ils n'avaient plus rien en commun, désormais. Il fallait cesser de toujours tout ramener à lui. A croire que même s'il était parti depuis un moment déjà, il restait tout de même une part de lui qui refusait de le quitter.

Légèrement énervé, il monta sur sa moto et démarra au moment où le quartier reprit vie, les habitats s'illuminant à nouveau. Au moins, essaya-t-il de positiver, elle semblait avoir compris que fouiller dans les affaires des autres étaient mal. Il ne restait plus qu'à attendre.

SkumfukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant