Andrew lança un coup d'œil à l'homme, puis à Emilia qui était retournée derrière son comptoir, et qui s'appliquait à éviter son regard, tout à coup captivée par les verres qu'elle était en train d'essuyer. Le Britannique patienta un peu, mais la mascarade dura un bon moment. Autour de lui, personne n'avait rien remarqué du malaise qui venait de s'installer et les clients fraîchement arrivés discutaient joyeusement. L'écrivain tapota le comptoir du bout des doigts, créant un fond sonore à peine perceptible, mais pas moins stressant et agaçant pour autant. La barmaid fini par relever les yeux, les sourcils froncés, et Andrew, satisfait d'avoir enfin toute son attention, put s'adresser à elle.
« Qui est-ce ? interrogea-t-il, accompagnant sa question d'un coup de menton en direction du blond.
_ Tu as déjà pas mal de personnages, et ton décor, peut-être devrais-tu t'intéresser à l'intrigue ? tenta de changer de sujet Emilia.
_ Je vais bientôt y venir, mais il me faut mieux connaître mes héros, c'est très important. Même les figurants peuvent s'avérer très utile... Donc, je réitère ma question : qui est-ce ? »
La femme soupira, visiblement exaspérée par son insistance, et continua son ménage en s'appliquant à l'oublier, malgré la propreté plus que parfaite du bar.
« Oh, qu'est-ce qu'il a bien pu faire pour être ignoré de cette manière ? Il n'a pourtant pas l'air malhonnête...
_ Je pensais que Sophia et toi aviez discuté des apparences...
_ Et du fait qu'elles sont trompeuses ? Oui, et al...
_ Alors tu viens de juger quelqu'un sur son apparence, l'image qu'il te renvoi, la coupa-t-elle, sans pour autant interrompre le lustrage du comptoir.
_ Qu'est-ce que tu veux dire ?
_ Cet homme – Brandon– a fait de la prison, déclara-t-elle, de but en blanc. »
Andrew resta interdit. Le dénommé Brandon n'avait rien d'un criminel, avec son air maussade et ses yeux cernés perdus dans le vague. Il fixait le fond de son verre vide, en regardant ses glaçons fondre, totalement absent, plongé dans ses pensées. Le Britannique fit mine de se diriger vers sa table, et Emilia lui attrapa le poignet avec force.
« Ce n'est pas une bonne idée d'aller lui parler... l'averti-t-elle.
_ Pourquoi donc, s'étonna son interlocuteur. »
Elle ne répondit pas, fuyant de nouveau son regard, et Andrew comprit.
« Ne me dis pas que toi, tu prêtes attention aux dires des autres, se révolta-t-il. Il est hors de question que je reste loin de lui, sous prétexte qu'il n'a pas bonne réputation !
_ Il n'y a pas que ça !
_ Alors quoi ?
_ Laisse-le tranquille, il y a plein de monde ici qui se ferait une joie de répondre à tes quest... »
La suite de sa phrase se perdit dans le brouhaha ambiant, et, en quelques enjambées, l'écrivain arrivait à la hauteur de l'homme, qui, toujours captivé par le fond de son verre, l'ignora complètement.
« Euh...Bonjour... Je suis...
_ Andrew Clive, le neveux d'Andréa Clive, et le dernier arrivant en date...
_ Hum, oui... C'est ça, acquiesça le Britannique, quelque peu décontenancé. Et vous, vous...
_ Brandon Tove. Mais vous me connaissez déjà, grâce à notre chère Emilia. »
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Chez Jean
Teen FictionSt-Laurent-en-Campagne. Petit village de cambrousse, paumé entre deux champs. Un monde à lui tout seul, où chacun se connaît, et où rien ne passe inaperçu. Et surtout pas l'arrivée d'Andrew Clive, qui chaque jour, s'installe dans le petit café fréqu...