« ... FIN. »
Andrew soupira en tapant ces trois lettres sur son ordinateur. Et voilà. Il avait terminé. Les aventures de son personnage – ou plutôt, de celui de tout le monde – arrivaient à leurs fins. Il en avait fini des longues séquences d'écriture, de discussions, et de relectures, dans le petit café qu'était Chez Jean. Plus de stress, de peur de ne pas être dans les temps. Au revoir longs débats pour décider de la marche à suivre, et de l'assemblage des chapitres. Bye bye, petits groupes d'auteurs en herbe...L'écrivain et son homme de papier pouvaient maintenant se quitter. Et si tous chez Jean étaient heureux d'avoir terminé leurs parties du travail, Andrew, lui, ressentait un pincement au cœur, et une terrible appréhension. Et maintenant, qu'allait-il se passer ? Combien de temps allait-il s'écouler avant qu'il ne recommence à écrire ?Devrait-il le refaire seul ? En aurait-il encore envie ? Et si tout recommençait à nouveau ? Que la machine se bloquait une nouvelle fois, et refusait de redémarrer ?
Il avait beau avoir terminé une histoire après plusieurs longs mois de travail fastidieux, passé aux côtés d'une équipe formidable et de personnes en or, rien ne lui faisait plus peur que ce qui l'attendait ensuite, et que l'absence d'émotions qu'il ressentait. Très logiquement, n'importe qui aurait sauté de joie en tapant les dernières lignes de son texte, quel qu'il soit. Mais pas lui. Qu'est-ce qui clochait chez lui ? Il ne pouvait pas se réjouir devant la tâche accomplie, appeler des amis, et déboucher une bouteille de champagne, comme n'importe qui ?
Dans un soupir – et un grincement de sa chaise de bureau – il se leva, et se dirigea vers sa cave, bien décidé à essayer de fêter son œuvre – collective – le plus dignement possible. Tiens, pourquoi pas en goûtant la bouteille que sa tante lui avait offerte– accompagnée de tout ses encouragements – à Noël ?La vieille dame lui avait confié combien elle était fière de lui durant les fêtes de fin d'année. Il était retourné à Londres pour les passer en famille, et ne s'était jamais senti aussi mal. Bien sûr, ses proches lui avait manqué, mais remettre les pieds dans sa ville natale avait fait ressurgir des souvenirs qu'il s'efforçait de garder loin de lui. Se balader dans les rues de la capitale, et apercevoir des cafés auquel il avait déjeuné avec Levy l'avait rendu triste. Quand, une semaine plus tard il était retourné à Saint Laurent, il n'avait quasiment pas parlé aux autres, et s'était contenté de s'enfermer dans la maison de sa tante, avec Papers pour seule compagnie. Il avait pleuré toutes les larmes qu'il avait gardé pour lui en compagnie du jeune matou, et était resté cloîtré deux semaines, porte et volets fermés, jusqu'à ce que son garde-mangé lui fasse comprendre qu'il devait sortir pour le remplir. Pendant ce temps-là, on, avait sonné chez lui, on lui avait demandé de sortir. On s'était inquiétépour lui, on avait laissé des mots, des lettres. Très vite, son répertoire téléphonique avait été plein craqué, et son adresse mail avait classé tous les messages qu'il recevait comme spams.
Puis, il s'était rendue une nouvelle fois Chez Jean. On lui avait presque sauté dessus. Sophia avait hésité entre le frapper et le prendre dans ses bras pendant au moins cinq minutes, avant d'opter pour la deuxième option. Emilia lui avait sourit de toute ses dents, comme si elle s'était doutée de ce qui était arrivé, et lui avait offert une semaine de repas au café. Tous avait été plus que gentils avec lui. Il avait passé la plupart de ses soirées avec des amis, et s'était remis au travail. Sophia était beaucoup restéavec lui. Ils s'étaient découvert une passion commune pour le footing, et avaient commencé à aller courir ensemble le dimanche matin. Peu à peu, il avait enfin pu se défaire de son histoire avec Levy...
Il se servit un verre d'une main hésitante, et se prépara un sandwich. Ce n'était certes pas très festif, mais il n'avait pas une Emilia à porté de main pour lui préparer des plats digne des plus grands chefs français. Alors, il faisait avec.
Il était en train determiner son repas – si tant est que cela puisse porter ce nom – quand on sonna à sa porte. Il reposa sa flûte de champagne, et alla ouvrir. La silhouette d'une jeune femme élancée, aux boucles rousses retenues par un bandana rouge se dessina dans l'embrasure. Elle lui sourit.
« Entre, Sophia. J'allais justement t'appeler, mentit-il.
_ Ah bon ? À propos de quoi ?
_ Je... J'ai terminé de corriger l'épilogue. Tu veux du champagne ? Je me suis dis que c'était l'occasion. J'annoncerai la nouvelle demain Chez Jean, et je vais envoyer le manuscrit ce soir. Je suis sûr que tout le monde va sauter de joie !
_ Ça, c'est sûr ! Tu dois être fier de toi ! Depuis le temps que tu en rêvais !Alors, qu'est-ce que ça fait d'être le papa d'un bébé comme celui-là ?
_ Eh bien... Je ne me rend pas bien compte. J'imagine que je réaliserais sûrement mieux après l'édition. Ou pas, en fait... C'est le premier roman que je termine. Et je n'étais pas seul ! Il y avait toi, et tous les autres. Emilia mériterait que son nom apparaisse sur la couverture, avec tout ce qu'elle a fait pour nous !
_ Ajoute-là dans les remerciements. En première place, proposa la rousse.
_ C'est déjà réservéà John, rit le brun.
_ Eh bien en deuxième !
_ J'avais promis à Andréa... avoua le Britannique.
_ Trop de gens méritent d'être cités en premier... Ce texte est une ode au monde.
_ C'est peut-être un peu fort...
_ Ne dénigre pas ton travail ! Je peux lire ?
_ Bien sûr ! Je crois que mon ordi tourne encore... »
« C'est très bon. J'aime beaucoup la fin, et la manière dont les personnages se quittent. Qu'Elias décide de partir du petit village pour retourner avouer au garçon qu'il aime qu'il... l'aime justement, grâce à l'histoire d'Andrew, c'est très beau.
_ Tu trouves ? »
Sophia plongea ses yeux verts dans le regard brumeux de l'écrivain. Puis, naturellement, l'un et l'autre se rapprochèrent. Et ils s'embrassèrent.
« Oui. »
Et voila. Dernier chapitre, les amis ! Bien sûr il reste encore l'épilogue pour la semaine prochaine, mais l'histoire d'Andrew arrive à son terme ! Qu'est-ce que vous en avez pensé ? À quel sorte d'épilogue vous attendez-vous ? Auriez-vous changé des choses dans l'histoire ?
À plus (ici ou ailleurs), Taquapax !
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Chez Jean
Teen FictionSt-Laurent-en-Campagne. Petit village de cambrousse, paumé entre deux champs. Un monde à lui tout seul, où chacun se connaît, et où rien ne passe inaperçu. Et surtout pas l'arrivée d'Andrew Clive, qui chaque jour, s'installe dans le petit café fréqu...