Chapitre 8

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Andrew s'arrêta, surpris. Deux brunettes, l'une à la tignasse bouclée, l'autre aux cheveux lisses, et beaucoup plus foncés s'embrassaient. À vrai dire, ce n'était pas la nature de la relation des deux demoiselles qui l'étonna,mais plutôt parce qu'il en avait reconnu une, qui n'aurait pas dut se trouver ici. Lou et ses cheveux sauvages, serveuse « Chez Jean », se portait à merveille, et sa cheville n'avait pas l'air de souffrir d'un quelconque mal. La jeune femme, d'environ dix-huit ans, vira au cramoisi, et celle qui semblait visiblement être sa petite-amie, également.

« Ce n'est pas ce que vous croyez, paniqua la serveuse. Ce... C'est...

_ Normal d'aimer quelqu'un, compléta l'écrivain. Ça arrive à tout âge. »

Lou le regarda avec des yeux ronds, comme si elle ne s'attendait pas à ce qu'il comprenne,puis, soupira de soulagement. Andrew, lui, ne voyait pas où était le problème. L'amour était quelque chose de beau, et il n'était pas homophobe. Voir la jeune serveuse embrasser une autre fille ne le choquait pas le moins du monde. Il ne comprenait même pas en quoi elle ressentait le besoin de se cacher. Pour lui, on aimait une personne pour ce qu'elle était, pas pour le sexe auquel elle appartenait. Les deux jeunes femmes, toujours gênées, restaient hésitantes et droites comme des piquets.

« Je m'appelle Andrew Clive, se présenta-t-il à la petite amie de Lou, pour essayer de rendre l'atmosphère moins pesante.

_ Séléna Driz, lui répondit-elle, sans pour autant se décrisper.

_ Vous ne préférez pas boire un café ? Je vous le paye, proposa-t-il. Enfin, je ne dis pas qu'on n'est pas bien ici, mais disons qu'il ne fait pas très très chaud, et qu'on serait sûrement tous mieux assis « Chez Jean ».

Comme pour appuyer ses propos, il frissonna. Séléna pris un air horrifié, et Lou fit de même.

« Impossible ! glapit la serveuse. J'étais sensée être de service, et... Et... Et il y a Maurice. »

Le Britannique fronça les sourcils. Il ne voyait pas ce que le vieux râleur venait faire dans toute cette histoire. Après tout, ça ne le concernait absolument pas, et tout cela restait entre les deux jeunes filles. Personne n'avait le droit de les juger.

« En quoi un arriéré doit-il vous empêcher de vous voir ? Il n'est même pas obligé de savoir que vous êtes ensemble, vous sav...

_ C'est mon grand-père »le coupa Séléna, lui empêchant d'enchainer sur un discours de plusieurs longues minutes.

Andrew se mordit la lèvre inférieure, se maudissant pour sa gaffe, et tenta de se rattraper du mieux qu'il pût.

« Je... Je ne voulais pas dire que c'était un arriéré... Hum... Simplement que..Euh...

_ Ne vous inquiétez pas, l'excusa son interlocutrice. Nous ne sommes pas très proches...Ma famille est plutôt fâchée avec lui.

_ Pourquoi donc ? demanda l'écrivain, sans se soucier de l'indiscrétion de sa question.

_ De vieilles histoires,marmonna l'autre, et il se douta, que si croustillants soit les détails sur la nature de leurs conflits, elle ne voulait pas s'attarder sur ses secrets de familles.

Il le respecta, bien qu'en son fort intérieur, il ne pût s'empêcher d'être déçu. Mais après tout, ça ne le regardait absolument pas.

« Pas « Chez Jean », donc... reprit-il.

_ Oui, affirmèrent en cœur les amoureuses.

_ Très bien... Est-ce que... Si ça ne vous dérange pas, évidemment, vous accepteriez de me parler de vous ? Pour mon rom...

_ Votre roman, termina Lou. On ne parle que de ça ici. « Andrew Clive, un écrivain s'est installé à St-Laurent ! ». Vous êtes presque une star pour les autres, et ils attendent de voir ce que vous allez leur pondre. Alors, avant de vous répondre, pourrais-je savoir de quoi allez-vous parler ? »

Andrew, fixa ses pieds,gêné, et impressionner. Son roman intéressait tant que ça ?Il avait du mal à y croire... Quant à ce qu'il allait raconter son livre ? C'était une excellente question. Lui-même n'avait pas la réponse... Ce qui était un minimum problématique.

_ Je... Je n'en sais rien.

_ Vous interviewez des gens sans savoir ce que vous allez faire de leurs témoignages, constata Séléna. C'est... Particulier comme méthode. Vous ne faites pas de trame ? Est-ce que ça fonctionne ? »

Encore une très bonne interrogation. C'était la première fois qu'il procédait ainsi, et pour le moment, à part trouver des personnages pour le moins intéressants, il n'avait pas obtenu grand chose. Quant à une trame ? Il avait déjà essayé d'en monter une, mais rien ne sortait.

_ Oui et non...soupira-t-il. Il... Il me manque toute l'intrigue.

_ C'est embêtant... »

Ça, il ne leur faisait pas dire. On allait finir par refuser de lui répondre, s'il continuait à questionner les gens sans que ça ne mène à rien. Une vague de désespoir l'envahit. Il n'y arriverait jamais... Son projet n'avançait pas, quoi qu'il fasse. Il n'était qu'un écrivain raté.Après des mois passés à regarder un curseur noir sur un fond blanc, et noircir un carnet, il était incapable de quoi que ce soit. Il avait de quoi remplir des fiches de renseignements pour les services secrets, mais ça s'arrêtait là.

Il soupira, et les filles comprirent que ça n'allait pas fort.

« Vous avez déjà essayé de faire un projet participatif ? proposa Séléna.

_ C'est à dire ?voulut savoir le Britannique, curieux.

_ Pas quelque chose qui se limiterait à demander aux autres leurs noms, âges, domiciles,relations amicales et professionnelles ou encore ce qu'ils ont mangé à midi, non, un moyen pour chacun de raconter une histoire, une anecdote, pour ensuite les relier entre elles ?

_ En faire une sorte de mémoires du village ?

_ Oui ! Ça ne devrait pas non plus être un règlement de comptes, mais vous pourriez regrouper un groupe de volontaire, et monter une sorte« d'atelier d'écriture » ?

_ Ça pourrait se faire« Chez Jean » le dimanche, ou à la bibliothèque en semaine ! s'enthousiasma Lou. Je connais très bien la bibliothécaire, je suis sûre qu'elle approuverait ! Elle adore ce genre de projet ! Et puis, ça permettrait à certains de se mettre à l'écriture, s'ils en ont envie ! »

Andrew réfléchit un instant au projet, à ce qu'il impliquait. C'était réalisable, et très facilement qui plus est. Ça ne demandait pas un grand aménagement, un simple espace avec des bancs et si possible une table pour les plus âgés suffirait. L'idée était excellente, et il sentit l'espoir gonfler sa poitrine.

« Ce serait génial ! Et ça permettrait à chacun de s'exprimer par écrit comme il le fait au café. En réunissant tout... Oui !J'imagine déjà un titre ! « Mémoire d'un village...». Un livre écrit à plusieurs mains.

_ Ou « Chez Jean » ? proposa Séléna.

_ Non je sais ! les coupa Lou. « Chez Jean : mémoire d'un café. »

Tous sourirent, emballés par l'idée. Lou et Séléna s'embrassèrent, et l'écrivain les regarda en ne pouvant s'empêcher de penser qu'on pouvait dire ce qu'on voulait, c'était beau l'amour.



Hellow ! (Note : ce chapitre est publié avant 23h... Applaudissements ?)

Cette fois-ci, on aborde l'homosexualité, et les problèmes d'Andrew concernant son manuscrit. Je sais que le premier sujet est très survolé, et j'en suis désolée, mais je suis partie dans une direction totalement opposée à ce que j'avais prévu... J'espère que vous aimez quand même !

Taquapax
Mamie_grumpy

Chez JeanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant