Chapitre 20

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Jean-Claude, Karina et Sophia était le premier groupe dont on découvrirait les écrits.Ils avaient placé leur sujet durant l'enfance d'Andrew. On allait suivre sa vie actuelle et y insérer des flash-back. Et, dans ce premier retour en arrière, on découvrait ce qui motiverait le héros à rester dans son village, et raconter des histoires à ceux qui passeraient dans le café du coin, plus tard. Tout commencerait par un petit Andrew, qui ne voudrait pas aller parler à une fille dans un parc, sous prétexte qu'elle ne l'inspirait pas, physiquement parlant. Son grand-père, qui l'accompagnerait, lui expliquerait alors de ne jamais juger les personnes sur leurs apparences. Une valeur que le personnage garderait.

Andrew Clive serait un livre où les auteurs, comme les lecteurs, en apprendraient sur eux-mêmes. Alors, Andrew – le vrai, cette fois-ci, pas l'homme de papier – ne fixait aucune contrainte, hormis celle de respecter la trame principale.

Il navigua vers le second îlot, où Simon, Lou et Julian bavardaient. Leur groupe écrivait le deuxième chapitre, chronologiquement parlant. Celui d'une rencontre dans un café – celle entre Andrew,cinquantenaire, et un jeune homme fraîchement débarqué dans son village, qu'il prendrait sous son aile. Il avait été décidé que le nouveau venu, se nommerait Elias, et qu'il proposerait à l'homme de l'aider à raconter des anecdotes sur lui, et le village. Elias resterait cependant un personnage secondaire, qui servirait à lancer le récit, et ainsi, permettrait à Andrew de rechercher dans ses souvenirs, pour construire une histoire. L'arrivant serait de base de passage pour rendre visite à de la famille, et, finalement,resterait un peu pour écouter Andrew mettre des mots sur sa vie.

Tout le livre ne serait en fait qu'une journée durant laquelle Elias écouterait l'homme parler de son existence, parler de ses amis, ses rencontres, des taches d'ombres qui noircissent le tableau de la vie, etc... Comme un journaliste interviewant une célébrité, mais tout cela à travers des chapitres constituant des dialogues ou des souvenirs.

Il était prévu qu'on alterne discussion et flash-back. Chaque chapitre contiendrait un thème principal pré-défini, et une fin déjà préparée, mais tout ce qui se déroulait à l'intérieur demeurait libre.

La machine avançait bien.


Vers quatorze heures, quand chacun eut fini de déjeuner, John se pointa "Chez Jean", comme prévu. Andrew lui avait confié les noms de ceux qui participaient au projet la veille, dans un mail, et un résumé rédigé par lui-même, en attendant d'en trouver un avec tout le monde. Le journaliste arrivait donc avec un aperçu de la couverture sur une clé USB, et tous furent bluffés par la première tentative. Chacun s'amusa à chercher son patronyme, qui apparaissait d'une taille et d'une police différente à chaque fois, mais toujours en doré, encadrant celui d'Andrew, imposant. Au dos, un rectangle blanc se découpait sur le fond noir, et accueillait le résumé du livre. Mais Milo, le neveu de John ne s'était pas contenté d'imaginer une banale couverture flexible. Non. Il avait prévu une jaquette. Aussi, sur le rabat droit, un court article rédigé par John était lisible en dessous d'une photo prise au café, tandis que sur le rabats gauche, une courte biographie d'Andrew, désigné comme « père du projet » s'étalait.

C'était du très beau travail, qui fut reconnu comme tel par toute l'assemblée, le Britannique comprit. Ce dernier en profita d'ailleurs pour faire une annonce concernant sa recherche d'éditeur,et évoqua les affiches visibles dans le village. Cependant, personne ne connaissait d'imprimeur, et, quand c'était le cas, ce n'était que des connaissances. Mais Andrew ne paniqua pas. Après tout, on ne se souciait de l'édition qu'une fois l'ouvrage terminé – sauf en cas de contrat bien sûr, mais la bonne nouvelle était que personne n'avait signé quoi que ce soit. Alors, l'écrivain rassura tout le monde devant l'absence de réponse à sa demande, et affirma qu'il savaient tout leur temps. Puis, il déclara qu'il était temps de se remettre au travail.


« Dis donc Andrew, l'interpella Emilia depuis son comptoir, comment ça se passe ?

_Toujours aussi bien ! sourit l'homme. Tout le monde est motivé et se donne à fond sur son chapitre. Je pense que le plus dur était de former les groupes, et de leur attribuer une partie chacun.

_ Et toi, tu n'écris pas ? C'est pourtant toi l'auteur, à la base.

_ En fait... Je compte rédiger l'épilogue. Mais pour ça, j'attends que tous les chapitres soient écrits, et qu'on en soit aux corrections,pour être sûr que tout concorde bien, et servir au lecteur une bonne conclusion. C'est important qu'il ai une bonne fin, car il n'y a rien de pire que de finir un livre avec un sentiment de « tout ça pour ça ? », ou de déception.

_ Oh que oui, je confirme, approuva la barmaid. On peut donc dire que tuas la tâche la plus compliquée !

_ Je n'irais pas jusque là, tout est important dans une histoire. J'ai simplement le dernier mot de l'intrigue, et ce n'est déjà pas rien ! »



Le soir, Andrew releva sa boîte mail. Déjà, dans l'espoir que quelqu'un l'ai contacté, ensuite, pour savoir si sa tante lui avait répondu. Et si il n'y avait pas de nouvel concernant une imprimerie,il y avait bien un message d'Andréa. Elle était fière de lui, et ce qu'elle avait lu lui plaisait. L'idée était intéressante, et le personnage principal lui paraissait assez humain, avec ses qualités et ses défauts. Elle l'encourageait, et l'incitait à mettre de sa propre expérience dans son ouvrage, comme le faisaient les autres habitants de Saint Laurent. Il sourit. La femme avait toujours été un modèle pour lui, et une figure presque maternelle. Sa mère s'entendait très bien avec sa belle sœur, et cette dernière l'avait souvent gardé, notamment l'été. Il avait passé des vacances entières avec sa tante, et se souvenait de tous ses moments de complicité. Notamment lorsque, le soir, ils dégustaient tous les deux un chocolat chaud et qu'elle lui lisait une histoire. Et à la fin de chacune d'elle, il ajoutait toujours « Un jour, tu liras mes histoires ! ». Cette pensée le rendit nostalgique. Il se replongea dans sa correspondance, et remercia Andréa pour ses conseils. Comme la première fois, il y joignit la suite de ses avancées, et les chapitres qui commençaient à prendre forme. Il signa, éteignit l'ordinateur, et alla se préparer un chocolat, en rajoutant du caramel, comme il avait l'habitude de les boire, étant enfant.



Voila ! J'espère que ce chapitre vous plaît :)

À la prochaine :)

Taquapax

Chez JeanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant